Rarement un chef (Georges Blanc) et un village (Vonnas) ont été aussi étroitement liés. Une histoire qui remonte à la fin du XIXe siècle, dans une modeste auberge installée près du champ de foire d'antan, et qui se poursuit aujourd'hui sur plus de six hectares.
« Vonnas et Georges Blanc, c'est bonnet blanc et bonnet blanc », la formule de Bernard Pivot sonne tellement juste qu'on la reprise à notre compte. Difficile en effet de dissocier les deux tant ils se sont agrégés et qu'ils sont à jamais fusionnels. C'est un peu comme si on amputait la Bresse de ses poulets, il y aurait comme qui dirait une coquille. D'ailleurs, dans le coin, c'est bien simple : tu aimes la volaille ou tu la quittes. Et Georges Blanc, comme sa mère et sa grand-mère l'ont été avant lui, est un très ardent défenseur de la volaille de Bresse. Il préside, du reste, aux destinées des sémillantes gallinacées depuis près de trente ans, au sein du très sérieux Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse – qui défend la seule AOC galliforme du monde connu et moins connu.
Bref, Georges Blanc est un Bressan 100% pur sang. Ses ancêtres ont tellement essaimé qu'un hameau de Marboz, village voisin de Vonnas, porte le nom de la dynastie familiale – le hameau des Blancs d'en Haut. Des Blanc qui travaillent à la ferme, avant de devenir laboureurs ou grangers, et fermiers à leur compte.
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Saga à Vonnas
Le premier qui commença à écrire la saga des Blanc se dénommait Jean-Louis. Il débarqua à Vonnas, accompagné de son épouse, on était en 1872. Le couple s'installa près du Champ de Foire et ouvrit une auberge. Les premières ouailles étaient les coquetiers qui venaient au marché, alors réputé dans tout le département, en voiture à cheval et se rassasiaient d'une soupe et d'un copieux case-croûte. « La soupe était bonne et le bruit se répandit de marché en marché » explique Georges Blanc. En 1902, le fils succéda à ses parents. Il épousa Élisa Gervais, qui allait devenir une trentaine d'années plus tard, la célèbre « Mère Blanc » que Curnonsky, « prince élu des gastronomes », baptisa « meilleure cuisinière du monde ». Ni plus ni moins. On s'y délectait d'écrevisses à la nage au pouilly-fuissé, de cuisses de grenouilles sautées dans le beurre mousseux avec une persillade, de gâteaux de foie blond de poularde, de l'incontournable poulet de Bresse à la crème.
L'automobile et le début des voyages accélérèrent le rayonnement de l'auberge de Vonnas qui eut les honneurs du Club des Cent, de l'Académie des gastronomes. Et, carottes sur le bœuf braisé, le guide Michelin lui décerna une puis deux étoiles. Le fils aîné, Jean Blanc, et sa femme, Paulette, reprirent l'auberge devenue l'un des hauts lieux de la gastronomie française.
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