Michèle Vianès est cofondatrice et présidente de l’ONG lyonnaise Regards de Femmes. L’une des grandes batailles d’aujourd’hui concerne les réseaux transactivistes, pour qui le genre est indexé sur la volonté individuelle, "'qui agissent dans le silence avec parfois le soutien de responsables politiques".
Féministe, républicaine et laïque engagée, née en Tunisie de nationalité française, Michèle Vianès a été institutrice puis professeure des écoles, avant de devenir conseillère municipale déléguée à l’égalité hommes/femmes de Caluire. Marraine du mouvement Ni putes ni soumises, elle a été à l’origine de la première marche des femmes de quartiers dans l’agglomération lyonnaise. Pour Michèle Vianès, dont les positions tranchées ne sont pas toujours partagées par l’ensemble des associations féministes actuelles, l’une des grandes batailles d’aujourd’hui concerne les réseaux transactivistes, pour qui le genre est indexé sur la volonté individuelle, “qui agissent dans le silence avec parfois le soutien de responsables politiques”. Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ? Michèle Vianès : Oui, puisque je dis haut et fort tout ce que je pense. Faut-il forcément avoir le verbe haut pour créer une association féministe ? Il faut avoir des convictions fortes et être à l’écoute des autres. Il faut persévérer, avoir de la patience, ne pas se décourager dans les combats, qui peuvent être âpres.
"Alice Coffin, les députées Sandrine Rousseau (EÉLV) et Clémentine Autain (LFI) font du féminisme de salon"
Qu’est-ce qu’être féministe en 2022 ? D’abord, être une femme ne signifie pas être féministe. Le féminisme n’est pas qu’une question de femmes. C’est une question de droits humains universels. À Regards de Femmes, nous avons choisi la citation de John Stuart Mill, théoricien anglais de l’égalité hommes-femmes : “Il n’est nullement question de faire gouverner la société par les femmes, mais bien de savoir si elle ne serait pas mieux gouvernée par les hommes et par les femmes.” C’est vraiment le fond de notre ONG. Et de l’autre côté, il y a ce que j’appelle les “masculinistes”, c’est-à-dire ceux qui ne supportent pas l’émancipation et l’autonomie des femmes qui s’affirment leurs égales dans la sphère publique. Naît-on féministe ou le devient-on ? On naît féministe parce que comme le disait Condorcet : "Ou aucun individu de l’espèce humaine n’a de véritables droits ou tous ont les mêmes ; et celui qui vote contre le droit d’un autre, quel que soit sa religion sa couleur ou son sexe, a dès lors abjuré les siens." Et à ce moment, on n’est ni féministe ni humaniste.
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