Jérôme Donna
Jérôme Donna

Fête des lumières : "la magie d'une rencontre entre deux artistes et une astrophysicienne"

Jérôme Donna, responsable du service de l’éclairage urbain à la Ville de Lyon et artiste de la Fête des lumières, est l'invité de 6 minutes chrono.

Jérôme Donna et son oeuvre Laniakea font partie des illuminations retenus dans celles qui ont marqué la Fête des lumières depuis 25 ans et qui sont à nouveau présentés au public de ce jeudi au dimanche 8 décembre. "Cette oeuvre a été la magie d'une rencontre entre deux artistes et une astrophysicienne qui a découvert Laniakea, une cartographie de l'Univers", explique l'artiste qui participe à sa 20ème Fête des lumières. Son illumination retravaillée dix ans après sa première diffusion est visible place Antonin Poncet.

Toute l'année Jérôme Donna oeuvre à la direction de l'éclairage urbain de la Ville de Lyon en parallèle de ces nombreuses participations à la Fête des lumières et revient sur l'héritage du festival au quotidien : "on se sert d'installations pour faire des tests. On a fait pas mal de projets sur des passages sous les voies ferrées par exemple. C'est né d'un projet que j'avais sous Perrache".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Jérôme Donna

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Jérôme Donna. Vous vous travaillez à la ville de Lyon, vous êtes à la direction de l'éclairage urbain, on vous a invité ici parce que vous allez présenter comme souvent une oeuvre pour cette 25e édition, c'est une oeuvre anniversaire puisqu'en gros il y a 6 oeuvres qui ont été retenues, qui ont marqué l'histoire de la fête des Lumières du 8 décembre dans cette version festival son et lumière, qui reviennent dont la vôtre, Laniakea. Quand on est un artiste, ça procure quelle émotion d'être invité à revenir projeter une oeuvre, est-ce qu'on peut se dire c'est un peu un signe que ça a marqué le public ?


Je vais dire que c'est un signe que ça a marqué le public, alors moi j'ai un peu la chance de créer une oeuvre chaque année à la fête des Lumières, donc je reviens quasiment chaque année, je dois en être peut-être à quasiment la 20e création pour la fête.


Ça fait 20 ans que vous êtes à la direction de l'éclairage public, donc quasiment 20 oeuvres ?

Oui quasiment 20 oeuvres, il y a eu des années où les événements ont fait qu'on et puis il y a des années où j'en ai fait deux, donc j'ai dû en faire 20, j'ai pas compté mais c'est autour de 20.


Qu'est-ce qu'elle a de particulier celle-ci, Laniakea, qui sera projetée place Antonin Poncet dans le deuxième ?


Alors comme vous l'avez dit, c'est une oeuvre qui a 10 ans, elle a de particulier c'est que ça a surtout été la magie d'une rencontre entre deux artistes à l'époque, moi et mon collègue Simon qui m'accompagnait dans la co-création, qui n'est plus dans l'équipe maintenant, et la rencontre avec une astrophysicienne qui s'appelle Hélène Courtois et qui a, elle, mis au grand jour la découverte Laniakea. Cette découverte, c'est une cartographie de l'univers qui avait à l'époque jamais été atteinte en termes de dimensions, et elle faisait partie de l'équipe qui a communiqué et qui a mesuré, qui a mis au grand jour cette oeuvre. Donc c'était magique pour nous artistes, parce que nous on a donné ce nom-là parce qu'on voulait faire une oeuvre qui parlait de l'univers, qui parlait des étoiles, et en même temps, quand on crée au mois d'août, sort dans la revue Nature, et puis dans différentes émissions, le groupe d'astrophysiciens qui ont fait cette découverte.


Mais cette astrophysicienne est lyonnaise en plus ?


Hélène Courtois, elle est lyonnaise, elle enseigne à Lyon 1, à l'INP2I.

Et elle vous aide pour la réalisation de l'œuvre ?


Justement, ce qui a été magique, c'est qu'il y a 10 ans, on l'a rencontrée tardivement, mais on lui a présenté notre oeuvre, elle en avait entendu parler. D'ailleurs, elle était un peu interrogative au début, pourquoi deux petits artistes mettent le même nom. Et puis après, bien sûr, elle est devenue la marine parce qu'elle nous a fourni toutes les images des télescopes à travers le monde pour agrémenter notre mapping sur le projet.


Parce que ces 1100 étoiles de cette voie lactée, elles sont projetées sur le sol, mais aussi sur un bâtiment ?


Oui, l'installation est composée de 2 strates, il y a au sol 1000 sphères qui représentent pour nous 1000 étoiles, un amas d'étoiles qui représentent une C'est accompagné d'un mapping sur la grande barre d'immeubles et on joue sur un mélange entre les sphères en lumière qui représentent des étoiles qui dansent, qui vont évoluer sur la façade, et les images qui projettent aussi les vraies galaxies qu'on peut voir au-dessus de notre tête, mais avec des outils adaptés.


Est-ce que vous l'avez retravaillé, puisqu'il y a pas mal d'oeuvres anniversaires qui ont été un petit peu modifiées, soit un lifting, soit carrément une reprise du projet. Vous, vous avez opté pour quelle approche ?


Nous on l'a vraiment retravaillé, parce que déjà depuis 10 ans la découverte scientifique a évolué, donc ils ont été beaucoup plus loin dans leurs recherches, plus d'étoiles, surtout plus de galaxies, donc du coup moi j'ai voulu adapter le propos et le mapping à l'avancée des découvertes, et puis j'ai fait évoluer aussi la scénographie au sol, maintenant, avant on était sur une trame un peu rectangulaire, maintenant on est vraiment sur une demi-galaxie en forme de 2001, qui se répond directement au mapping qui est sur un demi-Oculus, donc il y a un dialogue différent par rapport à 2014, et ça c'est dû au fait que cette oeuvre on l'a déjà exportée, je l'ai jouée il y a quelques années à Quito, en Équateur, pour une édition de la Fête des Lumières, leur première Fête des Lumières, et je l'ai aussi jouée à Genève, dans différents lieux, dans différentes configurations, et j'ai pu changer un peu la scénographie, donc là c'est une nouvelle scénographie dédiée à Laniakéa Horizon 2024.


Vous êtes vous à la direction de l'éclairage urbain, la Fête des Lumières c'est une activité à temps plein toute l'année, ou vous avez aussi un rôle dans l'éclairage public plus classique ?


Alors non, moi la Fête des Lumières c'est la petite cerise sur le gâteau à la fin de l'année, ou c'est la grosse énergie à la fin de l'année. Sauf que c'est la prime de Noël, c'est l'énergie de Noël surtout, et moi mon quotidien c'est de mettre en lumière la ville, c'est à dire la mise en valeur du patrimoine, des monuments, des espaces publics, des parcs, et en fait j'ai un rôle à la direction qui est plutôt sur le volet artistique.


Et il reste des choses après de cette Fête des Lumières dans l'éclairage au quotidien ? Est-ce qu'il y a finalement un héritage Fête des Lumières qui peut se lire chaque année ou de temps en temps sur l'éclairage public au quotidien, classique ?


Alors effectivement on se sert des fois d'installations pour faire des tests, notamment pour certaines scénographies dans des lieux particuliers. On a récemment fait pas mal de projets sous les passages, sous les voies ferrées. C'est des lieux qui de nuit sont pas forcément les plus agréables, et là il y a au moins 7-8 projets sur Lyon où on a fait des mises en lumière très particulières. Moi j'en ai fait une sur la voûte Delandine par exemple, un travail très graphique à base de rails de lumière. J'en ai fait une autre sur la voûte Yves Farge, et puis après il y a d'autres concepteurs de lumière qui ont fait des projets autour des voûtes. Et c'est né d'un projet que j'avais fait en 2012 sous Perrache, et maintenant c'est devenu une voie piétonne. A l'époque c'était un tunnel routier, et il n'y avait pas de réelle liaison piétonne facile entre Carnot et la confluence, et ce projet-là a en tout cas donné l'envie politique d'en créer un espace plutôt piéton, et maintenant il y a une voûte piétonne avec des abajours et une ambiance lumineuse particulière. Donc ça peut être des tests effectivement pour l'éclairage urbain. Par exemple le palais de justice que j'ai éclairé, les palais des 24 colonnes, quand je l'ai conçu, je l'ai conçu pour faire une oeuvre statique et faire un beau tableau lumineux pour révéler au mieux le patrimoine, une sorte de lumière académique. c'est pas faire oeuvre de concept mais faire bien rendre le bâtiment. Mais par contre j'ai proposé de le mettre en quadricomie, ce qui fait qu'à chaque fois qu'il était utilisé dans la scénographie de la colline de Fourvière, les artistes venaient, prenaient la main sur l'installation et le repeignaient comme ils voulaient. Mais il n'y a pas une nouvelle installation qui était faite pour la faite des lumières. Donc on fait des tests aussi.

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