Le géant Total pourrait reprendre ses recherches de gaz de schiste dans une partie de la région suite à une décision de justice. Sans pouvoir changer cette décision, l'équipe de Laurent Wauquiez affiche leur opposition à l'exploitation du gaz de schiste.
Le 28 janvier dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé l'abrogation du permis d'exploration dit "de Montélimar". En clair, le géant Total est autorisé à reprendre ses recherches de gaz de schiste. Ce permis lui permet de jouir d'un droit d'exploration hydraulique dans un secteur large qui comprend notamment une partie de l'Ardèche et de la Drôme. Cette décision a provoqué hier une manifestation majeure dans un autre département concerné : le Gard. La mobilisation était organisée par le collectif ardéchois "Stop Gaz de schiste". Si la région Auvergne Rhône Alpes n'a pas les compétences pour faire annuler une telle décision de justice, sa "réserve sur le gaz de schiste à un sens fort" selon Eric Fournier, vice président à l'environnement et à l'énergie de la région.
"La sémantique c'est bien, mais il faut dire les choses clairement"
Eric Fournier l'affirme, Laurent Wauquiez et son vice-président sont contre l'exploitation du gaz de schiste, mais il ne s'agit pas ici d'exploitation, mais d'exploration, une histoire de sémantique pour le vice-président à l'environnement et à l'énergie : "la sémantique je veux bien, mais il faut le dire clairement, même l'exploration se fait sur la base de techniques préoccupantes susceptibles d'avoir des impacts sur le sol, sur l'eau et sur l'agriculture. On ne peut pas comparer notre territoire avec l'Amérique du Nord". Selon lui, "le poids que pourra mettre la région dans le débat actuel sur l'énergie est à considérer", même si la Région Auvergne Rhône Alpes ne pourra pas empêcher Total de faire ses explorations.
La nécessité d'une posture claire sur l'énergie
En selle depuis deux mois maintenant, les élus de la région n'ont pas encore déterminé de position commune sur tous les types d'énergie, en dehors de l'opposition apparemment partagée au gaz de schiste. Pour Eric Fournier, "il faut un débat objectif et rationnel sur les plus et les moins du mix énergétique de la région pour avoir des positions claires sur le nucléaire, sur l'éolien, etc..." Un positionnement politique qui semble nécessaire pendant le mandat : les quatre centrales nucléaires de la région ont entre 20 et 30 ans d'ancienneté, toute disposée autour du Rhône, une zone sismique modérée. Pour rappel, la durée de vie d'une centrale nucléaire serait de 40 ans. L'énergie éolienne, malgré son large développement, suscite encore le débat quand à ses performances.
Actions concrètes de transition et recherche d'innovations
Avec une enveloppe budgétaire de 30 à 35 millions d'euros par an pour l'environnement et l’énergie : la région ne pourra pas non plus engager une révolution. À titre de comparaison, le budget total de la région pour l'année 2015 était de 2,48 milliards d'euros. La stratégie de Laurent Wauquiez est plutôt de soutenir des actions concrètes de transition énergétique, comme par exemple le développement de petites unités de production hydraulique en montagne. Ces actions seront favorisées par rapport à certains soutiens anciens de réseaux existants. L'idée est aussi de partir à la recherche des innovations en terme d'énergie, de les tester, pour ensuite les porter vers le stade d'industrialisation.