La Vallée de la chimie, au sud de Lyon, est le théâtre pendant 72 heures d’un exercice grandeur nature visant à tester la coopération européenne en matière de lutte contre une catastrophe chimique d’ampleur. Un moyen de resserrer les liens avec les industriels.
Le ballet des véhicules de secours ne se tarit pas depuis le début de la semaine au coeur de la Vallée de la chimie. Et pour cause, la très forte tempête arrivée samedi 25 février sur le département du Rhône a fait des dégâts, laissant dans son sillage plusieurs morts, des centaines de blessés, des bâtiments abîmés et plusieurs sites classés Seveso face à des fuites de produits toxiques. Dépassés, les services de secours français ont dû faire appel à leurs homologues de la protection civile européenne.
Imaginé par les équipes du Service départemental-métropolitain d'incendie et de secours (SDMIS), ce scénario catastrophe tient lieu de terrain de jeux à plusieurs centaines de pompiers français, allemands, roumains et italiens. Depuis 72 heures, dans des conditions proches de la réalité, les équipes de "joueurs" sont notamment intervenues à la raffinerie Total de Feyzin pour stopper une fuite de produits chimiques et sur le site de Rhonatrans, à Solaize, pour contenir une fuite de produits toxiques et éviter une contamination du Rhône situé à proximité.
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10 sites Séveso ouverts
Au total, dix entreprises classées Séveso ont accepté de jouer le jeu en ouvrant leurs portes aux équipes de la sécurité civile, au terme d’un travail de préparation de plusieurs mois pour rendre le scénario de catastrophe "cohérent, crédible et réaliste", confie le capitaine Rigal du SDMIS. "Chaque site nous permet de pouvoir travailler sur des familles de produits chimiques différents", précise le contrôleur général du SDMIS, Emmanuel Clavaud, présent ce jeudi matin sur le site de Rhonatrans.
"L’intérêt c’est d’être sûr que le jour où il y a un vrai désastre les équipes soient bien préparées et puissent répondre de manière efficace à la crise"
Donattella Salvi, membre de la direction générale de la Commission européenne pour la protection civile et les opérations humanitaires
Spécialisée dans le transport de matières dangereuses, l’entreprise installée à deux pas du pont de Vernaison profite de cet exercice pour parfaire sa réponse en cas d’accident chimique. "La sécurité fait partie de notre ADN, mais cet exercice nous permet de nous entraîner et d’échanger sur les bonnes pratiques avec les équipes de la Sécurité civile", reconnaît Claire Majoux, la directrice de l’entreprise. "Cela permet vraiment de sensibiliser toutes les entreprises, car la sécurité se travaille d’abord au sein même des entreprises", appuie Fabienne Buccio, la préfète du Rhône.
Une coopération indispensable
Une coopération essentielle pour les sapeurs-pompiers du SDMIS, qui profitent donc de ces quelques jours pour renforcer les liens avec les industriels de la Vallée de la Chimie. "On ne peut pas être performants si l’on ne se connaît pas", insiste Emmanuel Clavaud. Organisé pour la première fois dans l’agglomération lyonnaise, l’exercice visant à préparer les équipes à des interventions en situation de crise est déjà présenté comme "ayant plutôt bien fonctionné".
"Durant 72 heures nous avons travaillé sur des sites industriels classés Seveso avec des conditions d’exploitations maintenues, nous étions au plus proche du réel"
Emmanuel Clavaud contrôleur général du SDMIS
En poste en Gironde lors des incendies qui ont ravagé l’ouest de la France l’été dernier, Fabienne Buccio a pu témoigner ce matin de l’importance de cette coopération européenne, dont elle voit déjà les évolutions. "Nous avons tiré les bénéfices de l’expérience vécue il y a six mois et je note déjà que des choses ont été adaptées en fonction des retours de terrain, notamment au niveau des communications", souligne l’ancienne préfète de Gironde.
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