À l'approche du déconfinemet, la métropole de Lyon vient de dévoiler son plan "d'urbanisme tactique". Ce rééquilibrage de l'espace public doit viser à améliorer la pratique des modes actifs comme le vélo ou la marche à pied, vus comme des "gestes barrière" pour la mobilité durant l'épidémie du coronavirus COVID-19.
Depuis un mois, dans le contexte du coronavirus COVID-19, plusieurs grandes métropoles mondiales ont fait le choix de l'urbanisme tactique. Cette technique d'aménagement urbain consiste à rééquilibrer l'espace public pour donner plus de place aux piétons et cyclistes dans des villes majoritairement construites autour de la voiture (lire ici).
L'espace est ainsi mieux partagé entre des usagers des modes actifs qui peuvent être plus nombreux au mètre carré face à des voitures abritant souvent une seule personne dans l'agglomération de Lyon, tout en permettant de respecter les distances nécessaires entre les individus à cause de l'épidémie. Un automobiliste reste après tout un piéton à un moment où à un autre de son parcours, il bénéficie donc également de ce rééquilibrage.
Eviter le carpocalypse ou le "trop voiture"
La métropole de Lyon vient de dévoiler son plan "urbanisme tactique". En effet, David Kimelfeld craint un retour du tout voiture, rappelant que "la crise sanitaire ne doit pas nous exonérer d'agir pour la qualité de l'air".
De son côté, la présidente du Sytral Fouziya Bouzerda a indiqué que les services estimaient que seulement un voyageur sur trois du réseau TCL ne reprendrait pas les transports en commun comme il le faisait avant l'épidémie. Le risque d'une thrombose sur les routes de la métropole est réel, tout comme celui d'une hausse de la pollution et du bruit à des niveaux supérieurs à ceux d'avant le confinement.
Le plan de la métropole
Dans ce contexte, ce plan d'urbanisme tactique doit "permettre d'expérimenter pour encourager les solutions de mobilités actives", "il a été élaboré avec les maires et associations". Il repose ainsi sur une cellule d'urgence piéton "pour permettre l'élargissement des trottoirs", le développement de zones 30 ou de la piétonnisation de secteurs.
En plus des 1 000 kilomètres existants, 77 km de nouvelles pistes cyclables vont être créés à un rythme jamais vu, à travers trois vagues d'installation : une première à partir du 11 mai avec 12 km d'infrastructures transitoires, mais aussi l'ouverture de toutes les voies de bus aux vélos, si absence de danger (50 % sont ouvertes pour l'instant).
À partir de début juillet, ce sont 56 km de pistes qui seront ouvertes, pour atteindre les 77 km lors de la dernière phase en septembre.
Détail notable, rue Edouard Herriot, les bacs à fleurs vont être retirés pour permettre la création d'un double sens cyclable sécurisé (lire ici).
Concernant ces 77 km, David Kimelfeld préfère parler d'infrastructures "transitoires", précisant "ça ne veut pas dire que ça ne sera que temporaire, si cela fonctionne, ça pourra devenir des infrastructures pérennes".
Du stationnement sécurisé
Par ailleurs 3 000 arceaux de stationnement temporaires seront installés, notamment dans les quartiers d'affaires comme la Part-Dieu, Gerland, vers les commerces et écoles. Le tout sera renforcé par des parcs temporaires surveillés et sécurisés et des places de stationnement supplémentaires dans les parkings relais.
La prime VAE va être également portée à 500 euros pour encourager ceux qui le souhaitent à franchir le pas, elle était de 100 euros jusqu'à présent. Des formations seront également proposées en relation avec les associations "pour apprendre à faire du vélo en ville".
Le détail qui peut tout gâcher, responsabilité des maires
Reste un élément essentiel de l'urbanisme tactique qui échappe aux compétences de la métropole : le respect des infrastructures par les automobilistes.
A Lyon, y compris durant le confinement alors que les voitures sont plus rares, on ne compte plus les véhicules stationnés illégalement sur les trottoirs ou pistes cyclables. Dès lors, les risques de voir ces infrastructures détournées ou non respectées restent réels. Tout dépendra donc des choix politiques des maires qui peuvent demander à leur police municipale de veiller à ce que ces espaces restent destinés aux vélos et piétons, en appliquant la tolérance zéro en matière de verbalisation (ce qui est très loin d'être le cas jusqu'à présent).
"Il va falloir que les automobilistes comprennent que ce partage de l'espace est une réalité et le respectent", a confié David Kimelfeld, invitant les maires à faire renforcer les contrôles. La balle est désormais dans leur camp pour ne pas voir leur commune asphyxiée par une hausse du trafic automobile et la congestion.
bravo mais quand pourrons nous traverser la presqu'île en sécurité ?