Grand Stade : Lyon Capitale répond à l’OL

Dans un communiqué publié ce mardi soir sur son site Internet, l’Olympique lyonnais accuse Lyon Capitale d’avoir publié un article sous “un prisme délibérément négatif” sur l’impact financier du stade de Décines. Ce qui appelle quelques réponses de notre part. Oui, le stade dégage de nouveaux revenus. Mais, non, les promesses de Jean-Michel Aulas durant toute la phase précédant l’ouverture du Parc OL n’ont pas été tenues.

Dans son édition de juillet-août, Lyon Capitale s’est penché sur les résultats financiers de l’Olympique lyonnais pour voir quel était l’impact du stade. Pour justifier de la construction d’un stade payé par l’OL mais où la puissance publique a injecté 200 millions d’euros pour financer son accessibilité, Jean-Michel Aulas avait promis que son “nouvel outil” révolutionnerait le modèle économique de son équipe de football. Au terme d’une année complète dans son stade de Décines-Charpieu, nous avons voulu voir si ces promesses étaient respectées ou en voie de l’être. Nous avons listé les améliorations rendues possibles par le stade : l’OL n’est plus obligé de vendre ses meilleurs éléments pour boucler son budget avant le 30 juin, les recettes de billetterie augmentent, le club redevient un acteur du mercato au rayon des arrivées et les manifestations extrasportives sont bien au nombre annoncé et avec un impact financier conséquent (5 millions d’euros).

Des objectifs reportés

Mais nous avons aussi pointé, au grand dam de Jean-Michel Aulas, les incohérences entre ses promesses et la réalité. Le président du club lyonnais avançait, par exemple, des ressources supplémentaires générées par le nouveau stade très conséquentes. Dans notre édition de juillet-août, nous expliquons que les 40 à 50 millions d’euros annoncés ne sont pas atteints. Ce que dément l’OL : “Jean-Michel Aulas avait annoncé que cet objectif était à horizon de cinq ans.” Dans l’interview qu’il nous avait accordée en 2015, il ne précisait pas de date. Mais, dans une interview à L’Équipe, il annonçait que les 40 à 50 millions d’euros seraient récoltés dès la première année. À l’horizon de cinq ans, il tablait à l’époque sur 70 à 80 millions d’euros. Dans une interview au Monde, en septembre 2015, il allait encore plus loin : “Dans cinq ans, on sera plutôt aux alentours de 100 ou 120 millions.” Depuis qu’il a pris possession de son nouvel outil de travail, Jean-Michel Aulas se montre donc beaucoup moins ambitieux.

Sur les neuf premiers mois de l’exercice 2016-2017, le club – hors trading de joueurs (une variable que l’OL enlève ou rajoute au gré des besoins de son argumentation) – progresse de 29,9 millions d’euros selon les résultats financiers publiés le 11 mai 2017. Mais, sur ces 30 millions, plus d’un tiers provient des droits télévisuels, une ressource qui ne dépend pas directement du nouveau stade.

Des ventes de terrain prévues mais pas toujours annoncées

L’Olympique lyonnais nous reproche aussi d’avoir donné la parole à Étienne Tête. Lequel souligne, chiffres publiés par la société OL Groupe à l’appui, que le club a pu flirter avec l’équilibre financier grâce à des ventes immobilières et pas seulement par les ressources générées par le Parc OL. De fait, les résultats du premier semestre 2017 fixent le résultat net du groupe à -2,3 millions d’euros alors que les ventes de terrains à Gerland et Décines ont rapporté plus de 13 millions au club. Les droits à bâtir d’un hôtel sur les terrains du Parc OL ont ainsi été cédés. Dans son édition de juillet 2017, Lyon Capitale rappelle d’ailleurs la position de Jean-Michel Aulas en 2015 sur d’éventuelles plus-values immobilières (les terrains ont été achetés par l’OL au Grand Lyon autour de 40 euros/m2) : “Nous resterons propriétaires à 100 % du Parc Olympique lyonnais. La vente des terrains ne fait pas partie de notre business plan. Je ne suis pas là pour faire des plus-values.” Dans les colonnes du dernier numéro de Lyon Capitale, Thierry Sauvage, le directeur général de l’OL, explique pourtant : “Notre programme d’origine a toujours été de céder ces terrains à des gens dont c’est le métier de les exploiter. Mais nous ne vendons pas pour faire des plus values.”

Un premier semestre déficitaire malgré un effet Grand Stade

Dans le communiqué publié sur son site Internet ce mardi, l’OL préfère ne pas s’attarder sur ses propres chiffres et nous reproche de nous appuyer dessus : “Parler d’un déficit ramené à 2,3 millions d’euros est faux et gravissime alors que les comptes arrêtés au 30 juin 2016 font état d’un résultat avant impôts de 16,7 millions d’euros.” Nous nous sommes appuyés sur les résultats du premier semestre de l’exercice 2016/17 puisqu’ils correspondaient aux premiers éléments financiers de la première saison entière basée à Décines-Charpieu et qu’ils étaient les éléments disponibles les plus récents. Au 31 décembre 2016, le résultat net était bien de -2,3 millions d’euros (contre +19,7 millions d’euros au 31 décembre 2015).

L’OL critique également notre présentation de la moyenne de spectateurs au Parc OL. Il nous est, une fois de plus, reproché d’avoir donné la parole à Étienne Tête, seul opposant qui s’exprime dans un article où trois responsables de l’Olympique lyonnais sont cités. L’élu écologiste pointe que l’affluence moyenne en Ligue 1 pour la saison 2016-2017 ne dépasse pas la capacité maximale du stade de Gerland. Les chiffres lui donnent raison. Dans notre article, pour rester à périmètre constant, nous avons choisi de comparer les affluences en championnat de France. Les rencontres européennes ont été mises de côté puisqu’en 2015-2016 l’OL n’en avait pas disputé dans son stade de Décines. Mais nous avons, dans l’article “Les promesses non tenues du Parc OL”, rappelé qu’en intégrant les matchs de Coupe d’Europe l’affluence moyenne passait, d’après les chiffres du club, à 42 000 spectateurs.

Des bienfaits de l’arrivée d’un actionnaire chinois

L’OL nous reproche aussi notre analyse du refinancement de sa dette, que nous imputerions plus à l’arrivée d’IDG, un fonds chinois qui a acquis 20 % du club contre 100 millions d’euros, qu’aux premières retombées du stade et à leur impact sur la confiance des banquiers. Dans un communiqué daté du 21 mars 2017, le club expliquait pourtant : “OL Groupe a prévu d’affecter une part substantielle du produit de l’émission des titres réalisée au profit d’IDG European Sports Investment Ltd à la réduction de la dette d’OL Groupe, entraînant une baisse corrélative des frais financiers et permettant d’envisager le refinancement global des dettes subsistantes du Groupe.”

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