Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, s'est adressé, lundi 28 novembre, aux policiers de la DIPJ de Lyon, près de deux mois après le début de l'affaire Neyret. Le premier flic de France a annoncé une série de mesures pour éviter de nouveaux dérapages. Récit.
Le ministre de l'Intérieur, entourés de Christian Lothion et de Frédéric Péchenard, respectivement directeurs central et général de la police nationale et de Francis Choukroun, nouveau patron de la DIPJ de Lyon depuis le 24 octobre (voir photo) s'est adressé ce matin aux policiers de la direction régionale de la police judiciaire de lyon (DIPJ) pour la première fois depuis le début de l'affaire Neyret (le 30 septembre). "Cela faisait longtemps que nous voulions venir vous voir, leur a-t-il expliqué, mais nous avons préféré laisser passer du temps. Ce qui s'est passé a été une épreuve, un véritable traumatisme. Les personnes mises en cause étaient des personnes avec lesquelles vous travailliez, que vous estimiez et puis, par rapport à la mission de la police nationale qui est de faire respecter la loi, à chaque fois que quelqu'un est suspecté ou sort du droit chemin, il y a une douleur particulière", a commencé le ministre de l'Intérieur.
Claude Guéant leur a annoncé une série de quatre mesures pour "faire évoluer un certain nombre de choses en fonction des événements que nous avons vécu". Avant de lister ces mesures, il a distingué "la faute personnelle" de "la faute à l'occasion de l'exercice du métier". La seconde impliquant selon lui "la prise de risque à l'occasion du contact et du traitement des informateurs". Claude Guéant a annoncé à ce sujet le "renforcement de la formation initiale et de la formation continue des fonctionnaires de police" (1ère mesure), ainsi que "la rénovation du code de déontologie de la police nationale" (2e mesure). "La prise en compte de la réputation du service mérite d'être intégré" a-t-il précisé dans le futur code.
En troisième lieu, Claude Guéant a indiqué qu'il souhaitait créer "une équipe d'appui pour la pratique déontologique" (3e mesure), "des fonctionnaires spécialisés à qui les policiers pourraient s'adresser quand ils ont un doute" afin qu'ils ne soient "pas tout seul". Enfin, Claude Guéant veut "publier un code du traitement des source" (4e mesure) comme il en existe en matière de renseignement, un livret à destination des fonctionnaires pour qu'ils puissent s'y référer lorsqu'ils traitent avec les "tontons".
Claude Guéant a terminé en félicitant les policiers de la DIPJ de Lyon. "Vous avez repris l'action malgré le trouble que vous avez subi et qui hante encore vos esprits. Je voulais vous en remercier, leur a-t-il dit et c'est votre détermination qui va vous amener vers de prochains succès" les a-t-il encouragés. Il s'est ensuite rendu en salle de presse où il a répondu aux questions des journalistes. Interrogé par Lyon Capitale sur l'opportunité d'associer les policiers et en particulier les policiers lyonnais à la rédaction du futur code du traitement des sources, Claude Guéant a répondu que "Christian Lothion sera le maître d'œuvre de la rédaction du futur code de traitement des sources" mais il n'a pas exclu la possibilité d'y associer des policiers de terrain et pourquoi pas "les policiers lyonnais après la crise qu'ils viennent de vivre".
Concernant l'avenir des quatre fonctionnaires de police suspendus de leurs fonctions et placés sous contrôle judiciaire après l'affaire Neyret : le commissaire Christophe Gavat, chef de l'antenne de Grenoble de la DIPJ de Lyon, son adjoint le commandant Gilles Guillotin, le commissaire Aymeric Saudubray, chef de la brigade antigang de Lyon, et un membre de la brigade des stupéfiants de Lyon; le ministre de l'Intérieur a expliqué que les procédures disciplinaires étaient "très dépendantes" des procédures judiciaires mais qu'il espéraient "de tout cœur" que l'issue de celles-ci leur soit favorable, sans pouvoir en dire plus.