Sandrine Runel, adjointe aux solidarités à la Ville de Lyon, est l'invitée de 6 minutes chrono pour évoquer l'évacuation du squat pyramide.
Une semaine après l'évacuation du squat "pyramide" à Gerland, la Ville de Lyon et son adjointe Sandrine Runel ne digèrent toujours pas la décision de la Préfecture : "Cette évacuation a été organisée deux jours avant le début de la trêve hivernale sans aucune concertation et sans aucune discussion avec la ville de Lyon. Alors qu'effectivement nous étions toujours en alerte et en demande de pouvoir coordonner la mise en place de l'évacuation (...) Il y avait une décision de justice qu'il était nécessaire de respecter et ça à aucun moment nous l'avons remis en cause. Par contre ce que nous avons effectivement critiqué c'est la manière dont elle a été organisée sans concertation avec la ville de Lyon ni avec ses élus. Et puis sur le fait qu'il n'y ait aucune solution de relogement qui a été proposée aux habitants de ce squat".
Alors que l’hiver approche, Sandrine Runel demande l’ouverture de place d’hébergement d’urgence : "Il est nécessaire aujourd'hui de créer de nouvelles places d'hébergement d'urgence. On le voit bien à Lyon mais on le voit bien aussi dans les autres villes. Nous ne passerons pas l'hiver, nous n'arriverons pas à tenir. Il y a des temps, des campements, des squats qui se multiplient. Donc il faut aujourd'hui que l'État et les collectivités veulent bien y contribuer par ailleurs. Et nous sommes les premiers à l'hier à la ville de Lyon. Il faut que de nouvelles places d'hébergement d'urgence se créent. Et c'est également le sens du recours que nous avons déposé contre l'État".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Sandrine Runel
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui nous accueillons Sandrine Runel. Vous êtes adjointe aux Solidarités à la ville de Lyon. On vous a invité pour revenir sur l'expulsion du squat de la pyramide à Gerland qui a eu lieu la semaine dernière. Il y avait plus d'une centaine de personnes qui vivaient dans ce squat qui a été évacué par la préfecture quelques jours avant l'entrée en vigueur de la trêve hivernale. Une expulsion qui a plutôt agacé à l'hôtel de ville. En quoi elle vous a gêné cette expulsion alors que vous l'avez plutôt demandé, ce qui est paradoxal ?
Cette évacuation a été organisée deux jours avant le début de la trêve hivernale sans aucune concertation et sans aucune discussion avec la ville de Lyon. Alors qu'effectivement nous étions toujours en alerte et en demande de pouvoir coordonner la mise en place de l'évacuation.
Parce qu'elle était nécessaire l'évacuation ?
Elle était nécessaire cette évacuation et puis il y avait une procédure judiciaire qui avait été engagée. Il y avait une décision de justice qu'il était nécessaire de respecter et ça à aucun moment nous l'avons remis en cause. Par contre ce que nous avons effectivement critiqué c'est la manière dont elle a été organisée sans concertation avec la ville de Lyon ni avec ses élus. Et puis sur le fait qu'il n'y ait aucune solution de relogement qui a été proposée aux habitants de ce squat. Plus de 200 personnes qui étaient encore là quand même le lundi de l'évacuation. Et à deux jours de l'hiver on voit bien que de toute manière ce ne sont pas des méthodes à appliquer pour respecter la loi et respecter le relogement de ces personnes.
Mais il y avait urgence à agir puisque vous-même vous aviez fait un signalement au procureur de la République en vertu de l'article 40. Parce que vous étiez au courant qu'il y avait des agressions sexuelles, des trafiquants de tous genres.
Il y avait urgence. Notre signalement il date quand même du mois de mars. Depuis, pas de son, pas d'image, aucune réaction de la préfecture. En tout cas à notre connaissance pas de réaction non plus de la justice sur ce signalement là. Depuis les choses avaient quand même aussi beaucoup évolué, beaucoup bougé. Nos travailleurs sociaux, les agents du CSS ont retourné sur place, je m'y suis moi-même rendue. Et depuis quand même l'été et le mois de septembre notamment, nous avions des garanties sur le nouveau fonctionnement de ce squat. Mais encore une fois notre signalement il date du mois de mars et il ne s'est rien passé entre le mois de mars et le mois de novembre.
Mais les problèmes étaient réglés ?
Alors on ne sait pas si les problèmes étaient réglés, nous ne sommes pas là en permanence. En tout cas oui, une partie des problèmes étaient réglés. Plus de signalement sur des violences sexuelles qui auraient pu être pratiquées à l'intérieur de ce squat. Plus de personnes qui dormaient dans les caves et ça nous avons pu en attester. Donc une partie des problèmes en tout cas ont été réglés. Ce que nous on demandait par contre c'est qu'il puisse y avoir le relogement et la prise en charge. Notamment des familles qui étaient avec des bébés en bas âge et qui n'ont pas été pris en charge. Ils ont été relogés huit jours par la préfecture dans des hôtels. C'est un relogement. En quoi ça vous convient pas ? En fait ils ont été pris en charge très rapidement, huit jours, dans des hôtels à Belleville, à Saint-Etienne. Qui ont été quand même aussi compliqués sans délai de prévenance pouvoir orienter les personnes vers ces hôtels là. Nous ce qu'on demandait c'est qu'il y ait un relogement pérenne. En fait ce sont des familles qui ont le droit d'être prises en charge. Il y a un droit inconditionnel à l'hébergement. Il y a des gens qui travaillent. Et on voit bien que le débat sur l'immigration a commencé avec la question de la régularisation des personnes qui sont employées dans des métiers en tension. Et c'est le cas de beaucoup des habitants de Pyramide. Donc voilà, nous ce qu'on demandait c'est qu'il y ait un relogement pérenne qui soit pris en charge par la préfecture, par les services de l'État, qui sont les services compétents.
Mais ces logements pérennes, ils n'existent pas aujourd'hui.
Ce sont des places d'hébergement d'urgence et ce sont des places d'hébergement d'urgence que nous devons créer. Nous savons bien que nous n'allons pas y arriver. Il est nécessaire aujourd'hui de créer de nouvelles places d'hébergement d'urgence. On le voit bien à Lyon mais on le voit bien aussi dans les autres villes. Nous ne passerons pas l'hiver, nous n'arriverons pas à tenir. Il y a des temps, des campements, des squats qui se multiplient. Donc il faut aujourd'hui que l'État et les collectivités veulent bien y contribuer par ailleurs. Et nous sommes les premiers à l'hier à la ville de Lyon. Il faut que de nouvelles places d'hébergement d'urgence se créent. Et c'est également le sens du recours que nous avons déposé contre l'État.
Vous, la ville de Lyon mettez régulièrement à disposition des gymnases. Vous en avez listé combien que vous pourriez mettre à disposition cet hiver ? Vous pourriez accueillir combien de personnes ?
Alors là il y a effectivement la question des gymnases mais nous ne souhaitons pas transformer tous nos équipements sportifs en centres d'hébergement d'urgence. La ville de Lyon depuis le début du mandat... Souvent c'est irréversible en plus. Souvent c'est compliqué à gérer. Mais depuis le début du mandat, la ville de Lyon aujourd'hui a mis 350 places de son propre chef à disposition pour héberger des personnes. Des fois en partenariat avec l'État, des fois seuls. Nous avons aussi des sites en gestion propre. Aujourd'hui il y a des gymnases qui sont fléchées en cas de catastrophe naturelle et puis pour la période hivernale également en cas de grand froid. On a six gymnases aussi aujourd'hui qui pourraient donc être réquisitionnés par les services de la préfecture. Il y a aussi d'autres bâtiments qui pourraient l'être. Nous ce qu'on demande c'est qu'il y ait un travail de concertation et de collaboration qui soit mis en place avec les services de l'État parce que la situation est dramatique et aujourd'hui on est seuls face à cette situation.
Pour vous la préfecture ne veut pas ces solutions temporaires ?
Non, aujourd'hui la préfecture l'a annoncé très clairement et la réponse de la préfète a été s'il joue 500 places elles seront pleines ce soir. Oui bien sûr mais ce sera 500 personnes qui seront à l'abri. Donc nous ce qu'on demande en fait c'est que la préfecture crée des places et la préfecture le refuse. Une partie donc des personnes qui ont été expulsées du squat pyramide ont été relogées à l'hôtel. D'autres sont déjà reparties dans des squats ? Oui elles sont reparties dans des squats. On sait très bien que quand on trouve pas de solution pour les personnes on évacue en squat mais on ancre un autre derrière et donc évidemment des personnes qui habitaient pyramide sont allées squatter d'autres bâtiments soit ont les squatter ailleurs accompagnées évidemment par des collectifs parce que c'est toujours mieux que la rue donc oui elles sont dans des squats pour éviter d'être à la rue.
"Nous ne passerons pas l'hiver" pour qui ?