En grève, plusieurs milliers d'enseignants et de personnels périscolaires se sont rassemblés dans le 7e arrondissement de Lyon jeudi 13 janvier pour dénoncer l'inefficacité des protocoles de l'Education nationale contre le Covid-19 et plus globalement "le manque de moyens" des établissements scolaires.
Jeudi 13 janvier, les enseignants et personnels périscolaires en grève pour dénoncer les multiples changements de protocoles de l'Education nationale contre l'épidémie de Covid-19 se sont rassemblés à Lyon en début d'après-midi devant le bâtiment de l'Inspection académique du Rhône dans le 7e arrondissement. Plusieurs milliers de manifestants étaient au rendez-vous, signe que l'appel à la grève des syndicats a été très suivi dans les établissements lyonnais, comme un peu partout en France. L'académie de Lyon annonçait un taux de gréviste de 36,10% dans le premier degré et 21, 60% dans le second degré. Les syndicats annonçaient des taux de grève plus importants dans les établissements sondés, avec près de 50% de grévistes dans les collèges et les lycées de l'académie selon le SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le secondaire.
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Proches de la tête de cortège avant le départ de la manifestation, Fabienne et Nathalie, toutes deux accompagnatrices d'élèves en situation de handicap, racontent comme la gestion de l'épidémie de Covid-19 par l'Education nationale a provoqué un point de rupture selon elles. "On est en grève contre le protocole anti-Covid-19 qui n'est pas applicable. On ne peut pas faire respecter la distanciation, ni faire porter un masque en permanence aux élèves handicapés dont on s'occupe", raconte Nathalie, salariée en temps partiel à l'école élémentaire Simone de Beauvoir à Saint-Fons. Elle accompagne 13 enfants handicapés qui sont scolarisés dans cet établissement.
Fabienne est elle salariée à Vaulx-en-Velin à l'école Grandclément et s'occupe de "seulement" deux enfants, mais avec un suivi de 18 heures hebdomadaires pour l'un d'entre eux. "Nous sommes à temps partiel. C'est quasiment impossible pour des accompagnatrices d'élèves en situation de handicap d'obtenir un temps plein. Nous sommes salariées de l'Education national et pourtant nous ne touchons qu'entre 700 et 800 euros par mois", indique Fabienne. Pour les deux femmes, la crise du Covid dégrade encore un peu plus leurs conditions de travail déjà difficiles.
"Le temps qu'on fasse remonter une information aux familles il y a déjà un nouveau protocole"
Les enseignants présents dans le cortège dénoncent les mêmes maux : un protocole contre le Covid-19 qui devient inapplicable à force de changements et un manque de moyens chroniques dans leurs établissements. Entre deux chants "Jean-Michel Blanquer tu fous l'école en l'air, ton protocole on en veut pas" qui s'élèvent de la foule, l'élu écologiste Patrick Odiard, enseignant dans le primaire et adjoint de la mairie du 8e arrondissement à l'éducation et vie scolaire, défend ses collègues. "Dans les écoles, les enseignants passent leur temps à gérer des problèmes liés au Covid. L'école devient une garderie pour satisfaire le monde économique. Pour le protocole, le temps qu'on fasse remonter une information aux familles il y a déjà un nouveau protocole qui est mis en place".
En marge du cortège qui s'est élancé dans les rues du 7e arrondissement, Jean-Luc et Grégoire, deux enseignants de l'école Jean Zay dans le 9e arrondissement de Lyon, attendent des collègues à eux. "Comme les autres, on est en colère contre les protocoles contre le Covid-19 qui se complexifient au lieu de se simplifier. On a reçu des attestations seulement hier soir à propos du nouveau protocole. Les syndicats réclament depuis longtemps des masques FFP2 pour les personnels scolaires et il faudrait presque une tente de tests devant chaque établissement pour que les élèves puissent se faire tester", explique Grégoire. Ce jeune enseignant dénonce aussi le manque d'effectifs dans l'Education nationale. "Il y a aussi beaucoup de monde qui est là pour dénoncer les non-remplacements d'enseignants absents par l'Education nationale".
"J'ai été absente pendant 15 jours à cause du Covid et personne ne m'a remplacé"
Au milieu des manifestants qui avancent doucement dans l'étroite rue Jaboulay, un groupe d'enseignantes vient de Vienne. "Il n'y avait pas de manifestation là-bas" rigolent-elles. Elles travaillent dans le groupe scolaire Jean Rostand. Si Vienne est située dans l'académie de Grenoble, le combat est le même. "On en est au 4e protocole sanitaire différent à suivre. C'est un peu le carnage en terme d'organisation", balance Eve. "J'ai été absente pendant 15 jours à cause du Covid et personne ne m'a remplacé", pointe la jeune femme. En zone d'éducation prioritaire, elles ont des petites classes de 14 élèves, mais "comme nos salles de classes sont aussi plus petites, c'est le même problème pour faire respecter la distanciation", glisse Lily.
Selon ces Viennoises, c'est la première fois que leur établissement est entièrement fermé à cause d'un mouvement de grève. "Il y a de la colère contre le manques de moyens et le mépris. On perd 80 euros de salaire à être là. On ne le fait pas de gaieté de coeur", dit Eve. Elle lève sa pancarte vers le ciel : "Pas de moyens, pas de confiance".
Ils dénoncent le manque de moyens mais continuent à servir le système monétaire qui engendre le manque de moyens...
Quand comprendront-ils que l'avenir est à une société qui a dépassé cet usage ridicule de monnaie ?
Lorsque ce sera trop tard ?