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© Alison Pelotier

Guillotière : un manège pour déloger les indésirables

Depuis 30 ans, la mairie du 3ème arrondissement de Lyon, essaye de déloger la place Gabriel Péri des "squatteurs" Maghrébins, Roumains et Macédoniens. Certains seraient responsables d'une liste de délits tels que le «marché sauvage», le vol auprès des commerçants du quartier et récemment la prostitution. Afin de limiter ses trafics, le maire Thierry Philip propose un nouvel aménagement urbain. André Gachet, responsable de l'association ALPIL et Guy Pellet, président du comité des commerçants réagissent.

"Dans ce programme d'aménagement urbain figure trois idées : installer un grand manège, construire un jeu d'échiquier géant et agrandir la terrasse d'un bar" informe Thierry Philip, maire du 3ème arrondissement de Lyon. Objectif de ces mesures proposées au conseil municipal lundi 11 avril : occuper l'espace afin que l'installation précaire des populations étrangères soit difficile voir impossible. En effet, leurs présences et leurs éventuels divers trafics gênent les habitants et les commerçants du quartier. Une politique déjà maintes fois utilisée (jardins, fontaines, bancs), sans succès. Alors pourquoi une telle obstination ?

"Cette proposition est clairement insuffisante mais nécessaire. Et sincèrement, pour ce problème très complexe, je n'en vois pas d'autre. Du moins, pas à mon échelle". Selon Thierry Philip, la meilleure des réponses serait la construction de logements sociaux pour un accueil décent. "Mais je ne suis qu'un simple maire et ceci n'est pas mon rôle. Ces actions dépendent du préfet". En cas d'échec, il n'y a donc aucun plan B, aucun autre projet. "Si la présence policière permanente et les aménagements urbains ne fonctionnent pas, on réfléchira de nouveau sur cette problématique".

Une proposition insuffisante

Réfléchir. Selon André Gachet, responsable de l'association ALPIL (Action Lyonnaise pour l'insertion sociale par le logement), c'est justement ce qu'ils n'ont pas fait. "Je suis étonné qu'on ne renouvelle pas la réflexion après cette série d'échecs !" D'après lui, l'aménagement urbain n'est pas une idée efficace : "il faudrait changer d'approche : un aménagement pour les squatteurs et non contre eux". Mais la solution est encore ailleurs : "il faudrait s'intéresser à ces personnes. La méconnaissance de ces populations entraine une non-identification du réel problème et par conséquent, une absence de solution appropriée". Selon lui, "la politique à court terme d'aménagement urbain ne marche pas ! Elle déplace juste d'une rue le problème. Il faudrait connaître les difficultés et les demandes de ces personnes non-intégrées pour y répondre pleinement. Encore faudrait-il en avoir l'envie pour obtenir, par la suite, les moyens".

Un problème d'intégration ?

L'envie. Ces personnes là ont-elles réellement envie de s'intégrer ? Non, répond Guy Pellet, président du comité des commerçants du 3ème arrondissement : "elles n'ont pas la volonté de travailler et de s'intégrer. Elles veulent seulement profiter des richesses de notre pays avec leurs trafics organisés. Il suffit d'habiter le quartier pour le voir : elles se promènent en belles voitures et mettent 100 euros dans des jeux à gratter". Guy Pellet est donc favorable à l'aménagement urbain : "il n'existe pas une solution magique mais celle-ci reste efficace. Il faut une succession d'opérations pour obtenir un très bon résultat. La plus utile étant la présence policière".

André Gachet, quant à lui, conteste : "je suis sur le terrain depuis les années 80 et j'ai 500 entretiens derrière moi. Je peux affirmer que la majorité de ces personnes souhaitent s'intégrer. Elles transgressent les lois de la République pour survivre et non par plaisir. Le problème est du côté d'une politique sociale défaillante".

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