Après un mois de grève des cantines dans l’ensemble des écoles de Villeurbanne, les parents n’en peuvent plus et en appellent directement à la mairie.
Devant l’école Emile Zola à Villeurbanne, il est 13h30 et les enfants commencent à arriver avec les nounous, les mamies et les parents. Si tout semble normal, il suffit de prononcer le mot “cantine scolaire” pour que les tons montent et les langues se délient. Car pour la énième fois, sur la grille de l’école primaire est écrit “Aujourd’hui prévoir un pique-nique”. Cette situation qui stagne depuis un mois, les parents n’en veulent plus et n’en peuvent plus.
“En tant que nounou parfois on est surchargées”, nous explique une jeune femme, “on garde les grands frères et sœurs des petits dont on s’occupe, les parents craquent, ça leur coûte de l’argent.” Le 22 mars 2016, le personnel des cantines scolaires se mettaient en grève, réclamant une hausse des salaires et de nouvelles embauches. “Ils sont quatre encadrants pour 60 gamins, c’est normal qu’ils ne puissent plus travailler dans ces conditions”, explique un parent d’élève.
“Ça fait un mois que mes enfants mangent des boîtes de thon et des chips”
Si les parents comprennent la grogne du personnel encadrant, ils regrettent néanmoins cet “prise d’otages des enfants”. En effet, la grève ne dure que le temps de midi...et donc uniquement sur le temps de cantine et d’encadrement périscolaire. “Ils ont le droit de faire grève mais les enfants pâtissent réellement de cette situation”.
Pour pallier à ce manque, la mairie appelle les parents à faire manger leurs enfants à la maison ou à leur fournir un pique-nique. Elle propose également un repas froid pour ceux qui ne pourraient pas faire autrement. “Le repas froid, ça passe pour deux jours. Mais ça fait un mois que les enfants mangent des sandwichs, ce n’est pas du tout adapté, il leur faut des repas chauds !” s’insurgent une grand-mère. Une nounou ajoute que la mairie fournit aux enfants “une salade de thon et des chips, c’est bien beau, mais ça n’est pas adapté pour eux, tous les jours”. “Les enfants mangent par terre, on ne sait même pas qui les encadre” précise une autre nounou et “parfois, ils ne mangent rien parce qu’ils ne trouvent pas ça bon” ajoute un papa qui raconte avoir récupéré plusieurs fois ses enfants sans qu’ils aient mangé le midi.
De son côté, Damien Berthilier, adjoint au maire en charge de l’éducation, précise qu’il faut “faire attention aux mots employés. Les conditions ne sont pas optimales, mais la santé et la sécurité des enfants n’est pas en jeu ici”.
“La mairie doit faire quelque chose”
Un père de famille explique à Lyon Capitale qu’il a dû poser une semaine de congé pour s’occuper de ses trois enfants entre midi et deux heures. “D’ordinaire, je suis en déplacement la semaine, là j’ai dû poser congé”. Et il n’est pas le seul, plusieurs parents sont dans cette situation. “C’est un scandale”, explique notre interlocuteur, “comment voulez-vous que les parents s’organisent sur une durée aussi longue, c’est ingérable !”
Damien Berthilier comprend la colère des parents mais précise qu’il n’a pas “la maîtrise sur les mouvements de grève”. “On agit, on accueille les enfant, mais on ne peut forcer les gens a arrêter une grève”, ajoute t-il.
Selon ses dires, la mairie fait son possible pour sortir de la crise, a visité les écoles et rencontré tous les agents municipaux chargé de l’accueil des enfants à la cantine. La mairie a prévu d’agir pour “améliorer les conditions de travail des employés mais on ne peut le faire que si la grève cesse. On s’est aperçu que les problèmes étaient internes à chaque école et qu’il fallait donc faire du cas par cas. On ne peut le faire que si tout s’arrête”.
Mais la grogne monte tellement qu’on nous explique qu’à un moment ou un autre les parents lanceront un mouvement de révolte envers la mairie. “On va envoyer nos enfants chez le maire, il leur fera à manger.” nous dit-on avec ironie. “Je suis près au dialogue”, précise Damien Berthilier, “mais il faut comprendre que la loi ne nous permet pas de faire plus et que nous sommes dans une période budgétaire contrainte. Nous allons débourser près de 800 000 € pour les employés municipaux mais on ne peut pas aller plus loin”. Toujours est-il que notre père d’élèves compte bien “retirer ses enfants des écoles de Villeurbanne”.