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Grèves : peut-on parler de radicalisation des mouvements syndicaux ?

Blocages de raffinerie, coupures sauvages d’électricité, sabotages de voies ferrées… L’opposition entre les syndicats et le Gouvernement prend des allures de guerre de tranchées. Qui dit guerre dit armes. Celles des syndicats sont-elles vraiment plus radicales qu’auparavant ? Décryptage.

“Je refuse ce terme de radicalisation, c’est un vocabulaire guerrier qui renvoie à des événements tragiques. Beaucoup de gens nous traitent même de “terroristes”. C’est n’importe quoi !” À la question de Lyon Capitale, Laurent Aubeleau, représentant régional de la CGT Cheminots, se fâche rouge. Pourtant, au sens littéral, “radicaliser” ne signifie ni plus ni moins que “devenir plus extrême”. En l’occurrence, il s’agit du processus par lequel un syndicat se rend plus excessif dans ses actions et ses idées. Avec les blocages de raffinerie, les coupures illégales d’électricité et les sabotages sur les rails (dans l’Oise), la question est légitime. Quant à la terminologie “terroriste”, le syndicaliste lyonnais fait probablement référence à Pierre Gattaz, alors président du Medef, qui, lors des grèves de 2016 contre la loi Travail portée par la ministre Myriam El Khomri (second gouvernement Valls), avait qualifié les militants de la CGT de “minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes”. Coulibaly, les frères Kouachi, Abaaoud et les syndicalistes de la CGT dans le même sac… Le patron des patrons avait rapidement fait marche arrière : “Je pense que le mot terroriste est totalement inapproprié dans le contexte que nous connaissons de l’état d’urgence et des attentats.”

Les Lyonnais “pris en otages”

Un autre jargon qui passe mal en ces temps qui courent, c’est celui de “prise d’otages”, qui a refait surface en décembre et en janvier, lors des coupures sauvages d’électricité. Le 17 décembre, 40 000 foyers lyonnais ont été brièvement privés d’électricité, comme à Orléans, à Nantes et en Gironde la nuit précédente. La CGT a revendiqué ces coupures, “liées à la grève”. “Un premier avertissement”, déclarait alors Francis Casanova, délégué syndical central CGT chez RTE (gestionnaire du réseau de transport d’électricité). Rebelote en janvier à Saint-Quentin-Fallavier, où 10 000 foyers n’ont pas eu de courant une partie de la journée, et dans le sud-est de la région parisienne (30 000 foyers). À la CGT de RTE, “on considère que ce n’est pas de la malveillance”.

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