L'enseigne suédoise doit gérer une crise sociale sans précédent. Déçus par les négociations en cours avec la direction, les syndicats invitent les salariés à débrayer samedi 20 février, jour de rush dans les 26 magasins de l'expert du meuble en kit et notamment à Saint Priest.
Samedi 13 février, une journée de grève nationale avait conduit à la fermeture d'un magasin et à des débrayages dans plusieurs Ikéa notamment à Saint-Priest. En effet, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), les trois syndicats majoritaires CGT, FO et CFDT réclamaient d'une seule voix une augmentation salariale de 4%. Mais, depuis cette date, la direction n'a fait qu'une seule offre pour les employés : 1% d'augmentation de salaire et une hausse au mérite de 1%.
L'image de l'enseigne jaune et bleue mise à mal
Le groupe Ikéa se présentait pourtant comme un modèle social sans faille. En 2008, au coeur de la crise, le groupe explosait son chiffre d'affaires (2,22 milliards d'euros pour Ikéa France) et passait numéro un de l'ameublement en France. En effet, en trois ans, Ikéa France a ouvert 7 magasins et embauché 2000 personnes. En 2010, le groupe, qui n'est pas côté en bourse, prévoit d'investir 110 millions d'euros pour ouvrir deux magasins à Avignon et à Reims.
Ikéa n'a donc pas perdu d'argent, au contraire. Son chiffre d'affaires a progressé de 6% en 2009. Raison de plus pour nous payer mieux, disent les 8800 salariés du groupe. "Nos conditions salariales se dégradent depuis des années. Ikéa privilégie son image sociale vers l'extérieur et son expansion au détriment du climat social interne", explique Youssef Benyahia, délégué SUD et vendeur depuis 21 ans chez Ikéa à Saint-Priest.
Ikéa joue la concertation, sans convaincre
Malgré cela, la direction défend sa position: " Même si nous sommes leaders sur le marché du meuble "low-cost", la crise s'est abattue sur nous en 2009. Nous devons nous adapter." Du coup, la réunion de négociation annuelle obligatoire (NAO) du 17 février n'a rien donné de concret. "La discussion suit son cours dans le calme et le dialogue", explique Pierre Deyries, directeur de la communication d'Ikéa France. Ce n'est pas l'avis des syndicats. "La réunion de conciliation avec l'inspection du travail n'a pas été concluante. Notre direction ne lâche rien", affirme Youssef Benyahia.
Ajoutons que, pour calmer tout le monde, Stefan Vanoverbeke, directeur général de IKEA France, s'est engagé à ouvrir un vaste chantier consacré aux conditions de travail. "C'est de la poudre aux yeux tout ça. Nous avons déjà une enquête annuelle sur les conditions de travail (VOICE), nous avons des outils efficaces. C'est bien de connaître le climat social mais il faut que ça aboutisse à du concret," répond Youssef Benyahia. Les syndicats restent donc mobilisés, le conflit n'est pas terminé. Des débrayages étaient prévus le 20 février à Paris et en province.
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