Mais très éloigné des thèmes portant sur l'homoparentalité, l'adoption et le mariage, ce mot d'ordre a suscité une polémique, " un dialogue de sourds ", diront certains, au sein des acteurs du cortège. Les patrons de l'UC, du FG bar, du FG club, mais aussi du Cap Opéra, établissements emblématiques pour la communauté homosexuelle lyonnaise et habitués à être représentés par un char chaque année, estiment en effet que " la transphobie n'est pas une problématique suffisamment englobante ". Cette réticence n'a pas plu à la tête de la LGBT lyonnaise. " Les gays ne sont pas là uniquement pour dépenser leur argent dans les bars après le défilé, s'insurge David Souvestre, président de l'association. C'est un événement festif mais il est avant tout politique et revendicatif. On ne va pas prostituer nos valeurs pour des bars ". Aussi ces derniers ont-ils été exclus du défilé, sans autre forme de procès.
" A quand l'égalité? "
La transidentité ne serait pas un thème très vendeur. Fabien Tourniaire, patron de deux établissements lesbiens estampillés FG, et du club l'UC, tempère : " nous avons voulu ouvrir le débat, mais sûrement pas pour des raisons commerciales. Je n'ai absolument rien contre les transsexuels. Il faut savoir que chez mes clients, ce mot d'ordre interroge beaucoup aussi. Certains n'aiment pas les transsexuels, peut-être, mais il y en a surtout beaucoup qui le trouvent, comme moi, trop réducteur. " Cette année, la marche des fiertés lesbienne, gay, bi et trans fêtera ses 40 ans mais ne comptera donc que six chars au lieu de sept à Lyon, sans trois des enseignes les plus connues de la ville. " Je ne comprends pas qu'on revienne sur ce mot d'ordre, poursuit David Souvestre, les personnes transsexuelles ont toujours défilé aux côtés des gays pour les soutenir, on peut pour une fois faire l'inverse ! " A Paris, le slogan " A quand l'égalité ? " restera, lui, sur les questions relatives au couple homosexuel. " On n'est pas obligés d'avoir le même mot d'ordre dans toutes les villes, qui se fédèrent seulement quand il y a un enjeu politique avec une échéance législative ", précise David Souvestre. Mais Fabien Tourniaire reste amer. " C'est dommage parce qu'on aurait participé au défilé malgré le maintien du mot d'ordre, mais ça s'est tellement mal passé qu'il n'y a plus eu moyen de revenir là-dessus ", regrette-t-il. Les bars exclus vont pour autant ouvrir leurs portes le soir de la Gay Pride, et le personnel devrait arborer des t-shirts floqués de l'inscription " Il est interdit d'interdire ".
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