Comme prévu, la vaccination contre la grippe A a commencé mercredi 21 octobre dans le Rhône. Dans un premier temps, elle concerne uniquement le personnel des hôpitaux publics.
24 000 personnels des hospices civils de Lyon (HCL) sont concernés. Ils sont appelés depuis mercredi 21 octobre à se faire vacciner gratuitement sur leur lieu de travail et sur la base du volontariat. Le but étant d'enrayer la propagation du virus et surtout de protéger les personnes les plus faibles, c'est-à-dire les malades qui viennent consulter le personnel hospitalier chaque jour.
Olivier Robert, médecin du personnel des HCL rappelle que depuis deux mois, seulement cinq cas de grippe ont été signalés chez le personnel de l'hôpital Edouard Herriot, à titre d'exemple. Après prélèvements, aucun ne s'est révélé positif à la grippe A. Mais les choses peuvent changer très vite, selon lui. Bruno Lina, chef du service de virologie des HCL, rappelle qu'"individuellement, les médecins et le personnel des hôpitaux ont peut-être peu de chance de développer des formes graves de la maladie, mais les personnes qui les consultent, elles, sont plus vulnérables".
Les 4 000 praticiens hospitaliers, médecins internes et externes des hôpitaux publics de Lyon sont donc invités à se faire vacciner, mais pas seulement. Il est très important aussi, comme le rappelle le virologue, que les employés administratifs, d'accueil et tout le reste du personnel se fasse vacciner. "Les directeurs et les médecins ne sont pas plus importants que les autres", notait le virologue mercredi matin. Le personnel des hôpitaux dans son ensemble est donc appelé à se faire vacciner pour protéger la collectivité.
50 % de personnes vaccinées pour enrayer l'épidémie
Le but étant d'atteindre au moins 20 % de personnel vacciné aux HCL, selon Olivier Robert. Le médecin du personnel des HCL se base sur la proportion de personnels habituellement vaccinés les autres années contre le virus de la grippe saisonnière. Mais le professeur Lina lui, espère atteindre pour la grippe A, plus virulente, "les chiffres à l'étranger l'ont prouvé, cette grippe-là n'est pas une "grippette", elle est deux fois plus dangereuse, il y a deux fois plus de morts à l'étranger et elle se transmet deux fois plus vite ". Il espère attendire les 40 à 50 % de personnel vacciné ce qui permettrait d'enrayer l'épidémie.
Enfin, contrairement à certaines informations diffusées sur Internet, le professeur rappelle que le vaccin est sans risque. "Les tests cliniques effectués depuis quatre ans l'ont montré", assure-t-il, c'est-à-dire les tests réalisés sur une population témoin. Mais le facteur culturel joue à plein en France. "Le vaccin contre l'hépatite B, accusé de transmettre la sclérose en plaques, a marqué les esprits, y compris parmi la communauté hospitalière", reconnaît le virologue. Ajoutez à cela, les préjugés habituels de la communauté hospitalière, selon Bruno Lina : "les gens se disent qu'en vingt, trente ans de travail à l'hôpital, ils n'ont rien attrapé, ce n'est pas maintenant que ça va leur arriver". Faux selon le spécialiste, pour qui la vraie question est toute autre. "Si on se vaccine, ce n'est pas pour soi, mais pour faire barrage collectivement au virus". Il faudra selon lui du temps pour imposer le principe de "la vaccination altruiste" en France, comme dans les pays anglo-saxons. Le plan de prévention contre la grippe A n'est qu'une première étape en France.
En tout état de cause, après le personnel hospitalier, les médecins libéraux et les personnes à risque seront invités à se faire vacciner à leur tout d'ici deux semaines, toujours sur la base du volontariat. Concernant les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans, les adjuvants rajoutés au vaccin, n'ont pas fait l'objet de tests cliniques par manque de temps. "Par application du principe de précaution, ils ne seront donc pas proposés à ces publics", rappelle le virologue. Le vaccin pour les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans ne contiendra donc pas d'adjuvant et sera disponible mi-novembre.
"Le pic épidémique de grippe en France survient habituellement en février", rappelle Bruno Lina. Dans tous les cas, selon Olivier Robert, médecin du personnel des HCL, "d'ici trois ans, tous les Français auront rencontré le virus de la grippe A, demain, dans quinze jours ou dans six mois, on en sait pas".