Le trajet de la marche des fiertés sera plus court mais passera sur les quais de Saône côté Vieux-Lyon. Une victoire pour l'association organisatrice qui avait poussé les portes du tribunal administratif pour s'opposer à la préfecture l'année passée, estimant que cette dernière leur "interdisait le passage" en raison de la présence de groupuscules d'extrême droite.
600 mètres de moins pour un acte symbolique. Ce jeudi, un compromis a été trouvé entre l'association Lesbian et Gay pride de Lyon et la préfecture. Le trajet de la 23e marche de fiertés a été modifié pour passer sur les quais de Saône côté Vieux Lyon. L'année dernière, la préfecture n'a pas accédé à la demande de l'association d'y manifester pour des raisons de sécurité. Depuis la mise en place de l'Etat d'urgence en 2015, aucun trajet de manifestation n'est autorisé à passer par le Vieux Lyon, un quartier principalement fait de ruelles dans lequel assurer la sécurité d'un défilé de plusieurs milliers de personnes est difficilement envisageable. En cas d'urgence, l'espace d'expansion n'est tout simplement pas suffisant. Même avec un passage limité aux quais, la préfecture avait estimé que la longueur de la marche et le nombre de chars aurait pu bloquer le passage de deux ponts en même temps : une éventualité qui n'était pas souhaitée en plein Etat d'urgence.
Mais l'argument est jugé jusqu'ici "fallacieux" par le président de l'association LPG de Lyon, David Souvestre, qui dénonçait une sorte de caution de la part des services publics de l'implantation de locaux de groupuscules d'extrême droite dans le quartier. À travers des communiqués, l'association rappelait que "La Manif pour tous" avait pu défiler dans le Vieux Lyon...en 2014, soit avant la mise en place de l'Etat d'urgence. L'année dernière, l'association LGP a transformé ce combat "politique et médiatique" en combat "juridique". L'association avait ainsi contesté la décision de la préfecture concernant le trajet de la marche 2017. Mais le tribunal administratif a récemment statué en faveur de la décision préfectorale, ce qui a provoqué l'ire de l'organisation, dénonçant une décision "politique" prise "au détriment de la liberté fondamentale de manifester". L'association y voyait carrément une "volonté de ne pas désavouer l’Etat et l'interdiction de toute manifestation progressiste dans le fief des fachos !".
Mais pour le 16 juin prochain : l'Etat d'urgence n'est plus et un compromis a été trouvé. La marche sera plus courte et pourra notamment défiler entre les ponts Bonaparte et Alphonse Juin. "À la préfecture, ils n'ont jamais évoqué clairement le problème de l'extrême droite dans le Vieux-Lyon. Mais cette année, ils ont évoqué la présence de groupuscules", précise David Souvestre, le président. "Il y a certes 600 mètres de marche en moins, mais cela vaut le coup, poursuit-il. "Pour nous, le passage dans le 5e arrondissement est plus important en terme de symbole et de message politique. C'est une victoire car ça fait plusieurs années que l'on bataille. C'est d'ailleurs une victoire collective qui n'aurait pas pu arriver sans que d'autres organisations se soient saisies du sujet. Je pense notamment au collectif Fermons le Pavillon noir créé à la fin de l'année 2017 , au collectif de vigilance contre l'extrême droite et aux mouvements antifascistes de Lyon qui s'en sont pris plein la figure, notamment avec une agression physique lors d'un concert en mars dernier" conclut-il.