Il a annoncé sa démission jeudi 3 octobre. Trois jours plus tard, le maire LR de Francheville, Michel Rantonnet, revient sur les raisons qui l'ont poussé à prendre cette décision et sur sa volonté de voir des élections anticipées se dérouler.
Sa démission semblait inéluctable. Après les divergences avec plusieurs de ses adjoints dans les derniers mois, jusqu'au retrait de leur délégation fin septembre, Michel Rantonnet manquait de soutiens suffisants pour poursuivre sa mission. Trois jours plus tard, il ne regrette pas sa décision mais déplore le "lynchage" qu'il subit de la part des élus dissidents.
Des propos "calomnieux et irresponsables"
Dans un post Facebook publié au matin de l'annonce de la démission, le groupe Ensemble pour Francheville créé par les adjoints en désaccord dénonçait "le fonctionnement autocratique, la suppression des élus du magazine municipal, la censure de l’opposition, les dépenses injustifiées et parfois démesurées". Des propos jugés "calomnieux et irresponsables" par Michel Rantonnet. "Ils parlent de fonctionnement autocratique, mais je regrette, je n'aurai pas été réélu par les Franchevillois en 2020 si c'était le cas", avance-t-il.
"Je suis au service des Franchevillois, je ne suis pas au service des élus dissidents"
Michel Rantonnet, maire de Francheville depuis 2014
Concernant les soupçons de "censure de l'opposition" lors du vote du budget 2023, marqué par l'absence d'amendement, l'édile fait valoir la décision du tribunal administratif qui a jugé qu'il y avait bien eu débat.
Quant aux accusations de dépenses injustifiées et démesurées, Michel Rantonnet estime qu'elles sont à la "limite de la diffamation". "Les budgets sont confiés en conseil municipal dans la transparence la plus totale", argumente-t-il, tout en se félicitant de son bilan : "depuis cinq ans, nous avons investi 10 millions d'euros sans emprunter [...] C'est exceptionnel mais nécessaire pour financer les gros projets".
"Il y a eu une vraie trahison"
Justement, c'est un "gros projet" qui a enrayé les relations entre le maire et ses adjoints : celui de création d'une école, "le vrai dossier de la discorde", le reconnaît lui-même Michel Rantonnet. Dans les cartons depuis vingt ans, ce projet remis sur la table il y a trois ans, était en bonne voie mais lundi 26 septembre, le conseil municipal l'a rejeté en grande majorité. Un camouflet pour l'édile qui avait fait de ce projet une promesse de campagne. "En fait, ils rejettent le projet d'aménagement de tout un quartier. C'est hallucinant, j'étais sidéré".
Aujourd'hui, il dénonce la "trahison" des élus de sa liste. "Comment est-il possible de voter contre une nouvelle école et une nouvelle crèche ? Pourquoi Claire Pouzin (l'adjointe à la Petite enfance, l'enfance et la jeunesse, NDLR) peut-elle trahir les électeurs en renonçant au projet d’école en renonçant à ce projet, pour lequel on a été élu?", s'interroge le maire.
"Comment est-il possible de balayer d’un revers de main le travail de trois ans pour des questions d’égo ?! Quel gâchis, mais quel gâchis !"
Michel Rantonnet, maire de Francheville depuis 2014
De leur côté, les élus dissidents arguent qu'ils ont été "tenus à l'écart" de ce projet. L'explication tient en quelques mots selon le maire : d'abord en raison de la clause de confidentialité dans les négociations avec le promoteur Eiffage et avec la métropole, et en raison "des délais comprimés". La municipalité n'aurait reçu la proposition d'Eiffage que fin juillet, en plein été. "Comment voulez-vous entamé une concertation au mois d’août ?", répond l'édile qui assure avoir mené "cinq réunions en trois semaines" à ce sujet avec plusieurs élus début septembre.
Et maintenant ?
C'est justement pour redonner la parole aux Franchevillois et parce que le conseil municipal est désormais incomplet (huit conseillers municipaux ont déposé leur démission au même moment), que Michel Rantonnet souhaite "un retour devant les électeurs".
"Les citoyens ont droit à un vrai débat avec une vraie concertation sur le fond", martèle-t-il. En d'autres mots, il a attend la tenue d'élections anticipées. Mais pour cela, il faut d'abord que sa démission soit acceptée par la préfète du Rhône Fabienne Buccio. "Je suis en discussion avec la préfète qui se serait bien passée de ce dossier", souffle-t-il.
Mais s'il attend la tenue de nouvelles élections, il se garde bien de dire s'il se représentera à nouveau, en dépit du manque de soutien parmi les élus. "Que je sois candidat ou pas, ça ne m’empêchera pas de parler jusqu’à l’élection", lâche-t-il.
Vivement la démocratie réelle directe,
dans une économie postmonétaire. 🙂