Grippe A : les universités lyonnaises envisagent la fermeture

Les universités, qui pourraient devenir de véritables plaques tournantes dans la propagation de l'épidémie, s'organisent déjà pour faire face à d'éventuelles fermetures.

Sur le plan médical, la grippe A n'est, pour le moment, pas bien méchante. Mais les autorités craignent que la pandémie ne paralyse l'ensemble de l'activité économique du pays. Afin d'éviter une telle situation, une seule priorité : freiner la propagation du virus avant l'arrivée des vaccins, probablement en novembre.

Dans ce dispositif, les universités sont en première ligne. Pour les chercheurs, elles constituent en effet " un phénomène multiplicatif très important ", le public jeune étant particulièrement touché par cette grippe. En septembre, les étudiants seront de retour de vacances, pourquoi pas passées à l'étranger. Sans compter que les étudiants constituent une population volatile, qui vogue des bancs de l'université aux bars bondés en passant par les dimanches en famille et le petit boulot de la semaine.

Lyon, deuxième ville étudiante de France est ainsi particulièrement concernée par le phénomène. La ville compte en effet plus de 120 000 étudiants, 80 000 en ne comptant que les universités Lyon I, Lyon 2 et Lyon III. Face à cette pandémie qui menace leur fonctionnement habituel, les universités naviguent pourtant à vue.

" Une situation inédite "

Aucune en effet ne prépare le même scénario. A Lyon III on n'envisage pas pour le moment de fermer plus d'une semaine. Mais alors qu'une telle fermeture constituerait déjà une première, à Lyon I, on préfère " imaginer le plus grave car qui peut le plus peut le moins ", et on envisage une fermeture de deux à trois mois.
Mais en réalité, tout le monde sera mis d'accord par les ministères de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur ou encore de la Santé, qui seuls prendront ce genre de décision. Leur réactivité et la justesse de leur analyse sera au cœur de la réussite, ou non, de la lutte contre la propagation de l'épidémie qui pourrait désorganiser massivement la vie économique et sociale.

En cas de fermeture, les étudiants ne resteront pas sur le carreau. Les plans de continuité prévoient d'une part que les universités continueront à être joignables et, d'autre part, que tout sera mis en œuvre " pour assurer la continuité pédagogique ". Au cœur du dispositif, internet. Les plates-formes de cours et autres facultés virtuelles seront en effet largement mobilisées en cas de fermeture. Seul problème, tous les enseignants ne sont pas prêts à abandonner leurs cours sur la jungle du net.

A l'université Lyon 3 " 60 % des ressources pédagogiques sont déjà en ligne ", selon la responsable hygiène et sécurité. De même à Lyon I, " une majeure partie des enseignants sont d'accord pour mettre leur cours en ligne, même s'il y a certains refractaires ". Reste qu'aucun chiffre n'est disponible. Une incertitude qui pourrait devenir un réel problème si les fermetures étaient amenées à se prolonger, même si les grèves de l'année passée ont constitué un sérieux entraînement de ce côté là.

Des plans de continuité pensés pour la grippe aviaire

Pour éviter que la décision de fermer les établissements ne se traduise par une gigantesque pagaille, les universités lyonnaises s'organisent. Conformément aux consignes des ministères de l'Education Nationale et de l'Enseignement Supérieur, elles ont élaboré des " plans de continuité " destinés à maintenir l'activité des établissements même en cas de fermeture.

A Lyon I comme à Lyon III, l'heure est à la sérénité. On se dit prêt. Pour Robert Abraham, secrétaire général adjoint de l'université Lyon I et en charge de l'élaboration du plan, il est même remarquable que, " pour la première fois, on anticipe le problème. " En effet, depuis 2004, la France s'est dotée d'un plan de pandémie grippale pour faire face, à l'époque, à une éventuelle pandémie de grippe aviaire. Actuellement, c'est donc ce plan qui sert de feuille de route à l'administration.

Ainsi, l'université Lyon I possède un plan de continuité depuis 2006. Il avait été élaboré " dans l'urgence " à l'époque. " On a du faire preuve d'imagination car tout cela était nouveau " se souvient Robert Abraham. Mais l'anticipation semble avoir payé puisqu'il a suffi à l'université de réunir un Comité Hygiène et Sécurité extraordinaire le 11 mai pour mettre à jour le dispositif. Même son de cloche à l'université Lyon III, où le Comité Hygiène et Sécurité s'est réuni le 14 mai.

En revanche, à l'université Lyon 2, le comité ne s'est réuni que le 21 juillet. L'établissement refuse de communiquer sur le sujet, mais le compte rendu du Comité Hygiène et Sécurité du 4 juin ne fait mention d'aucun " plan de continuité ". En l'absence de consignes ministérielles claires, les universités vont chacune à leur rythme.

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