Catherine Foulsham, fondatrice-gérante de la maison d'édition lyonnaise Atelier les Eclaireurs, est l'invitée de 6 minutes chrono.
Avec près d' 1,4 milliard de touristes dans le monde, dont 95% se concentrent sur 5% de la planète (Organisation mondiale du tourisme, 2019), l'impact de nos voyages sur la planète n'est pas anodin.
L'idée n'est pas de faire culpabiliser les gens, ni de les envelopper de l'habit du bouc émissaire, trop facile et si peu constructif (personne n'a envie d'être puni...). Il n'empêche : la question de l’impact de nos façons de voyager sur l’environnement se pose. Et la nécessité de réinventer le tourisme s’impose.
"Il faut réinterroger sa posture de touriste. C'est du voyage responsable, par la force des choses."
Catherine Foulsham, fondatrice et gérante de Atelier Les Eclaireurs
Cette ancienne journaliste a donc fait un pas de côté en créant sa propre maison d'édition en 2021. "J'avais envie de dire quelque chose. Et pour moi, le meilleur support pour le dire, c'était le livre."
Une collection a vu le jour : Relire le monde. Une sorte d'ovni dans l'édition. Ni guide touristique, ni de la littérature. Un croisement des deux. "Littérature et voyage ont toujours fait très bon ménage. Et "Relire le monde", l'idée, c'est de puiser dans le passé, voir comment faisaient les voyageurs donc au 19e siècle, quand on commençait à vraiment voyager, pour inventer le futur, en l'occurrence, le futur du tourisme."
Avec l'avènement d'internet, on finit pas ne plus s'étonner, biberonnés aux photos publiées en masse sur les réseaux sociaux. Notre capacité à s'émerveiller fond comme neige au soleil.
L'idée de cette collection 100% lyonnaise : réenchanter le voyage, "capter la réalité des lieux à l’instant présent et de s’éloigner des sites surfréquentés pour renouer avec le frisson du voyage de découverte."
Déjà publiés : La Sicile, Maupassant et moi, Chamonix, Dumas et moi, La Bretagne, Flaubert, Ducamp et moi. Prochainement : L'Egypte autour de Pierre Loti.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Catherine Foulsham
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevrons aujourd'hui Catherine Foulsham. Bonjour.
Bonjour.
Catherine Foulsham, vous êtes fondatrice et géante de la maison d'édition Atelier Les Éclaireurs. Alors, question… 2021, c'est ça ?
2021, la création.
Comment on crée une maison d'édition ? C'est quand même une question que je vous posais. Comment ça marche ?
Alors, créer une maison d'édition en soi, c'est pas très compliqué. C'est une société qui a pour objet de la production de livres. Jusque là, tout va bien. Jusque là, voilà, on l'a crée en suivant une petite formation. Il vaut mieux connaître un peu le marché du livre. Et surtout, la créer, c'est pas compliqué. C'est la faire vivre après qui devient une autre histoire.
Pourquoi vous avez eu envie de créer cette maison d'édition, déjà ?
Parce que j'avais envie de dire quelque chose. Et pour moi, le meilleur support pour le dire, c'était le livre. C'était l'objet livre. Parce que j'aime aussi l'objet livre qui est un objet durable, qui est un bel objet. Et l'idée, c'était dès le départ de créer une collection. C'était vraiment cette envie de faire une collection. Et c'est comme ça que l'idée est partie.
La collection, c'est relire le monde ?
Tout à fait.
Alors voilà, je vous montre. Collection, relire le monde. Relire le monde, c'est Chamonix. Allez, je vous montre un deuxième exemplaire. La Sicile.
Alors, rien que dans le titre, relire le monde, ça veut dire… Qu'est-ce que vous avez voulu dire avec relire le monde ? C'est quoi ? D'inventer quelque chose de nouveau, parce que c'est un ovni. Pour le coup, c'est un véritable ovni. C'est ni un guide touristique, c'est ni de la littérature. Ça se croise.
Ça se croise. Effectivement, littérature et voyage ont toujours fait très bon ménage. Et relire le monde, l'idée, c'est de puiser dans le passé pour inventer le futur, en l'occurrence, le futur du tourisme. On sait qu'aujourd'hui, l'industrie du tourisme se heurte à ce qu'on appelle le tourisme de masse. Il y a les réseaux sociaux qui publient des milliers de photos. Et quand on voyage, on a un peu l'impression d'avoir déjà tout vu. Et donc, l'idée de relire le monde, c'était de voir comment faisaient les voyageurs donc au 19e siècle, quand on commençait à vraiment voyager où c'était facile. On n'était plus dans l'exploration, mais véritablement dans le voyage jusqu'à 1950, justement, avant l'apparition, en fait, de ce qu'on appelle maintenant le tourisme, le tourisme de masse. Et c'est de s'inspirer de leur façon d'être au monde, de leur capacité aussi à s'émerveiller devant un monde qu'ils découvraient pour s'inspirer de cette façon d'être.
"L'idée est de prendre le temps de rêver son voyage avant de le consommer"
C'est quoi, c'est de ce que vous disiez, je crois que je l'avais dit quelque part, c'est de ré-enchanter le voyage.
C'est de ré-enchanter le voyage. Aujourd'hui, le voyage est, selon moi, devenu un bien de consommation. C'est plus difficile de s'émerveiller quand on a vu énormément de photos. C'est plus difficile de s'émerveiller quand on est des milliers sur le même site. Et là, c'est de prendre le temps de rêver son voyage avant de le consommer, de le consommer. Ce temps où on rêve, où on s'inspire de la destination.
C'est ce que vous disiez, je lisais sur votre site que on pouvait mettre des quotas, interdire le tourisme dans certaines zones, comme on le voit dans des grosses villes à Venise, à Barcelone. On peut aussi décider d'arrêter le voyage sous influence. Le voyage sous influence, ça veut dire quoi ?
Le voyage sous influence, c'est le fait de voir énormément les réseaux sociaux nous propulsent déjà dans le pays avant même qu'on y soit allés. Les guides, les guides touristiques qui sont très bien faits. C'est pareil, en fait, vous envoie toujours sur les mêmes spots. En fait, c'est toujours. Et arrêter de voyager sous influence, c'est ça, c'est se réapproprier, sortir des sentiers battus, se réapproprier son voyage. Et comme il n'y avait pas les réseaux sociaux, comme il n'y avait pas et comme il n'y avait pas encore de guides touristiques, tous ces écrivains voyageurs, en fait, construisaient leur voyage au fur et à mesure et se réinspirer de cet état d'esprit.
Le dernier dans la collection pour lire le monde, le dernier ouvrage, c'est effectivement Chamonix, Dumas et moi. Combien d'ouvrages vous avez déjà sorti ?
Alors, on en a sorti quatre. Il y en a trois qui sont parus là au début du mois de juin. Donc Chamonix, la Sicile et la Bretagne. Et là paraît pour les fêtes de fin d'année, l'Egypte avec Pierre Loti dont on fête le centenaire de la mort cette année. Et donc, autres récits de voyage, autres destinations. Et à chaque fois, les récits sont choisis pour la vision qu'ils ont du tourisme, en fait, et de l'impact du tourisme.
En tout cas, voilà, c'est que c'est une collection, c'est, on va dire, très dans le mood, très dans le temps actuel. C'est à dire qu'on redéfinit le voyage, on se le réapproprie. Et il y a effectivement toutes ces questions aussi environnementales puisque le voyage aussi, c'est un impact.
Tout à fait. C'est aussi une façon de de réinterroger sa posture de touriste. C'est du voyage responsable par la force des choses. Et voilà, il n'y a pas de photo pour ne pas dévoiler, trop dévoiler les destinations avant d'y aller. En revanche, il y a des illustrations originales. Il n'y a pas d'adresse. L'idée étant de ne pas dire voilà, c'est là qu'il faut aller. C'est ça qu'il faut voir. Mais c'est simplement de cheminer avec un auteur et après de décider de retrouver son libre arbitre. Comment je vais vouloir voyager? Qu'est ce que je vais aller voir?
En tout cas, voilà, c'est une collection pour le coup qui sort des sentiers battus. Et vraiment, ça vaut le… Allez-y, procurez vous en sur Sicile, sur Chamonix, sur la Bretagne. Ça vaut vraiment le coup. Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation, de nous avoir présenté Atelier des éclaireurs et collection Relire le monde. Merci beaucoup. A très bientôt. Au revoir.
bon repenser le voyage
le train par exemple ?
2 fois plus cher que l'avion
????
on gagne au loto pour pouvoir partir
Ou plus longtemps moins loin !
"Il faut réinterroger sa posture de touriste" Un phras qui devrait plaire à S. Rousseau !