Au débat sur l’efficacité ou non de l'homéopathie s'ajoute à Lyon celui de l'emploi, Boiron étant implanté sur l'agglomération. Le président de CCI Emmanuel Imberton a écrit à la ministre de la Santé sur les "conséquences économiques et sociales" liées à la publication de l'avis préliminaire de la Haute autorité de santé sur un possible déremboursement de l'homéopathie.
À Lyon, la question de l'emploi semble avoir pris le dessus sur celle de l'efficacité de l'homéopathie. Dans un avis préliminaire, la Haute autorité de santé (HAS) s'est prononcée pour le déremboursement de l'homéopathie pour "un service médical rendu insuffisant". Un avis qui n'a pas manqué de faire réagir Gérard Collomb et Laurent Wauquiez sur la possibilité de voir Boiron supprimer 1 000 emplois en France, dont un tiers sur l'agglomération lyonnaise, là où l'entreprise à son siège. Un argument emploi déjà largement employé par Boiron pour ne pas voir l'homéopathie déremboursée.
"Conséquences économiques et sociales"
Emmanuel Imberton, président de la CCI Lyon métropole Saint-Etienne Roanne reprend lui aussi cet argumentaire dans un courrier adressé à la ministre de la Santé Agnès Buzyn : "Un tel déremboursement aurait des conséquences dramatiques sur son activité et donc sur l'emploi, sachant qu'une telle mesure aura inévitablement des répercussions très négatives sur la perception de l'homéopathie à l'export. Une restructuration serait ainsi inévitable et plus de 1000 emplois seraient menacés dans toute la France dont plusieurs centaines dans la région lyonnaise. À cela, il convient d'ajouter les répercussions en chaîne sur les 2 700 emplois indirects et les effets induits très lourds sur le plan social et humain. [...] L'avis préliminaire de la HAS s'est brutalement retrouvé dans la presse et a créé un véritable émoi dans toute la région. li est totalement incompréhensible qu'une entreprise, tête de pont d'une filière d'excellence, soit ainsi remise en cause et déstabilisée sans aucune prise en compte des conséquences économiques et sociales." Dans ce courrier, la question de fond sur l'efficacité réelle de l'homéopathie n'est jamais soulevée. Or, la très grande majorité des études scientifiques sur l'homéopathie continue de mettre en doute ce point.
Un déremboursement de l'homéopathie ferait économiser plus de 120 millions d'euros par an à l'assurance maladie. En plaçant la question de l'emploi devant celle du service médical rendu, se pose en filigrane celle d'une "subvention" de ces mêmes emplois par le biais d'argent public. Un raisonnement qui s'il était poussé à l'excès donnerait donc 1 000 emplois à 120 millions d'euros, 120 000 euros par an pour chaque salarié. Reste que l'avis définitif de la Haute autorité devrait être publié en juin et qu'il sera purement médical.