Le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, est dans la tourmente, entre sa comparution devant le tribunal de Paris vendredi 6 janvier et sa plainte déposée contre deux alpinistes qui ont bivouaqué au sommet du mont Blanc.
Connu pour ses coups de sang, Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais, petite ville de 5 000 habitants blottie au pied du mont Blanc, n'en finit pas de faire parler de lui. Grand défenseur du mont Blanc, dont Saint-Gervais est l'une des voies d'accès pour l'ascension par la voie normale, Jean-Marc Peillex est aujourd'hui la cible de critique d'acteurs de la montagne.
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Pour comprendre pourquoi le maire de Saint-Gervais s'engage autant — parfois avec véhémence, il a notamment traité le préfet de Haute-Savoie de "faux-cul" — il faut revenir un peu en arrière.
À qui appartient le mont Blanc ?
En 1946, à la suite de travaux du service des cadastres, le préfet de Haute-Savoie prend un arrêté délimitant les communes de Chamonix, des Houches et de Saint-Gervais : le secteur du Dôme du Goûter et du Mont-Blanc est alors partagé entre les communes de Saint-Gervais, des Houches et de Chamonix. Le sommet est, quant à lui, considéré entièrement en territoire français et est partagé entre Saint-Gervais et Chamonix.
Dans leur livre À qui appartient le mont Blanc ?, paru en 2013, Christian Mollier, guide, et Paul Guichonnet, historien, expliquent, quant à eux, que le mont Blanc est "la propriété indivise et mitoyenne de la France (commune de Chamonix) et de l'Italie (commune de Courmayeur)."
"J'ai mis le doigt où ça fait mal, du coup je deviens la tête à abattre", Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais à Lyon Capitale
Le maire de Saint-Gervais fait aujourd'hui parler de lui pour deux affaires distinctes. Dans un premier temps, il est convoqué au tribunal de grande instance de Paris vendredi 6 janvier. L'autre affaire concerne son dépôt de plainte, il y a quelques jours, contre deux alpinistes qui ont bivouaqué illégalement au sommet du mont Blanc.
Premier volet, vendredi : Jean-Marc Peillex comparaîtra pour diffamation à l’encontre de l’Association France nature environnement de Haute-Savoie et sa présidente Anne Lassmann Trappier. Des faits qui remontent au mois de février 2021 lors d’un conseil municipal.
Et c'est dans un drôle de communiqué de presse que Jean-Marc Peillex, également conseiller départemental du Mont-Blanc, annonce la date de son jugement. L'édile s'y dit victime de ce qu'il dénonce lui-même comme un "Peillex bashing" ou le "dénigrement de Peillex". Il s'exprime en se positionnant en victime ou coupable : "Mince j'ai encore diffamé ! C'est ma faute, ma très grande faute, je suis impardonnable !".
#saintgervais #montblanc #peillexbashing par #fne74 pic.twitter.com/01bDtP7Yho
— Jean-Marc PEILLEX (@PEILLEX) January 3, 2023
Lors du fameux conseil municipal du 10 février 2021, filmé et retranscrit sur Facebook, le maire de Saint-Gervais accusait l’association FNE d’avoir agi en faveur "d’intérêts personnels" et dénonçait "l’utilisation à des fins personnelles de fonds publics". Dans son communiqué, le maire explique qu'il est devenu leur "Tête de Turc" parce qu'il a mis en avant "la partialité" de l'association.
Contacté par Lyon Capitale, Jean-Marc Peillex revient sur cette affaire : "J'ai mis le doigt où ça fait mal, du coup je deviens la tête à abattre". Alors que l'histoire est partie d'insinuations autour d'un permis de construire en 2016, le maire s'estime être "droit dans ses bottes", et évoque le fait que "le département a aussi coupé les ponts avec l'association".
Le syndicat interprofessionnel de la montagne évoque les "débordements judiciaires du maire"
Deuxième volet. Le maire de la commune de Haute-Savoie est également pris dans une autre tourmente. Il y a quelques jours, la mairie de Saint-Gervais a porté plainte contre deux alpinistes ayant bivouaqué au sommet du mont Blanc cet automne. Le syndicat interprofessionnel de la montagne (SIM) a immédiatement lancé une pétition le 31 décembre dernier pour dénoncer "une escalade entreprise de longue date". Selon le SIM, "Jean-Marc Peillex utilise ’’sa’’ voie normale du Mont-Blanc comme tremplin politique et médiatique et fait tapage de tout et n’importe quoi, sans discernement, ni mesure, ni cohérence".
La pétition a recueilli près de 1 000 signatures (en date du 3 janvier). Le SIM évoque "des débordements judiciaires du maire" à répétition. Aux yeux de ces acteurs de la montagne, "cette ascension en autonomie hors saison d’ouverture des refuges est loin d’être scandaleuse", rapportait Le Figaro. "On se demande quel est l'impact écologique d'un bivouac solitaire au Mont-Blanc à cette époque de l'année", explique le comité.
Bivouac interdit au sommet du mont Blanc
Pour rappel, en vertu d'un arrêté préfectoral de 2020, il est interdit de bivouaquer sur le toit de l'Europe, où quelques 20 000 personnes s'y aventurent chaque année. Camper dans une zone protégée (le site est classé est un délit au regard de la loi, pouvant aller jusqu'à trois ans de prison et 150 000 euros d'amende.
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Les deux alpinistes ont posté une vidéo de leur bivouac à 4 807 mètres d'altitude. Une vidéo qui n'est donc pas passée inaperçue auprès de la mairie. "Quand j'ai appris l'existence de cette vidéo, j'ai porté plainte, explique le maire de Saint-Gervais. Si je ne le faisais pas, je devenais complice. Donc aujourd'hui, je fais mon rôle de maire et par ce biais, j'essaye de protéger les habitants, ainsi que la commune." L'édile rappelle que le mont Blanc est un site classé depuis 1950 dans la réglementation d'urbanisme et que l’arrêté de protection des habitats naturels a été signé par les guides de montagne. "Ce sont même les guides qui ont déterminé le périmètre de protection, donc je ne vois pas pourquoi je suis en tort en appliquant la loi", ajoute-t-il.
Pour l'heure, la plainte est instruite par les gendarmes pour être ensuite transmise au parquet.
Les explications sur la 1ère affaire ne sont pas très claires...
Le benêt de service va aussi expliquer les problèmes liés aux responsabilités territoriales en passe d'être jugées.