La grève des régulateurs métro à Lyon va-t-elle durer plus d'un mois et continuer durant la Fête des lumières 8 décembre ? Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis Lyon revient sur ce conflit qui a débuté le 12 novembre, impactant tous les jours le trafic des lignes de métro. Aujourd'hui, il garantit que cette grève ne perturbera pas la Fête des lumières - 8 décembre.
La grève des régulateurs devrait continuer durant la Fête des lumières - 8 décembre, plusieurs préavis ont été déposés. Aujourd'hui, Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis Lyon, s'engage à ce que ces quatre soirées ne soient pas perturbées, même en cas de grève dure. Lyon Capitale, l'a interrogé sur cette situation.
Lyon Capitale : Que s'est-il passé avant la grève ?
Pascal Jacquesson : Le conflit a débuté il y a trois semaines après un mois et demi de concertation et de travail en commun pour mettre en place avec les régulateurs l'organisation de 2020 (NDLR : avec l'automatisation de la ligne B, lire notre décryptage ici). Nous avons commencé 18 mois avant, et en interne, c'est plutôt apprécié d'associer chacun à la préparation de ce que sera son poste de travail dans l'avenir et comment il va évoluer. Cette concertation nous a permis de converger vers un nouveau dimensionnement de l'organisation pour la ligne B. Nous allons créer 7 postes supplémentaires, mais aussi un vivier de 6 remplaçants / renforts. A l'occasion de ce travail d'échange, nous avons admis que pour des événements particuliers, il y aura un besoin de renforts, et nous avons dit qu'on n'hésiterait pas à mettre ce complément. Nous avons convergé ensemble. Au départ, on imaginait avoir moins de postes, mais le travail en commun qu'on a fait avec les régulateurs a montré la nécessité d'avoir plus de personnes.
Quelle a été la rupture ?
À un moment donné, après un mois et demi, cette concertation n'a pas convenu à la CGT qui a déclenché ce conflit. On ne voyait pas où été le désaccord, tout se passait très bien. Après une semaine de conflit, on a proposé à la CGT un protocole pour en sortir et continuer les discussions que nous réalisions avant, il peut avoir encore des choses à regarder avec eux. La CGT a pris la responsabilité de refuser ce protocole et de continuer le conflit. Très clairement, quand on regarde le calendrier, il y a une arrière-pensée, celle d'aller jusqu'à la Fête des lumières pour faire pression. J'ai pris position et je l'ai fait savoir très clairement : je n'accepterai pas le principe de l'affrontement systématique, ça ne débouchera pas. Pour nous, ça ne peut pas prendre cette forme, on souhaite toujours associer les salariés aux réflexions qui concernent leur travail. On a commencé ces réflexions 18 mois avant la mise en place d'une nouvelle organisation, ça ne se fait pas par un diktat et un bras de fer systématique. Il n'y avait pas de sujet.
Qu'attendez-vous désormais ?
Ils ont un protocole depuis quinze jours entre les mains, où nous nous engageons à augmenter le nombre de postes, le nombre de personnes pour le vivier de renfort, notre ouverture à ajuster le nombre de régulateurs en cas d'événement, la proposition de poursuite des discussions une fois qu'ils auront arrêté la grève, la proposition de travailler main dans la main, mais aussi une confirmation des horaires actuels auxquels ils sont attachés. On a mis tout ça par écrit, pour qu'ils ne pensent pas qu'on joue sur l'oral. Ils ne veulent pas. On a pris une posture très ouverte, on reprend les discussions, on construit le poste de travail ensemble, vous êtes associés à ce que la poste sera demain. Ils se sont enfermés, ou l'ont été par leur organisation syndicale, dans une posture d'affrontement. Ce n'est pas une première et à chaque fois, ça ne se termine par rien de concret, aucune victoire.
La Fête des lumières est-elle menacée par la grève ?
On a des préavis de grève de différentes durées, on s'est organisé et la Fête des lumières sera assurée normalement. Il y aura des bus, métros et funiculaires selon le service prévu, jusqu'à 1h, voire un peu plus. On sait que quand il y a beaucoup de monde nous devons prolonger le service. Assurer la Fête des lumières normalement, c'est une garantie, il n'y a pas de sujet.
Même si les régulateurs décident d'être en grève toute la journée et pas seulement trois fois une heure comme c'est le cas actuellement ?
Oui, on aura le final des intentions de grève 48h avant, mais même dans le pire scénario, nous assurerons un service normal le soir. Selon le niveau de la grève, il pourra y avoir des perturbations le reste de la journée, mais on fait tout pour les minimiser, on prend en compte les besoins de déplacement des gens pour le travail. À priori, ces perturbations ne seront pas majeures.
Certains grévistes clament à propos de cette nouvelle organisation : "nous ne transigerons pas sur la sécurité", que répondez-vous ?
Je n'accepte pas ces propos mensongers qui remettent en cause la sécurité du réseau. Il y a eu une communication de la CGT avec des propos mensongers. On garantit au moins sept postes supplémentaires pour les régulateurs, ce n'est pas un programme d'économie ou de baisse des coûts, bien au contraire. Je n’accepte pas et je ne veux pas laisser dire ça. On envisage de porter plainte y compris au pénal. Il y a deux ans, certains avaient essayé la même chose, ça c'était terminé par un rappel à la loi et une mise à l'épreuve d'un an selon le parquet. Il n'y a pas de raison de laisser faire quand c'est totalement mensonger.
Certains postes comme les contrôleurs ou conducteurs se plaignent d'être aujourd'hui en première ligne face aux clients mécontents...
...Dans la communication que j'ai faite en interne la semaine dernière, j'ai remercié tous les gens mobilisés, les 4460. Ces perturbations ne sont pas faciles à gérer, des volontaires vont sur le terrain au contact des clients pour renseigner, expliquer, guider. Les contrôleurs sont en première ligne comme les conducteurs. La grogne est claire. J'échangeais avec des contrôleurs récemment, c'est une période un peu difficile, il y a une grogne générale, un peu de tension, ça n'a échappé à personne. Je les ai invités à ne pas prendre de risque et à faire remonter les sujets de terrain. Tout le monde est concerné, on mobilise les agents de maîtrise des bus pour remplacer les métros quand ils ne circulent pas. Au passage, c'est une ligne lyonnaise de mettre des services de remplacement, ce n'est pas le cas dans certaines autres villes.
Avoir une grève pour chaque Fête des lumières, est-ce inéluctable ?
Ce n'est plus trop le cas. Je trouve qu'on a une superbe mobilisation. À Lyon, une culture des grands événements s'est développée, notamment avec le grand stade. Nous sommes fiers de ce qu'on a fait durant l'Euro 2016, les gens sont fiers de contribuer à ces organisations, de participer à la fête tout en ayant le sens du service public. Il y a un bel état d'esprit en interne pour les quatre jours qui arrivent.
Vous avez aussi fait un effort financier...
... Oui, il y a une majoration, mais ce ne sont pas les moments les plus faciles. Comme je le disais précédemment, on prolonge parfois le service au-delà de ce qui était prévu. Cette année, nous avons un match la veille du démarrage de la Fête des lumières. Ce sont les mêmes personnes qui seront mobilisées. Ce n'est pas évident et je trouve logique qu'il y ait une majoration.