Myriam Picots (LICRA) fleurie le Square des Justes parmi les Nations ©Antoine Desvoivre

Hommage aux Justes, "la manière la plus noble de les célébrer est de faire vivre leur héritage"

C’est en hommage aux Justes parmi les Nations que se sont réunis Square des Justes, à Villeurbanne, les représentants religieux et de nombreuses associations ainsi que les élus de la commune. 

La cérémonie, rythmée par des chants solennels d’une chorale yiddish, rend honneur à la mémoire des Justes parmi la Nation. Elle prend la forme d’un témoignage de Pierre-Olivier Reymond, petit-fils du Juste Eric Reymond puis d’allocution d’Arielle Krief, déléguée régionale du comité français Yad Vachem, de Myriam Picot, présidente de la LICRA Auvergne Rhône-Alpes et de Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne.

« Rester humain dans un monde inhumain »

Les Justes, ce sont ces hommes et femmes « qui ont risqué leurs vies, sans aucune contrepartie pour apporter une aide, dans une situation où les Juifs étaient impuissants et menacés. C’est celui ou celle qui est arrivé à rester humain dans un monde inhumain », résume Cédric Van Styvendael lors de son allocution. C’est un fonctionnaire qui refuse de dresser une liste des juifs étrangers résidants dans son département, un commerçant qui fait passer de la nourriture à une famille qui n’a pas de tickets de rationnement, « un Juste c’est quelqu’un qui a eu le courage de dire non à l’état collaborationniste français. » 

C’est sur une proposition de Simone Veil, à Jacques Chirac, que l’état français reconnaît les Justes parmi les Nations. Au Panthéon, le 18 janvier 2007 le Président déclarait « Vous, Justes de France, vous avez transmis à la Nation un message essentiel, pour aujourd’hui, et pour demain. Le combat pour la tolérance et la fraternité, contre l’antisémitisme, les discriminations, le racisme, tous les racismes, est un combat toujours recommencé… »

Un combat toujours recommencé

Pour Myriam Picot, présidente de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) en Auvergne-Rhône-Alpes, le devoir de mémoire doit dépasser le simple symbolisme. « Si nous les honorons aujourd’hui par notre présence, il me semble que la manière la plus noble de les célébrer est de faire vivre leur héritage ». Le combat de Justes, bien que semblant appartenir à une autre époque, fait, pour la présidente régionale de la LICRA, écho à des événements bien plus contemporains.

L’ancienne maire du 7ème arrondissement de Lyon s’interroge. « Qu’est-ce qu’être Juste aujourd’hui ? Comment faire vivre leurs enseignements ? Est-ce s’engager pour un accueil digne des réfugiés ? Permettre une véritable intégration des étrangers ? Agir contre la guerre qui sévit jusqu’aux frontières de l’Europe ? » 

Un questionnement partagé par Daniela Touati, rabbin de la synagogue Keren Or de Lyon. Pour elle, « il ne suffit pas de regarder le passé. Il nous sert de rappel pour s’occuper aussi du présent et pour recréer des liens entre des populations qui souffrent aujourd’hui. » Des principes qu’elle met elle-même en application. La synagogue où elle officie a notamment prêté ses locaux pour permettre à des réfugiés ukrainiens d’y prendre des cours de français. 

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