Une émission de TV a fait beaucoup parler ce mercredi à Lyon, le programme "Face à la rue" de Jean-Marc Morandini sur la chaîne CNEWS. Le maire de Lyon dénonce une "émission réalisée dans le but de stigmatiser le quartier de la Guillotière et ses habitants".
En amont, sur les réseaux sociaux, plusieurs collectifs et associations s'étaient élevés contre cette "parade" qui va "répandre des discours racistes et haineux". L'animateur Jean-Marc Morandini était présent à Lyon ce mercredi pour son émission "Face à la rue" où il recevait le président par intérim du Rassemblement National Jordan Bardella. En plein coeur de la Guillotière.
A la #Guillotière, les Daltons accueillent @J_Bardella et @morandiniblog avec des mortiers d’artifices. Les policiers sont déjà sur place @lyoncap #Lyon pic.twitter.com/dymhQ71E45
— Lyon Capitale (@lyoncap) November 24, 2021
"La tenue de cette émission a engendré des troubles à l’ordre public, nécessitant la mobilisation des forces de police", ont regretté le maire de Lyon, Grégory Doucet, ainsi que les maires du secteur (la Guillotière est à cheval sur le 3e et le 7e), Véronique Dubois-Bertrand (le maire du 3e) et Fanny Dubot (la maire du 7e). "Cette émission a été réalisée dans le but de stigmatiser le quartier de la Guillotière et ses habitants. Le quartier de la Guillotière mérite mieux que cela. S’il connait des problématiques de tranquillité publique, ce n’est pas une « zone de non droit » comme certains ont pu le laisser croire depuis quelques semaines et notamment dans cette émission, encore aujourd’hui", poursuivent les maires.
"Les propos de la part de cadres politiques qui visent à attiser la haine et à stigmatiser, dans une logique électoraliste, sont proprement inacceptables. Nous rappelons que cet emballement médiatique n’aide en rien les habitants du quartier. Halte à la stigmatisation et à l’instrumentalisation : la Guillotière est un territoire de notre ville avec une vie de quartier très riche, où il se passe aussi beaucoup de choses positives et auquel les habitantes et les habitants sont très attachés, à l'image de leur mobilisation de ce matin", ont-ils conclu.
Lire aussi : Lyon : action des "Daltons" à la Guillotière pendant l’émission de Morandini (vidéo)
Au final, ce sont les commerçants qui auront encore moins de clients parce que tout le monde fuira cette petite partie du quartier. Alimentant encore plus la misère.
Et évidemment, aucun n'a de solution sereine face à la misère, puisqu'elle est fabriquée chaque jour par le système qu'ils ne remettent pas en cause.
"Lyon. Guille douce, la Guillotière de mon enfance
La Guillotière au début du XXème siècle - Collection personnelle Claude Villetaneuse
La tribune libre de Justin Calixte. En paraphrasant Enrico Macias, je pourrais chanter : « Ah ! Qu’elle était jolie la Guille quand j’étais p’tit »… La Guille ! C’est ainsi que l’on appelait la Guillotière, quartier éminemment populaire qui pratiquait la mixité sans le savoir. « Français de souche », italiens, espagnols et arabes vivaient plutôt harmonieusement.
Si la bourgeoisie était installée principalement à proximité du quai Claude Bernard ou dans les beaux immeubles de l’avenue Jean-Jaurès, il était courant qu’elle cohabite avec le reste de la population. Dans les années 50/60, on trouvait dans le même immeuble des familles de commerçants, de fonctionnaires, d’ouvriers, de cadres moyens, d’artisans et même de chefs d’entreprise…
Les riverains de la place du Pond subissent chaque jour ce sordide spectacle – Photo La Guillotière en colère
Les enfants jouaient ensemble sur les paliers de la montée d’escalier et se retrouvaient chez l’un ou chez l’autre pour faire leurs devoirs. On allait voir la télé chez le voisin qui en possédait déjà une. Les familles monoparentales n’existaient pratiquement pas. Les seules étaient la conséquence des décès de la guerre. Le divorce était plus que rare. Les riches n’étaient pas très riches et les pauvres tellement nombreux que l’on n’en avait pas conscience.
Les commerces de proximité abondaient. À titre d’exemple, la petite place Jules Guesde regroupait une pharmacie, une boulangerie-pâtisserie, un photographe, une quincaillerie, un fleuriste, un poissonnier, un tripier, un boucher, un charcutier, deux épiciers. Excusez du peu. Il n’y avait qu’un seul petit café.
Depuis les années 2000, le quartier c’est boboïsé, le commerce de proximité a été remplacé par des bistrots ou restos branchouilles. Aujourd’hui, on peut dire : « Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es », À l’époque, ce n’était pas le cas.
Aujourd’hui, la Guillotière s’est non seulement boboïsée mais aussi ghettoïsée et certains coins n’ont plus rien à envier aux quartiers dits sensibles de la périphérie lyonnaise.
Abandonné par la mairie écologiste, le quartier est devenu une zone de non droit. Les riverains et commerçants déplorent l’absence en continu des policiers municipaux et nationaux
La place du Pont, mais pas que, étant le plus abominable exemple. Cette place du Pont, devenue place Gabriel Péri, cette place où trônait le Prisunic et où une flopée de camelots persuasifs me fascinaient, je l’ai bien connue puisque j’ai habité ce quartier de 1950 à 1966.
J’ai traversé ce lieu des milliers de fois pour me rendre à l’annexe Saxe du lycée Ampère ou chez les louveteaux de la paroisse Saint Louis ou encore en fréquentant les cinémas comme le Cinémonde ou le Gloria quand je délaissais l’impressionnante salle du Comoedia.
De 1969 à 1973, mes bureaux étant situés rue Auguste Lacroix derrière l’ex-Eldorado, je me garais rue Paul Bert tous les jours. Je n’ai jamais éprouvé la moindre peur, excepté peut-être au début des années 60 quand les luttes de pouvoir entre le FLN et le MNA engendraient des fusillades qui obligeaient les commissariats à se protéger derrière des sacs de sable.
Le quartier et son marché clandestin sont devenus une déchetterie à ciel ouvert.
Aujourd’hui, j’hésite à deux fois avant d’emprunter le cours de la Liberté ou la rue de Marseille et je ne me risquerais plus rue Moncey ou rue Paul Bert. Pour tout dire, mon ex-quartier m’est devenu étranger. Étranger ! C’est le mot.
Et je crains que les calamiteuses élections municipales de 2020 où les abstentionnistes irresponsables ont propulsé à la tête de la métropole et de la ville une cohorte d’idéologues mal élus (l’ultra gauche verte fait comme si elle n’était pas ultra minoritaire à Lyon) ne permettent avant longtemps de retrouver ma Guille d’antan.
Votre témoignage illustre le temps qui passe, à la Guille et malheureusement comme dans bien des endroits. J'ai vu des familles pleurer lorsque les tours des Minguettes ont été dynamitées car elles avait le souvenir du temps passé où tout le monde vivait en harmonie.
Le monde nouveau, empli de "woke" et de "cancel culture" prétend défendre les minorités, mais c'est à ce demander si ce n'est pas une bataille pour prendre le pouvoir ?
Ce gâchis me rend triste !
Quels analystes totalement déconnectées ! 😀
- dans les années 50, 60, la ségrégation existait déjà entre les rues "avec les beaux immeubles", et les maisons qui n'ont pas évoluée ni en qualité ni en hygiène, dans le quartier de la guille.
La mixité sociale ? Du vent.
La classe moyenne était tolérée pour servir la classe plus riche, mais les pauvres étaient déjà là et la misère créait déjà des problèmes. Seulement il ne fallait pas en parler car au pouvoir, il y avait les copains, et "pour ne pas faire perdre de la valeur à l'immobilier", il faut se taire.
Lyon, la ville où règne le "surtout pas de vague".
Quant à la remarque sur "la joie d'habiter dans les tours de Venissieux", là encore, un problème immobilier, car une fois passée l'euphorie du mieux être par rapport aux bidons villes (car dans les années 50-60 etc, rêvée par certains nostalgiques du temps de la colonisation, idéologues totalitaristes), il y avait des bidons villes, malgré les "30 glorieuses" (30 calamiteuses).
Mais ces tours "neuves" ne le sont pas restées longtemps car fabriquées avec des matériaux "pas cher", parce qu'une promiscuité où ça devient vite invivable d'entendre chaque voisin vu la qualité des matériaux, parce que l'entretien coûte cher une fois de plus, et que ce n'était pas aux locataires d'investir.
Le FRIC, le FRIC et encore le FRIC.
Bref, vos commentaires ne sont qu'une suite de "cancel culture", écrite avec l'idéologie de droite conservatrice hors sol qui mène toujours le monde dans... le mur et le chaos. Parce que contrairement à ce qu'elle veut faire croire, elle a toujours le pouvoir : économique.
Quelle image de Lyon est ainsi montré à toute la France.
C'est effectivement une bien triste image que celle donnée par cette émission.....
..... mais la politique de l' autruche n' a jamais évité le danger...
..... pas plus que la politique du cache-misère n'a remis à neuf les haillons qu'il recouvre..
Pour moi c'est une piqûre grammaticale administrée aux édiles que leur orgueil surdimensionné maintiendra droit dans leur bottes, mais au moins cette fois-ci le problème est sur la place publique, ce qui en période d'élection n'est jamais tout à fait inutile.
Lyon n'a rien a envier à Paris : La Chapelle, Stalingrad, Goutte d'Or, Barbes.. etc. "Le poisson pourrit d'abord par la tête"
J ai pu intervenir , riverain j habite depuis 30 ans à côté de l église St André ; un peu par surprise j ai pu quelques sans être interrompu dire que la Guillotière ce n était pas un coupe gorge ni l'enfer sans nier les problèmes et en argumentant
Hélas les autres intervenants avaient été choisis pour conforter le monologue de J.Bardella sur les zones de non droits etc
Un regret je me suis senti bien seul pour faire entendre la voix des riverains qui vivent bien à la Guillotière,sans nier les problèmes actuels
"je me suis senti bien seul" Et vous n'étiez donc pas accompagné de la maire du 7° Fanny Dubot ?
Elle, on se demande quelles sont ses priorités ??