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© Olivier Six

Grève des éboueurs : Collomb souffle le chaud et le froid

Collo ()

Le président de la communauté urbaine a finalement retiré son référé contre les responsables syndicaux du service de collecte des ordures ménagères. Il a rappelé ses propositions, s'érigeant en défenseur du service public. Denis Broliquier demande plus "de fermeté". Et François-Noël Buffet a évoqué les malversations supposées au profit d'entreprises privées.

Hasard de calendrier : alors que la grève des éboueurs entame sa 2e semaine, les élus de la communauté urbaine débattaient ce lundi du taux d'enlèvement des ordures ménagères. L'occasion pour eux de s'emparer du sujet. On aurait pu s'attendre à des prises de position marquées, guidées par l'exaspération de leurs électeurs. On s'attendait même à ce que certains fustigent "la dégradation de nos villes" par les grévistes, d'autres la surdité du Grand Lyon qui "préparerait une privatisation rampante". Ces propos n'ont finalement pas été tenus, le gauche prenant soin de pas trop malmener Gérard Collomb et la droite de ne pas se braquer les agents de la collectivité.

Collomb promet à la régie un retour à Lyon en 2017

Lors d'une conférence de presse, le maire de Lyon a rappelé les cinq propositions faites aux éboueurs la semaine dernière : le principe d'un samedi chômé sur deux (qu'il jusqu'alors refusé), la création d'une équipe volante de 26 agents (dont 16 par redéploiements) pour réduire l'interim, la dévolution à la régie du ramassage des îlots enterrés, le lancement de discussion sur l'amélioration des conditions de travail, et l'assurance qu'en 2017, les cartes seront à nouveau rebattues, selon le principe du 50/50, avec la certitude que la régie réinvestira à nouveau des secteurs centraux de Lyon et/ou Villeurbanne. Les services de la communauté urbaine se sont prêtés à un calcul hasardeux : si la régie collectait toujours quatre arrondissements lyonnais et la moitié de Villeurbanne et que tous les samedis étaient chômés - ce que ne demandent pas les syndicats - il en coûterait pour la collectivité 3,8 millions d'euros.

29 camions dégonflés

Ce lundi, le président de la communauté urbaine a soufflé le chaud et le froid. Il a d'abord agité la menace judiciaire, déposant un référé contre les responsables syndicaux pour entraves au droit du travail. Avant de le lever quelques heures plus tard, les avertissant qu'il le redéposerait ce mardi si des blocages à nouveau survenaient - ce qu'il a décidé de faire ce mardi matin (lire ici). Il a aussi brandi l'éventualité de prendre des sanctions individuelles contre les agents qui se rendraient coupables de tels faits. Selon lui, jeudi, vendredi et samedi dernier, les grévistes ont empêché les camions d'éboueurs non grévistes de sortir. Et 29 véhicules ont eu leurs pneus dégonflés - ce que les syndicats reconnaissent mezza voce.

"Le conflit a pris un tour inacceptable"

Ce lundi, alors que les élus débattaient du taux d'enlèvement des ordures ménagères, ils se sont emparés de ce sujet. C'est François-Noël Buffet (UMP) qui a porté le fer au nom du groupe Ensemble pour le Grand Lyon. Le sénateur-maire d'Oullins a relayé nos informations selon lesquelles "la brigade financière de la police judiciaire" a ouvert une enquête sur l'affaire de corruption qui profiterait à des entreprises privées du service de collecte des ordures ménagères. Il a aussi pointé une forme de "mépris" de la part de Gérard Collomb à l"égard des personnels. Denis Broliquier (divers droite) a adopté un positionnement bien différent, ciblant les grévistes. "Oui il faut de la fermeté car le conflit a pris un tour inacceptable", proteste le maire du 2e arrondissement. Il regrette que la communauté urbaine ait retiré en cours d'après-midi son référé contre les organisations syndicales. "Le préfet a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas (lire ici). L'avenir ne peut être à la régie", a-t-il conclu.

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"Ni des nantis, ni des privilégiés"

La gauche a mollement pris la défense des personnels. Emeline Baume (EELV) leur a souhaité des "conditions de travail décentes", et "des perspectives de formation et d'accompagnement à la mobilité interne". Willy Plazzi (PCF) a jugé "pas constructif de jeter dans l'opinion publique le salaire et le temps de travail" des agents. "Ce n'est pas non plus constructif pour le dialogue social de poursuivre les syndicats devant les tribunaux". Yves Fournel (groupe GAEC) s'est prononcé pour une "régie publique", jugeant la règle du fini parti "incompatible à long terme avec le service public". Les éboueurs "ne sont ni des nantis, ni des privilégiés, ils doivent être respectés", a-t-il affirmé, se gardant bien de viser par ses propos Gérard Collomb.

"Est-ce qu'on peut faire confiance au service public ?"

Le président de la communauté urbaine a conclu les échanges, expliquant sa volonté de "tenir les dépenses de fonctionnement". Faisant montre d'une agilité intellectuelle certaine, il s'est même érigé en défenseur du service public. "Est-ce qu'on peut faire confiance au service public ? Moi je dis oui, mais c'est à eux de le montrer", a-t-il lancé. Il a dévoilé de nouveaux chiffres hebdomadaires sur le marché dévolu au public avant/après sa réforme : sur les tournées (511 avant, 523 après), sur les tonnes de déchets collectés (191 063 tonnes avant, 183 134 après), sur la population desservie (637 301 avant, 649 794 après). Revenant sur les affaires de corruption, il s'en est tenu à sa ligne de défense : "J'invite tous les agents, s'ils ont connaissance de malversations, de s'ouvrir au procureur de la République - c'est pas à un droit, c'est un devoir pour eux".

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