Fusion Lyon-Villeurbanne : un débat qui rebondit sur le net

Pour nombre d'internautes, il faut revoir les frontières de Lyon pour asseoir son ambition européenne (Article paru dans le numéro de Juin de Lyon Capitale)

La pétition, mise en ligne le 21 janvier 2009, n'a recueilli que 109 signatures. Mais le débat hante à échéance régulière le Web où l'on ressasse les mêmes arguments. "La Ville de Lyon, actuellement 3e commune de France avec 472 305 habitants et 2e agglomération française avec environ 1,5 millions d'habitants souffre de la petitesse de son territoire. Elle s'étend sur moins de 48 km? alors qu'une ville comme Toulouse a une surface de plus de 118 km2 pour presque le même nombre d'habitants", expose le pétitionnaire anonyme.

"Ce morcellement empêche Lyon d'avoir le rayonnement qui correspond à son rang de 2e agglomération", poursuit-il. Avant de conclure, solennel : "Nous
demandons aux maires de Lyon, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Vénissieux et Oullins d'organiser un référendum concernant la fusion de ces communes, afin de créer une commune unique à 13 arrondissements".

Et même une agglo Lyon-Saint-Etienne !
Ce débat rebondit notamment du fait des ambitions européennes de Lyon. Comment celle-ci, avec 472 000 habitants, peut-elle peser face à Barcelone, le modèle de Collomb, qui en compte 1 606 000 ? Pour les internautes, plutôt que de renoncer à cet auguste dessein, il faut s'interroger sur la taille réelle de la ville. Ils préconisent tout à la fois d'élargir son périmètre ainsi que celui de l'agglomération. Et chacun d'y aller de son coup de crayon sur un coin de table pour redessiner Lyon, l'agglomération, les départements et même les arrondissements.

Selon Dimitri, "plusieurs villes européennes ont fusionné leur communes périphériques pour avoir une meilleure lisibilité auprès des investisseurs internationaux" . Il préconise l'affirmation d'une région urbaine de 2,6 millions d'habitants englobant les territoires limitrophes du Nord Isère, de l'Ain, du Rhône et de la Loire. "Lyon et Saint-Etienne doivent faire partie de la même agglomération", soutient-il. "Mon rêve absolu serait de traverser la Place Charles Hernu et de me dire que je suis encore à Lyon", confie Benoil . Ces suggestions s'appuient sur la géographie : Lyon et Villeurbanne ne sont séparées par aucune frontière évidente. Celle que compte Lyon sur son flanc est le périphérique, or Villeurbanne est à l'intérieur...
Comment Lyon a tenté d'annexer Villeurbanne
Il y a pourtant peu de chance que ces Internautes soient entendus : le débat est clos depuis longtemps. Par le passé,
Lyon a cependant tenté d'annexer Villeurbanne. La question s'est posée en 1852, alors que la Guillotière, Vaise et la Croix-Rousse intègrent la ville centre. Le sujet est même franchement à l'ordre du jour en 1903, quand Jean-Victor Augagneur, dernier maire socialiste de Lyon avant Collomb, rédige un décret de rattachement d'une zone comprenant la quasi-totalité de Villeurbanne, une partie de Saint-Fons, Caluire et de Vénissieux. Ce sont le maire Jules Grandclément et le député Francis de Pressensé, eux-aussi socialistes, qui firent échouer la démarche. Ainsi que le départ précipité d'Augagneur pour Madagascar où il devint gouverneur. Traumatisée par cette menace, Villeurbanne s'est depuis dotée des Gratte-ciel, tout à la fois comme force centripète susceptible d'unifier ses différents quartiers et comme contre-poids à la Presqu'Île. Mais le sujet reste sensible : "lorsque Michel Noir fait appeler la communauté urbaine "Grand Lyon" au lieu de Courly, cela a été perçu comme une nouvelle tentation hégémonique", relate le maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret.
Agglomération, alternative à l'annexion ?
Héritage de cette histoire, "on a considéré que la spécificité lyonnaise (au contraire de Marseille) était de suivre la logique de l'agglomération plus que celle de l'annexion, raconte Solko sur son site. Les Lyonnais ont dû se résoudre à ce que Marseille devînt la deuxième ville de France (vieux débat) en avalant toutes ses banlieues, tandis que Lyon formait la deuxième agglomération urbaine en conservant les siennes". Toutefois, ce débat autour de la fusion Lyon-Villeurbanne révèle que l'intégration intercommunale n'est pas satisfaisante aux yeux de certains. "Une communauté urbaine, aussi puissante soit-elle, fonctionne toujours moins bien qu'un ensemble d'arrondissements qui forment une seule et même ville ", estime Benoil.
Adjoint au 7e arrondissement, Romain Blachier peste contre "l'esprit de clocher" qui prévaut et ne cache pas sa préférence pour la fusion des deux villes et même au-delà - "La Mulatière, insérée au cœur du 5e, est une aberration", soutient-il. Selon lui, Villeurbanne pourrait constituer les 10 et 11e arrondissements lyonnais. "Cette question est-elle toujours actuelle avec le Grand Lyon ? La communauté urbaine la plus puissante de France de par ses compétences ne dépasse-t-elle pas ces questions ?", s'interroge-t-il sur son blog.

"On peut poser la question à l'envers, répond-il malicieusement. Quelle est l'utilité de garder deux villes distinctes alors que la plupart des compétences sont mutualisées et qu'un simple panneau marque l'entrée ou la sortie des deux villes ? Il est possible aux Croix-Roussiens, aux Guillotins et aux Gerlandais de vivre avec leurs particularismes au sein de la Ville de Lyon..."

Lire aussi : Jean-Paul Bret : on ne vit pas mieux dans une commune immense'

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