Le maire de lyon répond à un habitant des pentes de La Croix-Rousse après avoir été interpellé sur le nettoyage des tags en ville. (Photo Hadrien Jame)

Grégory Doucet pris à partie par des riverains lors d’une visite de quartier à Lyon

Séquence animée ce mercredi 26 avril pour le maire de Lyon Grégory Doucet. Alors qu’il dressait un point d’étape des actions de végétalisation entreprises depuis trois ans, l’élu écologiste a été pris à partie par des habitants du quartier désireux d’alerter sur leurs problématiques. Un exercice politique dans lequel l’élu se révèle.

Une douce odeur de printemps flotte ce mercredi matin sur le 1er arrondissement. Place Sathonay les rayons du soleil viennent lécher les quelques arbres plantés au cours des dernières  semaines au bas des pentes de la Croix-Rousse et le chant des oiseaux résonne agréablement aux oreilles. Un cadre quasi parfait pour permettre au maire de Lyon, Grégory Doucet, d’illustrer les avancées entreprises depuis trois ans par son exécutif sur le volet de la végétalisation. 

Avec son adjoint en charge de cette délégation, Gautier Chapuis, et la maire du 1er arrondissement Yasmine Bouagga, pendant une quinzaine de minutes l’élu s’attache à rappeler l’importance de verdir Lyon pour "atténuer les effets du changement climatique et préparer la ville à ce dernier". Devant les élus qui égrainent les derniers chiffres compilés par leurs services, 3 hectares gagnés sur le bitume, plus de 5 000 arbres plantés en trois ans, 27 vergers créés… quelques riverains qui se sont mêlés aux journalistes écoutent attentivement les conclusions de ce premier bilan. 

Les tags s'invitent au bilan de la végétalisation

Alors qu’arrive le temps des questions habituellement accordé aux journalistes, un habitant des pentes de la Croix-Rousse en profite pour interpeller Grégory Doucet, sur un sujet beaucoup plus clivant ces dernières semaines, la question des tags en ville. Une séquence dont se seraient sans doute bien passées les équipes du maire de Lyon, alors que ce riverain n’est autre qu’Édouard Hoffmann un habitant très actif dans les médias ces derniers jours, car auteur d’une pétition intitulée Propreté et sécurité pour Lyon, un cadre de vie digne et apaisée qui réunit déjà plus de 2 300 signatures. 

"Ça vous fait sourire ? Moi les « acab » et l’anarchie, ça ne me fait pas rire du tout"

Édouard Hoffmann, un habitant des pentes de La Croix-Rousse

"J’alerte depuis des semaines pour faire enlever les tags à caractère politique sur la place et ils sont retirés juste avant votre venue", peste Édouard Hoffmann, tout en pointant du doigt Yasmine Bouagga et Jean-Christian Morin, l’adjoint à la propreté du 1er, qui, selon lui, l’ont "supprimé des réseaux sociaux". "C’est un déni de démocratie", déplore cet habitant. Avant de s’emporter alors que la maire du 1er, parmi d'autres, semble esquisser un sourire en réaction à ses propos : "Ça vous fait sourire ? Moi les « acab » [All cops are bastards, ou Tous les flics sont des bâtards en français, NDLR] et l’anarchie, ça ne me fait pas rire du tout parce que pour les enfants ça c’est dangereux. C’est très bien de planter, je suis très content d’avoir ces arbres, mais ce n’est pas deux liquidambars qui vont changer la qualité de vie".

Grégory Doucet, animal politique ?

Moment délicat pour Grégory Doucet dont la réaction est scrutée par les nombreux journalistes présents, mais après trois ans d’exercice du pouvoir l'élu EELV ne se laisse pas démonter. Une séquence plutôt inhabituelle s’ouvre alors sous nos yeux, tandis que résonnent au loin les invectives violentes d’un homme passablement éméché. Impossible pour l’édile écologiste de ne pas entendre cet homme l'insulter et le traiter "d'écolos bobos" avant de lui dire d’"aller faire du kayak". Pour autant, le maire de Lyon semble désormais perméable à ce genre de propos de bas étage, plus déterminé, en véritable animal politique, à tourner cette situation mal embarquée à son avantage. Un moment d'autant plus important qu'à mi mandat les sondages ont montré que si les Lyonnais sont plutôt satisfaits de l’action des écologistes, la personnalité de Grégory Doucet les convainc moins.

"À l’heure où je vous parle, les équipes de nettoyage sont ailleurs dans la ville en train d’enlever des graffitis, car il y en a partout et moi même je le déplore"

Grégory Doucet, maire de Lyon

"À l’heure où je vous parle, les équipes de nettoyage sont ailleurs dans la ville en train d’enlever des graffitis, car il y en a partout et moi même je le déplore. Nous avons déployé des équipes supplémentaires en faisant appel à des prestataires de service pour enlever aussi rapidement que possible tous les acab et les autres graffitis", explique Grégory Doucet, alors que de nombreux tags ont fleuri un peu partout dans la ville en marge des manifestations contre la réforme des retraites. "C’est faux, c’est vraiment faux monsieur le maire. Je m’occupe depuis trois ans du sujet, ça c’est dégradé et tout le monde le sait" lui rétorque Édouard Hoffmann. 

Lire aussi : A mi-mandat, tous les feux ne sont pas au vert pour les écologistes à Lyon

Pas de quoi interrompre Grégory Doucet, qui révèle que depuis les premières manifestations la Ville a investi "42 000 euros en plus pour pouvoir enlever tous les graffitis de la ville". Avant de clôturer le sujet en assurant : "Vous me posiez la question de savoir si je soutiens les actions de dégradation du patrimoine, ce n’est pas le cas. On s’est fait saccager la mairie du 4e, la mairie du 1er a été attaquée, le poste de police aussi, c’est intolérable". De quoi apaiser cet habitant, pas forcément convaincu, mais au moins satisfait d’avoir été entendu.

Le manque de concertation pointé du doigt

Ce premier feu éteint, montée des Carmélites, le maire de Lyon a eu les honneurs d’une nouvelle séquence de vie de quartier. Alors que la municipalité rappelle à l’envi sa volonté de co-construire la ville de demain avec les habitants au travers de concertations, des riverains n’ont pas hésité à venir porter leurs doléances à Grégory Doucet. Ces habitants regrettent ainsi de ne pas avoir été consultés lors de la fermeture de leur impasse aux véhicules, afin de la transformer en havre de verdure. Une riveraine déplore notamment la suppression d'une place de parking PMR, tandis qu'une commerçante lâche "c'est très joli les plantes, mais il y a aussi des humains qui vivent ici".

Depuis quelques mois l'impasse de la montée des Carmélites a été fermée aux voitures et végétalisée. Des plantations saluées par les riverains, qui regrettent toutefois de ne plus pénétrer en voiture dans l'impasse. (Photo Hadrien Jame)

Un débat dans lequel le maire de Lyon n'a cette fois pas souhaité s'engager, préférant remettre entre les mains des adjoints de l’arrondissement ces inquiétudes pour poursuivre sa visite et échanger plus loin avec une pharmacienne, elle aussi désireuse de partager ses problèmes. Un exercice politique rondement mené, dans lequel le maire de Lyon avait finalement été assez peu vu depuis le début du mandat, même si lui l’assure "ça m’arrive très souvent, pas forcement devant des micros et des caméras d’ailleurs, et c’est heureux…". 

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