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Grand Stade : Collomb prépare-t-il les esprits à un prolongement du métro ?

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© photomontage/TD

Lors d'une commission générale à la gloire du futur équipement sportif, Gérard Collomb a convoqué le président de la Ligue professionnel de football qui imagine déjà l'équipement accueillir "une finale de la Champion League". Dans le débat qui a suivi, Thierry Braillard, adjoint aux Sports, a défendu un stade entièrement financé par le privé - seul cas en France - se livrant à un comparatif avec le coût supporté par les autres métropoles pour rénover ou ériger leur propre équipement. L'hypothèse du prolongement du métro A à Décines a été évoquée du bout des lèvres.

D'ordinaire, les commissions générales de la communauté urbaine sont à huis clos, interdites à la presse, prenant les allures de réunions de travail associant les élus de tous bords. Ce lundi, celle consacrée au Grand Stade tenait plus de la "conférence de presse" (dixit le sénateur-maire d'Oullins, François-Noël Buffet) voire de showroom à la gloire du Stade des Lumières. Il ne manquait que des pompom girls !

"Un projet pour la France"

Pour l'occasion, Gérard Collomb s'est adjoint les services du président de la Ligue professionnelle de football, Frédéric Thiriez, super VRP de luxe. "Le Stade des Lumières n'est pas qu'un projet pour Lyon, c'est un projet pour la France", a-t-il lancé, presque gaulliste. Il "pourra accueillir une finale de la Coupe des Champions", a-t-il poursuivi, imaginant le club de Yoann Gourcuff en tête de l'élite européenne. L'homme, bien connu du ballon rond, s'est employé à galvaniser l'assemblée. "L'Euro 2016 est inconcevable sans Lyon, capitale du foot français depuis 2000".

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Plus précis dans son argumentaire, il a décrit la situation actuelle du football professionnel. "La France a un retard à rattraper", analyse-t-il, affirmant que les stades actuels ont en moyenne 66 ans. "L'état actuel de nos installations n'est pas à la hauteur du rang de la France". Ce retard des infrastructures se couple avec "la faiblesse de la billetterie et du sponsoring". "Les clubs anglais et allemands font le double de recettes des clubs français". Conséquence : "les clubs sont télédépendants". Le Stade des Lumières est pour lui l'occasion d'imaginer un nouveau modèle économique, reposant davantage sur les dépenses des spectateurs. "C'est un projet exemplaire, le seul à financements exclusivement privés", a-t-il conclu.

"7-1 9-0"

Frédéric Thiriez n'était pas le seul invité surprise de la réunion. Philippe Grillot, le président de la chambre de commerce et d'industrie était là aussi. Et surtout, plus surprise encore, des membres de Carton rouge retranchés dans la cage de verre dévolue au public. Ils ont scotché des affichettes "non au PLU" "le Grand Stade à Gerland" "ne bradons pas l'Est lyonnais" et "7-1 9-0" rappelant le score - contesté - du match ayant opposé l'OL à Zagreb et celui - tout aussi contestable selon eux - des avis favorables au projet de Jean-Michel Aulas. Ils ont aussi tendu une grande banderole "non au Grand Stade", au nez et à la barbe de Gérard Collomb qui leur faisait face. Mais le président de l'agglomération a l'habitude de tels happenings et n'a pas cillé.

Métro A à OL Land ? "il y a toujours une prolongation"

Ayant boudé la commission générale sur OL Land, les élus de droite ont raté le plaisir de voir de près la moustache du président de la Ligue de football. Une occasion manquée qui les a énervés, François-Noël Buffet regrettant de ne pas avoir été informé de sa présence. Ils ont cependant eu tout le loisir de rappeler leur position lors du débat qui a succédé et qui portait sur la révision du Plan local d'urbanisme de Décines, permettant la construction du futur équipement. "Le groupe a toujours été favorable à ce qu'un grand stade soit construit dans une agglomération". Lui défend le site du Puisoz (Vénissieux) "desservi par le périphérique, le métro et le tramway".

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© Robin Favier

Jean-Claude Desseigne, vice-président en charge des grandes infrastructures a lancé, l'air de rien, un pavé dans la marre, évoquant l'intérêt que pourrait revêtir "plus tard" le prolongement du métro au Grand Stade. Pour Michel Havard, il ne fait pas de doute que le schéma de desserte du Stade des Lumières est notoirement insuffisant et que la collectivité et le Sytral, bien conscients du problème, planchent déjà sur un plan B. En l'occurrence amener la ligne A jusqu'au pied d'OL Land. Sur ce point, Gérard Collomb semble vouloir préparer les esprits, admettant que le schéma de transports sera un jour "complété". "L'histoire ne s'arrête pas à un instant T, il y a toujours une prolongation", a-t-il philosophé. La nécessité d'un métro est évoquée depuis 2007 par les opposants, comme le maire de Meyzieu, Michel Forissier, qui agitent cette perspective comme un chiffon rouge. Perspective farouchement niée jusqu'alors par le Grand Lyon.

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Braillard pointe les coûts supportés par Lille et Marseille

"En Europe, tous les grands clubs sont propriétaires de leur stade", a observé Thierry Braillard. L'adjoint aux sports de la Ville de Lyon s'est livré à une analyse comparative des autres métropoles française. Selon lui, Marseille va rénover le Vélodrome pour 267 millions d'euros. Sur ce montant, la Ville a apporté 40 millions d'euros, la communauté urbaine 20 millions d'euros tandis que 100 millions seront à l'avenir remboursés à Bouygues. Lille qui construit son nouvel équipement s'acquittera d'un loyer annuel 24,7 millions d'euros pendant trente ans. "Ce n'est pas ce qu'on vous demande de voter ce soir", a insisté le Radical de gauche, rappelant que c'est OL Groupe qui paiera la facture. Avec beaucoup de circonvolutions, le communiste Willy Plazzi a également apporté son soutien au projet, soulignant "ce que le Stade de France avait apporté à la Seine-St-Denis", sous les hourras ironiques des membres de Carton rouge.

Les écolos défendent Gerland

Cette position a exaspéré les élus écologistes qui, eux, n'en démordent pas. Françoise Chevalier a raillé "un projet du siècle dernier". D'après ses calculs, 9000 personnes viendront en transport en commun, 5000 en car et 40 000 en voiture, agrégeant ceux qui viennent directement en auto et ceux qui stationnent au parking des Pannettes (Meyzieu) pour ensuite prendre le tram. Elle parvient ainsi à un total de 75% de spectateurs ayant fait ronfler leur moteur pour venir aux matches.

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"Ce sont 200 millions d'euros d'argent public qui vont à un établissement privé spéculatif qui fonctionne 60 jours par an", a-t-elle attaqué. Et de défendre Gerland où "10 000 personnes viennent aujourd'hui en métro les soirs de match". "Il y a de l'espace pour ajouter une 4e rame au métro (…) le prolongement du tram T1 à Debourg, la prolongation du métro à Oullins, le futur axe A7, des navettes que l'on pourrait mettre en place depuis la gare ferroviaire Jean Macé permettraient de faire face à une fréquentation plus grande du stade", imagine-t-elle. Elle soutient qu'un agrandissement du stade existant à 50 000 places est possible, avec une rénovation par quart. Et relève qu'Amsterdam, Manchester et Francfort ont des des stades à "environ 5 km du centre". Pas en rase campagne.

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Lui répondant, Gérard Collomb, agrégé de lettres classique, a donné un cours d'histoire antique, démontrant que Lyon, née sur les Pentes de Saône, s'est étendue vers l'Est, "dans un mouvement historique". Et d'ajouter une anecdote passée : lorsqu'Edouard Herriot a choisi le site d'implantation de l'hôpital qui porte aujourd'hui son nom, "une partie de son conseil d'administration avait démissionné parce que c'était trop loin". "Moi je crois en l'avenir de l'Est", a-t-il conclu.

Collomb attaque l'UMP qui louvoie

Au final, les écologistes, le groupe UMP et Nathalie Perrin-Gilbert ont unanimement voté contre la révision du Plan local d'urbanisme de Décines. Une position qui a été laborieusement acquise pour la droite à l'issue de deux réunions de groupe. Certains, à l'instar de Michel Havard, défendaient l'abstention, pour ne pas donner l'impression de s'opposer à un projet de grand stade. Qu'il semble difficile pour un prétendant au fauteuil de Gérard Collomb de dire non à Jean-Michel Aulas ! Le louvoiement de l'opposition municipale sur ce dossier est pointé par le président de l'agglomération : "Votre groupe varie au gré du temps, a-t-il soupiré. En 2008, vous émettiez un vote favorable sur le Montout".

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© Robin Favier

L'UMP n'a pas été suivie par les élus divers droite, ex-millonistes. Christian Barthelemy a voté "avec enthousiasme un projet exemplaire", se demandant "s'il existe en France un précédent d'une ville refusant un investissement privé de cette importance". La révision du Plan local d'urbanisme a été adoptée, ouvrant la voie à l'obtention du permis de construire, attendue pour février 2012. Sauf décision de justice, les travaux devraient commencer en mai ou juin prochain.

Voir aussi : "Stade des Lumières : un projet pour la France"

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