Gaëtan de Sainte-Marie, vice-président de la CPME du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono/Lyon Capitale.
"La France avance un peu comme un poulet à qui on aurait coupé la tête." La formule du vice-président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) du Rhône a le mérite d'être parlante. Le vote, mercredi 4 décembre, en faveur du renversement du gouvernement de Michel Barnier, en réaction au recours à l’article 49.3, par 331 députés sur 574 (58%) a plongé la France dans une période d'instabilité.
"La France part dans tous les sens, on a besoin de stabilité. Sans cette stabilité, nous, chefs d'entreprises, on a beaucoup de mal à pouvoir investir et se développer. En fait, nous, les chefs d'entreprises, avons besoin de visibilité au moins à trois à cinq ans, parce que c'est là-dessus qu'on peut réindustrialiser, qu'on peut investir. Or, notre notre économie a besoin qu'on investisse. Mais pour que nous, chefs d'entreprises, on puisse s'investir, il faut qu'on ait une vision pour la France, une stratégie pour la France."
"La France avance un peu comme un poulet à qui on aurait coupé la tête."
Le groupe Altares, qui a publié les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 3e trimestre 2024, a recensé 13 500 entreprises en défaillance entre le 1er juillet et le 30 septembre (+20%) par rapport à la même période de 2023. La décélération se confirme mais le record de 66 000 défauts sur douze mois glissés a été franchi. "On voit que quand l'économie nationale souffre, ce sont les TPE et les PME qui souffrent, alors que ce sont elles qui font l'économie, la charpente de l'économie française" affirme Gaëtan de Sainte-Marie qui, c'est officiel, se présente à la présidence nationale de la CPME, dont l'élection se tiendra le 21 janvier prochain.
"Les TPE ces PME ont des solutions aux maux de notre pays. Il faut qu'on les écoute plus." martèle le vice-président de la CPME du Rhône qui a deux conccurengts sérieux à la présidence de l'organisation patronale : Alain Gargani, 59 ans, président de la CPME Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur et Amir Reza-Tofighi, 39 ans, PDG de Vitalliance, entreprise de 8 500 personnes, spécialisée dans l'aide à domicile et les services à la personne.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Gaëtan de Sainte-Marie
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Gaëtan de Sainte-Marie bonjour.
Bonjour Guillaume.
Gaëtan de Sainte-Marie, vous êtes vice-président de la CPME du Rhône depuis 2022 et, c'est désormais officiel, vous briguez la présidence nationale de la confédération des petites et moyennes entreprises, CPME, à la succession de Jean-François Asselin. La CPME c'est 240 000 entreprises. Première question pourquoi est-ce que vous avez décidé de vous présenter à la présidence nationale de la CPME ?
Parce que je pense que le renouveau économique dans notre pays passera par les TPE, par les PME dans les territoires et nous, ici, on a la chance à Lyon en région en Auvergne-Rhône-Alpes d'être un territoire magnifique de TPE, PME, ETI et donc, je pense que ces TPE ces PME, en fait, ont des solutions aux maux de notre pays. Il faut qu'on les écoute plus.
On ne les écoute pas assez les TPE et les PME ?
On ne les écoute pas assez. Et puis je pense qu'il faut qu'on soit capable, collectivement, de faire beaucoup plus ensemble. Vous me connaissez un petit peu, ici à Lyon, depuis 25 ans je prône le collaboratif, le faire ensemble. Je pense qu'il faut qu'on importe ça au niveau national. Ici, dans cette région, on a l'habitude de se serrer les coudes de travailler ensemble. Je crois qu'au niveau national, l'intérêt général est parfois un tout petit peu oublié, notamment l'intérêt des territoires. Et moi, je veux défendre la voix des patrons de TPE, de PME, des territoires, je veux les défendre au niveau national. On voit aujourd'hui, quand l'économie française souffre, comme actuellement, 66 000 dépôts de bilan depuis le début de l'année, on voit que quand l'économie nationale souffre, ce sont les TPE et les PME qui souffrent alors que ce sont elles qui font l'économie, c'est la charpente de l'économie française. Et ça, j'ai envie de les défendre, j'ai envie de porter leur voix beaucoup plus qu'aujourd'hui.
On va revenir sur le contexte un peu politique particulier, la situation budgétaire française qui est un peu catastrophique. Cette candidature, c'est une volonté personnelle, c'est une demande du président national ou c'est un soutien des CPME du Rhône et de la région ?
C'est un peu tout ça, c'est-à-dire que François Asselin, le président actuel, est venu me chercher il y a un an et demi en me disant "je souhaiterai que tu prennes la suite". Et puis, effectivement, au niveau de la région Auvergne-en-Alpes, l'ensemble des CPME se sont fédérées derrière moi.
Donc il y a un soutien de votre candidature au niveau local ?
Il y a un gros, gros soutien et je peux vous dire que je me sens porté en ce moment par la région et ça c'est chouette. Et puis bien entendu, dans le cadre de la campagne, l'objectif c'est de convaincre les fédérations nationales et les CPME territoriales, départementales et régionales, de toute la France, qui sont les grands électeurs de ces élections qui aura lieu le 21 janvier.
Jean-François Asselin, l'actuel président national de la CPME, va achever sa tâche. Contexte politique tendu, on l'a dit, situation budgétaire française qui est quand même très inquiétante. Jean-François Asselin parlait d' "un bateau qui (prenait) l'eau". Vous partagez son analyse ?
Totalement, ce que je vous disais : vous vous rendez compte, 66 000 entreprises qui sont en train de déposer le bilan depuis le début de l'année, ça veut dire plusieurs centaines de milliers de salariés. En plus, ce qu'on constate, c'est que dans ces entreprises, il n'y a pas que des toutes petites, il y a aussi plutôt des moyennes et des moyennes grosses, on va dire des PME et des ETI. Et ce sont ces entreprises là qui font l'économie française. Donc, si ces entreprises là vont mal, on se prépare des temps encore plus difficiles. Déjà, qu'aujourd'hui, nos entreprises, et je le vois tous les jours avec les dirigeants d'entreprises et leurs collaborateurs que je vois, nos entreprises souffrent, l'économie française n'est pas tout à fait à l'arrêt mais pas loin. Si on continue, si on va dans ce sens là, ça va être encore pire et c'est pour ça, qu'aujourd'hui, on espère à la CPME que le budget qui est présenté par le gouvernement va être voté parce qu'il nous faut un petit peu de visibilité. On a besoin de beaucoup plus de visibilité que juste un budget à un an. Mais déjà, au moins faisons, cette première marche.
Parce que lors de Impact PME, qui est le grand rendez-vous national des PME qui a eu lieu il y a quelques jours, Michel Barnier ex- Premier ministre avait quand même un peu rassuré, notamment sur le fait qu'il y aurait le maintien des baisses de charges, qu'il voulait accélérer la simplification économique. Il a quand même donné des gages aux entreprises....
Ah, mais complètement. C'est pour ça que nous souhaitons que ce budget soit voté en l'état, parce qu'encore une fois un budget c'est à un an. En fait, nous, les chefs d'entreprises, on a besoin de visibilité au moins à trois à cinq ans, parce que c'est là-dessus qu'on peut réindustrialiser, qu'on peut investir et notre économie a besoin qu'on investisse. Mais pour que nous, chefs d'entreprises, on puisse s'investir, il faut qu'on ait une vision pour la France, une stratégie pour la France. Et aujourd'hui ,moi, je trouve que cette vision n'existe pas, qu'on a trop l'impression que la France avance un peu comme un poulet à qui on aurait coupé la tête et qu'elle part dans tous les sens, donc on a besoin de stabilité. Sans cette stabilité, nous, chefs d'entreprises, on a beaucoup de mal à pouvoir investir et se développer.
Michel Barnier a effectivement a rassuré un peu les PME. Mais de manière générale, la PME en France, ce qu'on disait tout à l'heure, elle n'est pas, vous trouvez, qu'elle n'est pas assez prise en compte, qu'on on parle pas assez d'elle alors qu'effectivement ça représente 99% des entreprises en France ?
C'est la charpente de l'économie française. Elle n'est pas assez prise en compte, parce que, pour je ne sais quelle raison historique, on pense toujours que la France est un pays de grandes entreprises. On a besoin de nos grandes entreprises, mais avant tout, cette économie repose sur nos boulangers, sur nos plombiers, sur nos restaurateurs, sur toutes ces petites entreprises, sur les usines aussi qui sont partout sur notre territoire. Produire en France, c'est une manière de tenir l'économie, de soutenir l'économie, c'est aussi un moyen de participer au développement durable de notre économie, parce que notre énergie en France, même si elle coûte encore un peu cher, elle est plutôt d'un meilleur bilan carbone que beaucoup d'autres. Et donc, c'est intéressant pour nous de produire en France. Et on doit pouvoir continuer à soutenir absolument ces usines. Le Premier ministre a aussi parlé à un pacte PME, du rapport Draghi ça c'est une bonne nouvelle parce que la productivité est aussi un sujet en France : on ne peut pas être le pays où on part à la retraite le plus tôt et où on travaille le moins donc nous devons être plus productifs. Le rapport Draghi qui est sorti il y a quelques semaines donne un certain nombre de pistes de solutions et nous sommes extrêmement favorables, à la CPME, à la mise en oeuvre de ces solutions.
L'émission touche à sa fin. Merci Gaëtan de Saint-Marie d'être venu nous présenter un petit peu les grands enjeux de cette candidature à la présidence nationale de CPME donc élection le 21 janvier et on vous réinvitera peut-être justement ici, en tant que président de la CPME nationale.
Volontiers.
C'est surtout les postmonétaires qu'il faudrait plus écouter ! 😀
Car ce sont les seuls à démontrer que l'usage de monnaie est une impasse.
Et contrairement à ce que pensent certains, sans monnaie, l'esprit d'initiative est moins bridé ! Car ce sont les banques et la rentabilité obligatoire à court terme qui détruisent et écrasent l'esprit d'initiative.