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Sandrine Runel pourrait l’emporter dans la 4e circonscription (© Antoine Merlet)

Hébergement d'urgence à Lyon : "On n'a aucune réponse de l'Etat", déplore Sandrine Runel

Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon en charge des solidarités fait le point sur la situation de l'hébergement d'urgence à Lyon et appelle à des discussions avec les services de l'Etat.

Ce mardi, la Ville de Lyon a annoncé qu'elle prendrait en charge deux semaines d'hébergement à l'hôtel pour 94 personnes dont 56 enfants, actuellement mis à l'abri dans des écoles de la capitale des Gaules avec l'aide du collectif Jamais sans toit. Une mesure d'urgence à 40 000 € en forme de dépassement de fonction devenu habituel face à la crise sans précédent du système d'hébergement d'urgence et au manque de logements sociaux.

Saluée, cette initiative laissera néanmoins 33 enfants sans solution selon le décompte de Jamais sans toit qui comptabilise au total 89 enfants dormant chaque soir dans des établissements scolaires et au CCVA de Villeurbanne. "Certains comités de soutien s'apprêtent à vider les cagnottes solidaires", précise Juliette Murtin de Jamais sans toit. C'est le cas à l'école Servet où les parents vont débourser au total 3 000 € pour offrir 18 nuitées à cinq enfants sans solution.


"Tout ce que nous avions, tout a été mis à disposition pour en faire des lieux de solidarité"

Sandrine Runel, adjointe aux solidarités de la Ville de Lyon

Squat à Caluire-et-Cuire, église du Saint-Sacrement occupée depuis une dizaine de jours, recours contre l'Etat, l'adjointe aux solidarités (PS) de Grégory Doucet, Sandrine Runel, fait le point sur la situation de l'hébergement d'urgence à Lyon.

Lyon Capitale : 13 écoles sont aujourd'hui occupées à Lyon, quelle est la nature de vos relations avec les services de l'Etat ces sujets ?

Sandrine Runel : Aucune. Il n'y a aucun échange avec la préfecture, on n'a aucune réponse de l'Etat. Le maire a écrit à Emmanuel Macron, nous n'avons toujours pas eu de réponse officielle. J'ai sollicité l'Offi (Office français de l'immigration et de l'intégration, Ndlr) pour quatre familles mises à l'abri dans nos écoles qui sont en demande d'asile et qui doivent être pris en charge, comme la loi le prévoit, le temps de l'étude de leur demande. Mais je n'ai pas de réponse.

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Le maire de Lyon a engagé un recours contre l'Etat pour qu'il assure ses obligations en matière d'hébergement d'urgence, quel en est l'objectif ?

Le premier c'est d'être remboursé des dépenses que l'on a engagé pour accompagner les familles qui sont à la rue. Le deuxième, c'est d'obliger l'Etat à créer de nouvelles places d'hébergement d'urgence. La phase du recours gracieux est passée, on est en contentieux depuis décembre devant le tribunal administratif.

Fin octobre, le squat Pyramide a été évacué, à deux jours de la trêve hivernale. Une partie des occupants a trouvé refuge dans un bâtiment de la Ville situé à Caluire-et-Cuire, quelle est la situation aujourd'hui ?

Entre 60 et 80 personnes y vivent actuellement. J'y suis allée plusieurs fois, le bâtiment n'est effectivement pas en très bon état mais il ne présente pas de péril imminent. Le maire de Caluire avait pris un arrêté pour les évacuer du fait de la dangerosité, les habitants l'ont contesté et le tribunal administratif, après rapport d'expertise, a jugé qu'il n'y avait pas de dangerosité et que les personnes pouvaient y rester. Nous, on ne demandera pas l'expulsion avant la fin de la trêve hivernale. Un appel à manifestation d'intérêt sera lancé au printemps pour la reprise du bâtiment, on verra le temps dont pourront disposer les occupants.

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squat caluire
Le bâtiment dans lequel se sont réfugiés une partie des anciens du squat Pyramide s'était en partie effondré en 2017. (@Doc Lyon Capitale)

Au moment de l'arrivée des premiers habitants, les collectifs réclamaient une convention d'occupation, est-ce toujours à l'ordre du jour ?

Nous attendions d'abord de savoir si le bâtiment ne présentait pas de risque immédiat. Nous n'allions pas faire de convention si l'arrêté de la Ville de Caluire était validé. Maintenant que l'on sait que les occupants sont à l'abri, nous reprendrons ces discussions début 2024.

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L'église du Saint-Sacrement dans le 3e arrondissement est elle-aussi occupée depuis le 8 décembre. Le diocèse qui ne souhaite pas demander l'intervention des forces de l'ordre invite les responsables politiques à trouver une solution, où en est-on ?

On a effectivement espéré qu'il y ait un rendez-vous avec la préfecture au début de l'occupation mais il n'a pas eu lieu. Il faut se rendre compte qu'après les écoles et les gymnases, on en vient à occuper des églises. Nous avons envoyé un courrier vendredi pour faire la demande au diocèse et à la préfecture de se rencontrer pour trouver une solution. Nous sommes prêts à mettre à disposition un gymnase en urgence.

L'hébergement d'urgence n'est pas votre compétence, mais certains vous reprochent d'avoir beau jeu de reprocher à l'Etat de ne pas faire assez et de ne pas faire plus vous-même puisque vous affirmez que vous êtes engagés sur le sujet...

Nous avons déjà fait énormément, nous avons déjà mis un certain nombre de bâtiments à disposition. Au dernier conseil municipal, nous avons transféré 13 biens au CCAS, en cours de reconventionnement avec des associations. Tout ce que nous avions, tout a été mis à disposition pour en faire des lieux de solidarité. Des appartements ont été confiés à Habitat & Humanisme pour qu'ils soient rénovés pour en faire de l'hébergement d'urgence puis du logement. Il y a une forte volonté de notre exécutif. Tout ce qui nous reste, ce sont les gymnases, mais ça reste de l'humanitaire.

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