L'avocate de la quarantaine de Roms qui occupent le terrain vague de la Feyssine, près du campus de la Doua à Villeurbanne depuis début juin a obtenu le renvoi de l'audience en référé au 12 septembre ce lundi. Un délai qui ne laisse guère de doute quand à l'issue du jugement.
Ils sont venus à une vingtaine, assis en rangs d'oignons sur les bancs du tribunal de grande instance ce lundi lorsque leur avocate, Nathalie Péquignot, s'est présentée à 14h devant le juge pour défendre leurs intérêts. Les représentants de trente-neuf adultes et une vingtaine d'enfants originaires du nord de la Roumanie, tous issus du même village, qui ont élu domicile, depuis début juin sur un terrain vague, "une dépendance de la voie routière appartenant au Grand Lyon", rue de la Feyssine à Villeurbanne entre le campus de la Doua et le périphérique Laurent Bonnevay (voir ici).
Après avoir entendu les deux parties, le juge a estimé que l'avocate des Roms rentrée de vacances ce lundi avait besoin d'un délai supplémentaire pour préparer la défense de ses clients. L'avocat du Grand-Lyon qui avait attaqué en référé le 5 août l'occupation de son terrain n'a pas semblé surpris de cette décision. Néanmoins peu de doute subsiste quand à l'issue de l'audience en référé renvoyée au 12 septembre à 15h30. Seul le délai qui sera accordé au Roms pour se reloger fait encore débat. "Un délai qui peut-être très variable" selon André Gachet, fondateur de l'Alpil (Action pour l'insertion par le logement) présent au tribunal ce lundi.
Une chose est sûre, le 12 septembre, l'avocat du Grand-Lyon, Me Samuel Becquet, tentera par tous les moyens de raccourcir au maximum le délai accordé par le juge. Il appuiera pour ce faire sur "la dangerosité du terrain séparé du périphérique par un mur de 50 cm seulement". Le conseil du Grand-Lyon reviendra également sur "des considérations de salubrité publique" en faisant valoir que "des ordures s'amoncellent à proximité du terrain".
Au contraire, les défenseurs des Roms mettent en avant la propreté "des petites cabanes" construites par les Roms, "il y en a même une qui ressemble à un petit chalet" selon une militante de l'association CLASSES. Des latrines ont été installées affirme l'Alpil et Rosalina, porte-parole des Roms, assure que les déchets sont consciencieusement regroupés et évacués vers les conteneurs à poubelle à proximité. Enfin, les Roms qui occupent le terrain s'entendent très bien, ce qui renforce selon Rosalina la cohésion et l'organisation des tâches sur le terrain. Ils logeaient précédemment dans un squat à Vénissieux qui a brûlé en mai dernier (lire par ailleurs), ce qui les a obligés à déménager.
Quand à l'avenir des Roms après le 12 septembre prochain, Rosalina affirme qu'ils n'accepteront pas l'aide au retour que ne manqueront pas de leur proposer les représentants de l'OFII (Office français d'intégration et d'immigration). Ils souhaitent plutôt s'intégrer en France et continuer à y scolariser leurs enfants (une dizaine sur vingt sont inscrits dans les écoles du Grand-Lyon depuis janvier dernier). André Gachet, représentant de la Fédération Européenne des Associations Nationales travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA) n'est pas étonné. Il désespère de connaître leurs visages depuis maintenant "trois générations" à Lyon. Il aimerait qu'avec "l'ouverture récente des fonds européen (Feder) aux populations sans-abri de l'Union, des projets sortent un jour de terre dans le Grand-Lyon, y compris pour les Roms".