Que faudrait-il envisager pour la Ve République ? C’est la question que posera ce soir Gilles Thevenon aux Lyonnais. Politologue et professeur à l’Université catholique de Lyon, il présente une conférence sur l’histoire politique de la Ve République, élections régionales de décembre 2015 comprises. Lyon Capitale l’interroge sur ce sujet d’histoire brûlant d’actualité. Entretien.
Lyon Capitale : Pourquoi est-il important de débattre de la Ve République dans une université ?
Gilles Thevenon : Je pense qu'il y a lieu de s'interroger sur nos institutions. La Ve République pose un certain nombre de problèmes de fonctionnement après près de soixantes ans d'existence. Celui de l'équilibre des pouvoirs : le poids du président de la République est très fort alors que les institutions mentionnent un président beaucoup plus effacé. Je vois aussi la question du Premier ministre : selon l'article 20, il est à la tête d'un gouvernement pour mener et déterminer la politique de la nation. Je ne pense pas que des Premiers ministres comme Manuel Valls, François Fillon, Pierre Messmer ou Pierre Mauroy mènent ou aient mené réellement la politique de la nation. C'est toujours le président qui le fait, sauf en cas de cohabitation. Le troisième point, c'est l'intérêt ou le désintérêt des citoyens pour la chose publique, notamment l'abstentionnisme grandissant.
Pensez-vous que l’abstentionnisme a un rapport direct avec l’institution Ve République ?
Pas forcément. Mais en tout cas, il fait partie de ses problèmes. Le mode de scrutin peut être relié à tout ça, puisqu'on sait bien que le mode de scrutin majoritaire à deux tours pour un député ne permet pas la représentation de l'ensemble des courants politiques.
Est-ce à la jeunesse de s’emparer de ces questions-là ?
Je pense que c'est au citoyen de manière générale. Je suis enseignant, donc mon livre est présenté dans ce cadre-là. Mais je souhaite qu'il le soit également dans d'autres forums. Ce n'est pas une initiative uniquement pour la jeunesse estudiantine, c'est une présentation.
“Il faut voir les choses telles qu’elles sont et non pas comme on aimerait qu’elles soient”
Selon vous, la Ve République doit-elle être remise en question ?
Il me semble en tout cas qu'elle doit être questionnée et mise en débat au fil d'initiatives populaires. Je pense que l'instillation de la participation citoyenne dans les institutions pourrait être une des solutions. Il me paraît donc impératif d'intéresser les citoyens : dans le choix des candidats d'abord, mais également au niveau des mécanismes référendaires. Ils ne doivent pas forcément être plébiscitaires, mais on peut à mon avis envisager plus de participation au niveau local. Mais, pour que cela puisse exister, il faut des questionnements.
Il ne s'agit pas pour moi de dire qu'on passe de la Ve à la VIe République. C'est assez illusoire. Il n'y a pas de ligne idéologique, je souhaite seulement poser les problèmes de nos institutions. J'essaye de présenter les choses clairement, avec une vision non partisane. Je me place sous les auspices de Machiavel, qui disait qu'il faut voir les choses telles qu'elles sont et non pas comme on aimerait qu'elles soient.
Pourquoi avoir travaillé en particulier sur cette période ?
Il s'agit en fait d'un de mes cours. Dans les universités et jusqu'à une période assez récente, on enseignait le droit constitutionnel de la Ve République. C'est très bien, mais il me semble que, si nous n'avons pas les acteurs réels et le déroulé des institutions, on ne sait rien. En tout cas, nous n'avons pas tout. D'où la volonté de mettre en place un cours d'histoire politique, que j'enseigne à l'Université catholique de Lyon depuis 2000.
Ce cours a ensuite été développé par un collègue à l'université Lumière-Lyon 2. Nous estimons qu'il est bon d'évoquer le fonctionnement concret des institutions par le biais de la vie politique. Cela permet de compléter les enseignements de droit constitutionnel.
Quel type de public attendez-vous ce soir ?
On espère ne pas seulement toucher le public estudiantin, mais toute personne susceptible de s'intéresser à la thématique. C'est un peu une conférence signature, avec la présentation de mon ouvrage et de la méthodologie utilisée. Comme c'est une deuxième édition, j'expliquerai ce qui a été ajouté ou changé, et pourquoi je l'ai fait. C'est très descriptif. C'est un petit manuel qui, je pense, peut être utile à tous.
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Un autre 'petit manuel' surement bien plus utile ! ;o) http://www.transitions-ressources.org/documentations/petit_manuel_v3.pdf et c'est libre d'accès.
L'abstention a forcément un lien avec le pouvoir du monarque républicain qui verrouille toute la vie politique. La preuve les 1er ministres n'ont servi à rien. La majorité parlemantaire au pouvoir doit être aux ordres du monarque empêchant toute respiration démocratique. A cela on peut s'interroger sur l'indépendance de la justice et son fonctionnement nourrissant le sentiment d'une justice à 2 vitesses ? Le rôle du 4 ème pouvoir que sont les médias dont la concentration entre les mains de groupes industriels ou financiers terreau fertile de la paranoïa complotiste!Sans évoquer les effets néfastes de cette UE qui devait nous apporter sécurité, prospérité ...Une dernière remarque: la faculté catholique utilise abusivement le titre d'université réserve aux seules universités publiques...