Le pic épidémique de grippe A (H1N1) est-il derrière nous ? Le chef de service des urgences pédiatriques des Hospices civils de Lyon (HCL), Daniel Floret, répond à nos questions. Il est également président du Comité technique national des vaccinations.
- Où en est l'épidémie de grippe A dans le Rhône ?
"Je crois qu'on est probablement un peu au-delà du pic épidémique, en tout cas pour ce qui concerne l'hôpital, les consultations diminuent. Parmi les sujets qui consultent pour syndromes grippaux aux HCL, beaucoup sont négatifs actuellement. Il y a d'autres virus qui circulent, en particulier chez les enfants, le virus de la bronchiolite. En médecine de ville, en revanche, il semble quand même que la circulation du virus H1N1 reste forte. Mais globalement on a amorcé une phase décroissante".
- Certains parlent de la grippe A comme d'une grippette, elle n'aurait pas fait plus de morts que la grippe saisonnière, qu'en dites-vous ?
"Je réponds à ceux-là qu'il faudrait qu'ils viennent voir un peu dans les services de réanimation le type de malades que nous avons admis. Pour ce qui est du nombre de décès, il y en a deux sortes : les décès directement dus à la grippe A et les décès indirectement dus à la grippe A, ceux-là sont dus à d'autres maladies. Mais les décès indirects ne sont pas encore comptabilisés à l'heure actuelle. Ils le seront a posteriori. Alors quand on dit qu'il y a environ deux milles décès par an liés à la grippe, c'est de ces décès indirects que l'on parle. Deuxième point, les décès liés directement à la grippe A (quatre sont survenus dans le Rhône depuis le début de l'épidémie, ndlr) sont complètement inhabituels par rapport à ce qui arrive normalement avec la grippe saisonnière. On a des formes très particulières de grippe cette année, avec des maladies respiratoires graves et qui touchent des sujets d'âges inhabituels. Ce sont des personnes, des enfants et des adultes, dont quinze à vingt pour cent n'avaient pas de facteurs de risques. C'est très spécifique de la grippe A (H1N1)".
- Faut-il continuer à se faire vacciner et doit-on s'attendre à un nouveau pic épidémique ?
"Il est toujours très difficile de prévoir ce qui va se passer en matière de grippe, mais ce qu'il faut savoir, c'est que la première vague de grippe A n'a touché que 10 % de la population pour le moment. Cela veut dire que 90% de la population reste sensible au virus. Il devrait donc y avoir d'autres vagues épidémiques, sauf si on vaccine. Mais est-ce que la deuxième vague aura lieu en févier, en mars ou a un autre moment, cela, on ne peut pas le dire".
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