Grèves des enseignants : une même colère à la veille des régionales

Les enseignants des lycées et collèges ont arpenté le pavé lyonnais, vendredi 12 mars, suite à l'appel national lancé par plusieurs syndicats (dont le SNES, CGT, Sud Education, FO, CNT, etc). Ils étaient 1300 selon la police et 3000 selon les syndicats. Même bataille des chiffres sur le nombre de grévistes : le SNES en a déclaré 50 % alors que le ministère n'en comptabilisait que 13 % à la mi journée. Cette manifestation s'inscrit dans la continuation de mouvements de grève au sein de nombreux établissements scolaires autour du même mot d'ordre : la suppression de postes d'enseignants et la réforme des lycées.

«On ne comprend pas : l'établissement fonctionne bien. Malgré tout, on nous supprime des postes et des heures pour l'année prochaine.» C'est ce qu'on pouvait entendre dans la bouche de bon nombre d'enseignants mobilisés aujourd'hui. L'incompréhension mais aussi la colère face à une logique d'économie qui décourage enseignants et élèves. «On supprime encore deux postes cette année. On répartie ces heures de poste en heures supplémentaires sur les collègues qui n'en peuvent plus.» raconte Stéphane Ubach, enseignant au lycée Jean Moulin (Lyon 5ème) menacé de fermeture. Idem du côté de cette jeune enseignante en SVT au collège Jean Giono à Saint-Genis-Laval : «Chacun aura son planning plein, même les tuteurs. Je ne sais pas comment ils vont y arriver pour aider les élèves en difficultés. Ça va vraiment dégouter tous les profs et surtout les plus jeunes.» Quelques étudiants et élèves, comme François et Reda, élèves de 2nd au lycée Colbert étaient également présents pour dénoncer la fermeture de certaines filières et la diminution de leurs choix d'orientation.

Le dialogue social sclérosé

En tête du cortège défile une poignée d'enseignants du collège Henri-Barbusse de Vaulx-en-Velin, en grève depuis une semaine (voir article). Hier, ils ont rencontré l'inspecteur adjoint d'académie : «Tout s'est bien passé mais il n'a pas répondu aux questions qu'on lui posait. Comme nous n'avions pas de réponse à notre ultimatum, (voir article) une trentaine de collègues ont occupé l'établissement pour montrer qu'on était toujours dans l'action. On attend avec impatience que Mme Christin daigne nous répondre.» Même discours du côté des enseignants du collège Paul Eluard de Vénissieux, en grève la semaine dernière (voir article). Ils ont été reçus par l'inspectrice d'académie, Simone Christin, en compagnie d'autres enseignants de Vénissieux également inquiets pour leur dotation horaire. «Visiblement elle a l'air d'avoir entendu notre discours», confie Laurent Febvre, enseignant du collège «mais elle nous a expliqué qu'il fallait attendre le mois de juin pour espérer décrocher des moyens supplémentaires. Nous, on attendait des réponses immédiates ». Les deux établissements, classés en ZEP, ne font pas exception. La réponse est la même pour l'ensemble des établissements du second degré.

Message fort avant les élections

Le cortège, parti de la place des terreaux, n'a donc pas manqué d'envoyer des délégations dans les locaux du PS et de l'UMP pour alerter les différents candidats : «On a voulu lancer un message politique fort avant les élections régionales.» commente Stéphane Gomez, secrétaire départemental du SNES et lui-même candidat sur la liste de Jean-Jack Queyranne (PS). Au détour d'une banderole, Véronique Moreira, tête de liste d'Europe Ecologie dans le Rhône était également présente pour distribuer des tracts et apporter son soutien à la cause des enseignants.

Selon beaucoup de manifestants, la mobilisation n'est pas prête de se terminer : «Le système est vraiment en train de craquer. Si nous n'avons pas de réponse satisfaisante, il n'y aura pas de doute sur la continuation de la mobilisation.» ajoute Stéphane Gomez. Demain et les jours suivants, plusieurs enseignants devraient tracter devant leurs établissements comme au Lycée La Martinière (8ème) et une nouvelle manifestation est prévue mercredi devant le rectorat.

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