Des étudiants lyonnais sont partis à la rencontre des migrants subsahariens au Maroc. De ce voyage est né un webdoc qui a pour ambition de proposer un regard plus humain sur la migration.
Après deux ans de travail, des étudiants lyonnais ont dévoilé ce lundi la bande-annonce de leur documentaire sur les migrants subsahariens au Maroc, intitulé « Humanité clandestine ». Sur fond d’images tournées pendant un mois dans le Sud de l’Espagne et au Maroc et d’illustrations au crayon ou à l’aquarelle, Stéphane, Hercule ou encore M nous parlent de leurs conditions de vie et de leurs parcours. Entre précarité, exploitation et violence institutionnelle, les jeunes journalistes mettent en lumière dans ce webdoc le quotidien de ces personnes venues de RDC, de Guinée-Conakry, du Congo ou d’ailleurs. Une situation qui dure depuis déjà plusieurs années, mais qui fait son retour dans l’actualité internationale alors que le Maroc accueillera en décembre prochain la Conférence internationale sur la migration.
Un regard plus humain sur la migration
A l’origine de ce documentaire, un voyage réalisé à Tanger en décembre 2016 dans le cadre du projet « Radio Méditerranée », qui permet à des jeunes de venir échanger sur la question de la migration et de s’initier au journalisme. De retour de ce voyage, Alexis, étudiant à Sciences Po Lyon et réalisateur pour l’occasion, décide d’aller plus loin. « J’ai fait le constat que le traitement médiatique de la migration accordait plus d’importance aux chiffres qu’aux personnes, explique-t-il. J’ai donc voulu prendre le contre-pied, tendre le micro surtout aux personnes migrantes et sortir des clichés, pas comme au JT de 20 heures. » « La clef de voûte du documentaire, c’est les politiques européennes, insiste le jeune homme. On veut poser la question de savoir avec quels pays on est prêts à travailler sur la question migratoire. »
Un documentaire indépendant et autofinancé
Alexis est rapidement rejoint sur le projet par ses amis, tous étudiants également. Une fois à Tanger, ils se rendent compte que le tournage est plus compliqué que prévu. « On ne pouvait pas sortir la caméra comme ça tout le temps au Maroc, raconte Alexis. C’était difficile de faire des plans dans l’espace public. » Mais il en faut plus pour décourager les étudiants qui décident de lancer un appel à participation pour récolter des illustrations qui remplaceront les images manquantes. Le documentaire se revendique d’emblée indépendant et autofinancé à 100 %. En effet, tous les étudiants y ont mis de leur poche. « Tout le budget vacances y est passé », rigole Alexis. Possédant déjà son propre matériel, il a investi toutes ses économies dans le projet. Les étudiants ont pu compter sur le soutien matériel du Journal International, où Alexis a effectué un service civique, et prochainement du Lyon Bondy Blog pour la diffusion, média dans lequel le jeune homme écrit également. Dès le 30 juillet, le documentaire sera disponible en ligne gratuitement, et des projections devraient être organisées à la rentrée prochaine.