Dans son classement des villes en fonction de leur action pour la qualité de l'air, Greenpeace lançait un avertissement à Lyon qui prépare la construction d'une nouvelle autoroute urbaine. L'ONG condamne le "greenwashing" et "l'écocide" de Gérard Collomb qui prétend que son projet serait "écologique".
"L'Anneau des Sciences, c'est la ligne rouge, ceux qui la franchissent traversent le Rubicon", pour Gauthier Chapuis de Greenpeace Lyon, la limite est désormais tracée pour la campagne des élections métropolitaines et municipales.
Dans son dernier classement des villes en fonction de leur action pour la qualité de l'air, Greenpeace saluait les efforts de Lyon, tout en avertissant qu'ils pourraient être "plombés" si la collectivité choisissait de construire une autoroute urbaine de 13 kilomètres à l'ouest de l'agglomération pour boucler le périphérique : le fameux Anneau des Sciences.
"Greenwashing", "écocide"
Ce projet qui cristallise de nombreuses critiques depuis plusieurs années a été verdi par Gérard Collomb qui le présente comme "écologique" (lire ici).
"C'est du greenwashing, nous l'invitons à regarder le film L'illustion verte*. Dire que ça sera écologique, c'est faux et c'est de notre responsabilité de le montrer. La science nous aide, les rapports aussi", réplique Gauthier Chapuis, "Gérard Collomb s'est trompé de mot, il confond écocide et écologie. C'est la destruction de l'environnement ! Avec ce projet, on artificialise les sols, on ajoute des voitures, c'est incroyable de dire qu'il est écologique. Ils ont dû bien se marrer quand ils ont décidé de mettre cela en avant, c'est comme la campagne de publicité qui disait que les chasseurs étaient les premiers écologistes de France" (NDLR : une campagne d'affichage qui avait dû être modifiée suite à la demande de la RATP qui avait obtenu l'ajout d'un point d'interrogation).
Pour Gauthier Chapuis, le projet de l'Anneau des Sciences "va créer une multitude d'écoles Michel Servet", en référence à cet établissement scolaire à Lyon à côté du tunnel de la Croix-Rousse, où la qualité de l'air est régulièrement désastreuse. Comme le futur bouclage du périphérique, sa structure est enterrée, ce qui ne fait pas disparaître la pollution : "Ce futur projet a tout ce qu'il faut pour ne pas être écologique : on va faire passer des routes dans des quartiers où il y a des écoles, là où il y a des populations vulnérables. Il faut aussi protéger Confluence de la pollution, on est d'accord sur ce constat, mais clairement pas sur la méthode".
Un classement des programmes
Ces prochains mois, Greenpeace ne devrait pas lâcher les candidats qui ont choisi de défendre l'Anneau des Sciences, mais les autres ne seront pas tranquilles pour autant. "Notre classement des villes en fonction des actions pour la qualité de l'air va être une base de travail. Nous avons fait partir des lettres destinées aux candidats pour connaître leur programme et nous établirons un classement en fonction de leurs projets, comme celui que nous réalisons sur les cantines", poursuit Gauthier Chapuis, "Notre but c'est de les faire bouger, de les amener vers une direction de ville responsable". L'Anneau des Sciences pèsera dans le classement, assurant une mauvaise place, mais d'autres points seront pris en compte comme les actions pour réduire la place de la voiture.
"La Zone à faibles émissions est un bon premier pas de la part de David Kimelfeld, même s'il reste très timide. Il a le mérite d'inclure d'autres villes que Lyon, mais il faut clairement mettre en place un planning pour la sortie des voitures individuelles les plus polluantes. Avoir une date, ça donne une visibilité et ça permet d'accompagner les gens. Dans cinq ans, on ne pourra pas dire "Vous n'avez plus le droit de circuler" et laisser une partie de la population sur le carreau. Il faut penser les alternatives tout de suite", conclut Gauthier Chapuis de Greenpeace. Le premier classement des candidats à Lyon devrait arriver dès début 2020.
*L'illusion verte est un documentaire autrichien sur les multiples campagnes de verdissement (greenwashing) tentées par les industriels
Ce projet sera certainement considéré comme écologique pour les riverains de l'A46/rocade-est, qui n'auront plus à subir tous les poids lourds qui passe sous leurs fenêtres, mais dans les tunnels de l'anneau des sciences.