EXCLUSIF - L’ancien membre actif de Forsane Alizza, Baroudi Bouzid, qui aurait projeté de kidnapper le juge d'instruction lyonnais Albert Lévy a été condamné en 2010 pour privation de soins. La protection de l'enfance lui avait retiré ses enfants. Il aurait pu vouloir se venger de l'institution judiciaire. Une vidéo diffusée sur l'ancien site Internet de Forsane Alizza reste en tout cas prédictive de ses intentions.
Parmi les dix-sept salafistes révolutionnaires de Forsane Alizza placés en garde à vue, dans le cadre du coup de filet de vendredi 30 mars, un militant de Givors de 49 ans, Baroudi Bouzid, projetait le rapt du juge d'instruction lyonnais Albert Lévy qui venait de terminer une enquête le concernant. Les perquisitions effectuées à son domicile ont permis d'établir que cet ancien Imam, connu sous le nom religieux de Abou Abdillahi Ahmed, aurait loué une villa et serait lourdement armé. Un rebondissement qui vient contredire l'ancien porte-parole du groupuscule qui, par voix interposée, avait réfuté dimanche 1er avril ces accusations.
Faut-il voir dans son projet d'enlèvement la marque d'une vengeance à l'égard de l'acharnement de la justice contre sa famille ? Forsane Alizza avait tourné en 2011 un reportage de plus d'une heure sur ce dossier judiciaire que Mohamed Achamlane, leader de Forsane Alizza, avait qualifié de "plus grande affaire d'islamophobie et d'injustice". Intitulé "Un œil dans la tourmente" et mise en ligne sur son ancien site Internet, en maintenance depuis le 22 mars, la vidéo faisait état du ressentiment de Baroudi Bouzid contre l'institution judiciaire lyonnaise et les services médico-sociaux, tout en se proposant d'apporter des "témoignages accablants". Elle est toujours disponible, en trois parties, sur les plate-formes de Youtube ou Dailymotion.
"Kidnappés" par la protection de l'enfance
La vidéo − où on peut le voir en compagnie du leader de Forsane Alizza − dénonce ouvertement la légalité de la procédure judiciaire. Elle met en cause la responsabilité des médecins qui n'auraient pas détecté de maladie chez ses enfants, stigmatisant "un mode de vie : famille musulmane intégriste". Un certificat médical antérieur, datant de 2002, témoigne du caractère chronique et congénital de la maladie osseuse de ses enfants.
C'est en 2005, quand les services pointent la maltraitance, que le manquement à l'obligation scolaire est signalé par les services sociaux. "Il est rapidement devenu l'homme à abattre. Ne voulant pas se plier aux exigences des ennemis de l'Islam, la machination s'est mise en place : détruire sa famille et faire pression par ce moyen", selon Forsane Alizza. Ses enfants ont alors été "kidnappés" par la protection de l'enfance. "Des lâches : au lieu de s'en prendre à moi, ils se sont acharnés sur ma femme malade et mes enfants", déplore Baroudi Bouzid. On connaît la suite : une vendetta personnelle contre le juge Albert Lévy, que Forsane Alizza aurait pu encourager ou instrumentaliser au titre de son appel à la lutte armée.