Dans le Rhône, l’État a décidé de reconduire le dispositif de renfort hivernal déployé l’an dernier. Du 1er novembre 2019 au 31 mars 2020, ce sont 1 200 places qui seront mobilisées pour accueillir les personnes vulnérables.
Chaque hiver, pour faire face aux vagues de froid, les pouvoirs publics prévoient une veille saisonnière durant laquelle un plan hivernal vient renforcer l’offre d’hébergement pérenne, déjà mise en place dans le cadre de la politique d’hébergement d’urgence de l’État.
Une mise à l’abri des personnes vulnérables et une sortie de la pauvreté
Cette année, 1 200 places sont mobilisées dans le département, soit une hausse de 26% par rapport à 2014. L’ouverture des places se fera plus rapidement que l’an dernier : 742 places d’ici le mois décembre, contre 472 en décembre 2018. Elle se fera toutefois de manière progressive, les structures d’hébergement ayant besoin de subir des ajustements, à l’image du centre d’hébergement d’urgence situé dans les anciens locaux de la Ligue de football professionnel à Villeurbanne ayant généré 300 000€ de travaux.
Ce renfort hivernal est destiné à assurer une mise à l’abri des ménages en situation de grande vulnérabilité, notamment les familles avec de très jeunes enfants et les personnes atteintes de pathologies importantes. Selon les chiffres fournis par la Maison de la veille sociale (MVS), 980 personnes rentrent dans les critères cet hiver. L’hébergement d’urgence s’inscrit dans une logique d’accueil, mais répond surtout à un objectif global de sortie de la pauvreté : les structures d’hébergement accompagnent les bénéficiaires et travaillent à leur réinsertion. Évoquant le dispositif d’insertion, Pascal Mailhos, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes et préfet du Rhône, parle de 417 logements qui accueillaient déjà des personnes au 30 septembre 2019 (sur un objectif de 632).
Améliorer la "fluidité de l’insertion"
Si le budget de l’État consacré à la politique d’hébergement augmente (65 millions d’euros en 2019 contre 39 millions en 2014 soit une hausse de 67%) et le nombre de places disponibles aussi, les pouvoirs publics et leurs partenaires font face à des difficultés. Pascal Mailhos soulève un problème inquiétant : le délai d’attente pour entrer dans le dispositif d’hébergement a doublé entre 2016 et 2019. "On a détérioré le délai d’entrée dans le dispositif d’urgence alors que le nombre de places augmente donc le problème c’est pas les places (…) c’est le délai d’entrée qui pause soucis et si le délai est long c’est parce que l’insertion derrière n’est pas efficace" précise le préfet, ajoutant que l’objectif pour l’an prochain est de travailler à la fluidité de l’insertion.
Le préfet du Rhône parle d’un "blocage" à cause d’une "embolie des dispositifs" : les bénéficiaires sont accueillis et leur vulnérabilité diminue, mais ils ne ressortent pas du dispositif, pendant que des personnes en situation de grande vulnérabilité attendent une place. Christel Bonnet, directrice départementale déléguée à la DRDJSCS explique : "il n’y a pas assez de places dans l’insertion donc 2/3 des gens sont restés en hébergement d’urgence en mars dernier, 1/3 seulement ont bénéficié de l’insertion, donc c’est vraiment ça qu’on doit changer", avant d’ajouter : "l’hébergement n’est pas l’objectif, c’est seulement un passage".