Un quart des maisons du Rhône sont concernées par les fissures liées aux sécheresses. Tout annonce que le phénomène va s’amplifier à l’avenir, au grand dam des assureurs. Comment anticiper ? Que faut-il savoir pour ne pas se faire piéger ? Lyon Capitale répond.
Les cigales sont bien les seules à chanter. Tout le monde suffoque dans l’air brûlant de l’été caniculaire de ce village du Beaujolais où il n’a pas plu depuis plus d’un mois. Les fortes chaleurs sont maintenant récurrentes pour ce pays de vignes, anciennement habitué aux saisons pluvieuses. Sous le soleil implacable de juillet, le sol se craquelle et les murs des maisons récentes se lézardent d’inquiétantes fissures. Les édifices sont nombreux à ne pas résister à cette sécheresse estivale. Françoise P., propriétaire d’une maison construite en 2000, n’est pas certaine de voir un jour sa propriété réparée : “Notre maison est invendable en l’état. Nous sommes en pleine procédure judiciaire pour obtenir une indemnisation de notre assureur qui ne reconnaît pas notre sinistre comme lié à la sécheresse. C’est un véritable enfer. On a peur pour notre sécurité. Les fissures, très légères au début, font maintenant plusieurs centimètres et sont sur quasiment tous les murs et plafonds.”
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Une situation intenable que partagent la plupart des sinistrés de la sécheresse : “Neuf dossiers sur dix sont clôturés par l’assurance si vous n’êtes pas accompagné”, signale Hélène Niktas, des Oubliés de la canicule. L’association se bat pour que les propriétaires de maisons fissurées soient correctement indemnisés.
54 % des maisons en France
Encore circoncise au sud du pays jusqu’au début des années 2000, la question des impacts des sécheresses sur les habitations concerne aujourd’hui tout le territoire national. À cause de ces sécheresses, l’humidité du sol varie fortement et provoque des mouvements de terrain qui font bouger les maisons jusqu’à les fissurer (voir encadré). Aussi appelé “retrait-gonflement des argiles” (RGA), le phénomène soulève des enjeux majeurs pour le futur : 54 % des maisons individuelles françaises, 10 millions au total, sont exposées au RGA à cause des sécheresses, d’après le site du ministère de l’Écologie. Dans le Rhône, le taux descend à une maison sur quatre, mais la tendance est à la hausse, tout comme le nombre de jours de vagues de chaleur, passé de trois par an en 2000 à douze en 2020. “Sur les vingt dernières années, six des neuf années les plus sinistrées sont après 2015”, souligne France Assureurs. Résultat, si rien n’est fait d’ici 2050, la facture des réparations pourrait tripler par rapport aux trente dernières années, annoncent les assureurs.
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