Malgré la crise, le m2 a continué de flamber dans l'agglomération. Gérard Collomb souhaite faire émerger une offre de "logements abordables". Pour ce faire, la collectivité acquiert et revend des terrains à prix doux. Mais les promoteurs suivent-ils ?
+ 26% en six ans. Pendant la crise, les prix de l'immobilier neuf n'ont pas cessé d'augmenter dans l'agglomération, de 2820 euros le m2 en moyenne en 2005 à 3600 euros le m2 en 2011. Certes, des hausses plus importantes ont sans doute été enregistrées, à d'autres époques. Mais la période ici étudiée correspond à la crise qui, dans l'immobilier, s'est fait ressentir dès 2007. Cette augmentation interroge donc.
Trop d'investisseurs, pas assez d'acquéreurs utilisateurs
Dopé par la loi Scellier, l'investissement locatif a été durant les années de vaches maigres un puissant moteur d'activité. Mais le dispositif de défiscalisation perd aujourd'hui en attractivité (réduction d'impôt de 13%, contre 25% initialement). Certes, les ventes lors des quatre premiers mois de l'année sont au même niveau que l'an dernier, à la même époque. Mais ce sont surtout les bailleurs sociaux qui ont pris le relais de l'investissement privé. Les professionnels espèrent surtout que les acheteurs utilisateurs (qui habitent leur bien) rappliqueront. "Des quartiers qui n'auraient que des investisseurs auraient une sociologie volatile", souligne Gérard Collomb, au cours d'un point presse ce jeudi.
Se pose donc avec acuité la question du prix. "On doit avoir une action pour maîtriser cette augmentation", admet le président de la communauté urbaine. Comment ? Certains dispositifs nationaux y contribuent, comme le prêt à taux zéro ou la TVA réduite à 7% en zones ANRU (1). De son côté, la collectivité peut agir en achetant du foncier et en le cédant à prix doux. Entre 2008 et 2011, la Grand Lyon a ainsi acquis 386 millions d'euros de terrains. C'est ainsi que la Duchère a pu sortir des programmes extrêmement attractifs, à 2500 euros le m2.
Se pose toutefois la question de la marge engrangée par les promoteurs : il serait fâcheux que le manque à gagner consenti par la collectivité lors de la cession de ses terrains serve surtout à enrichir les constructeurs. Président départemental de la fédération des promoteurs immobilier, Frédéric Marchal assure que la marge est "modeste" et s'établit à 7 voire 8%. "Si le promoteur ne gagne pas, il préfère faire des boites à chaussures plutôt que des logements", ajoute-t-il.
Les opérations à venir : Confluence, Carré de Soie et Villeurbanne
Le président de la communauté urbaine explique qu'une définition "du logement abordable" reste à être établie. Ce pourrait être un pourcentage de baisse par rapport au prix moyen pratiqué dans chaque secteur, par exemple - 20%, et qui concernerait une part des appartements mis en vente. Gérard Collomb a pointé les prochaines opérations à la vente : la 2e phase de la Confluence, le 7e arrondissement (notamment Gerland), Carré de Soie et Villeurbanne (Gratte Ciel nord et St-Jean). Il relève aussi que certains quartiers sont appelés à se densifier, comme Bellecombe, derrière la Part-Dieu, où l'on compte nombre de résidences à un ou deux étages. A la différence de Paris, Lyon n'est pas freinée dans son développement résidentiel. Comme l'explique Frédéric Marchal, 150 000 nouvelles familles sont attendues dans l'agglomération d'ici à 2030.
---
(1) Agence nationale pour la rénovation urbaine