Ce mardi, élus et décideurs célébraient le bouclage du plan de financement du Grand Stade de l'OL. Présent, le ministre de l'Economie a défendu "un football durable", caractérisé notamment par la propriété privée de l'enceinte sportive par le club. Le chantier devrait retrouver une activité soutenue à partir du 10 août. Lors de la conférence de presse, Jean-Michel Aulas a annoncé une opération boursière : le lancement d'obligations subordonnées remboursables en actions nouvelles ou existantes (OSRANE).
Tout bronzés, certains ont interrompu leurs vacances - comme Jérôme Sturla, le maire de Décines - d'autres accusent des traits tirés par le décalage horaire - Gérard Collomb débarqué d'Asie. Toutes les huiles lyonnaises se pressaient pour le coup d'envoi officiel du Grand Stade de l'OL, après la divulgation de son plan de financement, le week-end dernier. S'offrait à voir une belle communion derrière pupitre, entre un ministre, un préfet, quatre élus locaux et deux P-dg. Comme l'a souligné Michel Mercier, 1er vice-président du conseil général, à Lyon règne "un esprit particulier, une alliance entre des chefs d'entreprises et des élus". Et parmi ces derniers, la volonté "de dépasser les clivages partisans".
"Un projet de nature footballistique mais d'essence économique"
"Les plus belles victoires s'arrachent dans les arrêts de jeu", a observé le maire de la commune, Jérôme Sturla. Il a vanté un "projet de nature footballistique mais d'essence économique", comparant la situation de sa commune à celle du 9e arrondissement lyonnais (dont Gérard Collomb était maire, Ndlr) au moment de l'arrivée de Cegid (l'entreprise de Jean-Michel Aulas) et "des jeux vidéo". Jean-Michel Aulas s'est également attardé sur la dynamique économique à venir : si le stade n'affiche qu'une capacité de 58 000 places - ce qui le place au 3e rang français-, il compte aussi deux hôtels de 150 chambres, un centre de loisir, un centre médical, une centre de remise en forme et 4000 m2 de bureaux. 1000 emplois permanents sont annoncés et 1500 à 2000 emplois temporaires, les soirs de matches et d'événements.
Moscovici : Mieux vaut, pour un club, posséder son stade
Et pour parler de bénéfices économiques, qui de mieux que le ministre de l'Economie ? Pierre Moscovici était là, "au côté de ceux qui veulent investir, avancer". Le socialiste est venu appuyer le montage défini depuis l'origine : à OL Groupe la propriété et le coût de construction de l'infrastructure (405 millions annoncés), à la puissance publique le coût des accès (164 millions). Il a remarqué que les deux finalistes de la Coupe d'Europe, Munich et Dortmund, possédaient tous deux leur propre stade. Le ministre défend un "football durable" : notant que certains clubs sont contrôlés par des "émirs ou des oligarques", il juge "important de se doter de structures qui peuvent résister à des désinvestissements". En clair, mieux vaut pour un club posséder son propre stade et engranger les recettes billetterie.
Aulas, de son côté, ne fait pas mystère de son modèle : le Bayern de Munich qui détient son Allianz Arena. D'ailleurs, l'un des dirigeants du club allemand Karl-Heinz Rummenigge, promouvait son exemple sur une vidéo diffusée durant la conférence de presse : rappelant que son stade a été inauguré en 2005, il a expliqué que "cela fait huit ans que nous jouons à guichets fermés". Et les résultats sont à l'avenant. "JMA" pronostique entre 50 et 100 millions de revenus annuels.
Confluence : pas de centre commercial sans le tram
"Il y a un modèle ancien quand la municipalité subventionnait tout", a récapitulé Gérard Collomb. Mais le maire de Lyon a rappelé que le budget investissement de la Ville de Lyon s'élève à 600 millions d'euros sur un mandat (6 ans)*. "On peut décider de construire le stade. Dans ce cas, on ne fait pas d'école, pas de crèche". Il a avancé aussi l'autre option, le partenariat privé-public (PPP), tout en reconnaissant qu'elle engage aussi fortement la municipalité, non sans risque. Il assume donc avoir mobilisé 114 millions par le Grand Lyon et 33 par le Sytral pour ce projet privé. "Lorsqu'à la Confluence, il y a un grand centre commercial ; s'il n'y a pas une grande route, s'il n'y a pas un tram, il n'y a pas de centre commercial", a argué le maire. Selon lui, c'est même l'Olympique lyonnais qui offre à la collectivité "un formidable levier de développement de l'Est de l'agglomération". "Il n'y a pas de grande métropole sans grand projet", a abondé Michel Mercier.
Même s'il reste quelques recours à épurer à la rentrée, élus et décideurs repartent en vacances le cœur plus léger. Au terme de "neuf ans" de combat politico-juridique, le maire de Lyon reconnait que "ça n'a pas été un fleuve tranquille". Et d'ajouter : "C'est une répétition pour l'Anneau des Sciences. Là, ça va être un grand moment".
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* Ce montant de 600 millions est toutefois proche de celui des investissements de la communauté urbaine chaque année.