L'îlot Mazagran dans le quartier Guillotière (Lyon 7e) est depuis longtemps laissé à l'abandon. Le Grand Lyon organise ce lundi 9 mai une réunion de concertation préalable avec les habitants pour réfléchir à son avenir. Ce qui inquiète les habitants quant au devenir de leurs initiatives, parmi lesquelles le célèbre jardin d'Amaranthes.
Ce lundi 9 mai à 18h30, aura lieu la première réunion de concertation sur le projet de requalification du quartier Mazagran-Depéret. Mais les riverains n'ont pas attendu cette date pour se mobiliser. A l'automne dernier, habitants et associations se regroupent dans un collectif : Mobilizagran, réunissant une dizaine d'associations actives dans le quartier. C'est que depuis les années 1950 et le projet d'Edouard Herriot de prolongement de l'avenue Félix Faure jusqu'aux quais du Rhône, les projets se sont succédés sans jamais aboutir. En 2008, on en parlait déjà dans le projet d'intention de l'équipe municipale fraichement élue qui envisageait d'y développer des espaces verts de proximité. Fin 2010, les choses s'accélèrent : le Grand-Lyon aimerait faire aboutir l'idée avant la fin du mandat municipal (2014).
Les besoins sont importants : manque d'espaces verts et de terrains de jeux, habitat délabré, zones à l'abandon... Mais l'absence d'aboutissement des projets municipaux a permis à des initiatives émanant des habitants d'éclore : le jardin partagé d'Amaranthes créé en 2003, accompagné de ses zones de compostage collectifs, café coopératif, place publique arborée utilisée pour des événements culturels, parkings improvisés sur les terrains vagues... Autant d'éléments que les membres du collectif Mobilizagran craignent de voir disparaître dans une grande coulée verte.
Le Grand Lyon aimerait, en effet, transformer cette zone qui forme une diagonale en une traînée d'espaces verts. "Bien sûr, il y a aussi quelques personnes qui se plaignent du bruit et de l'odeur provoqués par le jardin d'Amaranthes et le compost", nuance Colette Marcand, présidente du Conseil de quartier de la Guillotière. Avant d'ajouter : "Mais globalement la plus grande crainte c'est la gentrification (phénomène d'embourgeoisement d'une zone urbaine, ndlr). Est-ce que ça ne va pas faire comme pour la Croix-Rousse avec ce projet ? Aujourd'hui, il y a beaucoup de logements indignes mais peu de logements sociaux. Je pense que la clef de la préservation de la mixité sociale est dans le développement du logement social dans le quartier".
Un dialogue de sourds
De leur coté, les riverains s'inquiètent. "On a demandé une rencontre avec les élus depuis 6 mois. La seule réponse qu'on a eu nous disait qu'il y avait un cahier de concertation à la mairie, sur lequel nous pouvions venir faire nos remarques", s'offusque Adrien, membre actif de Mobilizagran. Avant d'ajouter : "on n'a pas peur de l'aménagement du quartier. Au contraire, il y en a besoin. Mais on craint que la mairie ne prenne pas en compte la réalité du terrain, de la population et des initiatives existantes". Leur objectif : une réelle concertation et l'extension du projet à toute la Guillotière. Les problèmes de vétusté de l'habitat dépassent en effet la zone concernée. Au nord de celle-ci par exemple, au croisement des rues Sébastien-Gryphe et Saint-Michel, 34 personnes ont récemment été évacuées suite à l'affaissement du mur porteur d'un immeuble.
Gilles Buna, vice-président du Grand-Lyon délégué à l'Urbanisme (Europe Ecologie-Les Verts) était en visite sur les lieux mercredi 5 mai. "J'ai découvert une véritable richesse associative dans ce quartier. Ma vision c'est de dire qu'il faut aménager en ménageant. Il faut prendre en compte ce qui existe. On m'a proposé de mener la concertation jusqu'à la rentrée. Mais pour moi le calendrier est trop court", affirme d'ores et déjà l'élu. Et côté projets d'aménagement concrets ? "On ne viendra pas avec un plan lundi (à la réunion de concertation, ndlr). On viendra discuter philosophie de l'aménagement", répond l'élu catégorique.
Vue aérienne de la zone concernée par le projet Mazagran-Depéret (Lyon 7e), qui s'inscrit dans un espace urbain de 25 000m2 à la Guillotière. Seuls les travaux de l'îlot Mazagran (en bleu) pourront être réalisés avant 2014. Repères : Les piscines du Rhône (1), l'Université Lyon II (2), le jardin d'Amaranthes (3) et l'église Saint André (4).
Entre une coulée verte et une zone de compostage je crois que le choix est vite fait!Lyon manque terriblement d'espaces verts en son centre. La transformation de cette zone en espace vert serait une très bonne chose qui profiterait à tous (habitants, étudiants...) et non à quelques alternatifs, qui souhaitent que le quartier reste sale et peu attractif.
Madame Piazza, le jardin d'Amaranthe n'est pas une résultante d'une absence d'initiative municipale mais au contraire un projet porté par la galerie Roger Tatort avec le soutien de la ville de Lyon et de la Mairie du 7e arrondissement. Un petit coup de fils aux auteurs et animateurs du projet avant d'écrire aurait évité une telle erreur.De même, nombre de manifestations se déroulant dans ce lieu se font avec notre soutien, parfois logistique, parfois financier. Nous sommes très heureux du travail effectué par les associations dans ce lieu, qui revit également grâce aussi au soutien du FISAC rez-de-chaussée accordé à nombre de commerces pour faire revivre les rez-de-chaussée.bien cordialement
par ailleurs vous trouverez le plan de concertation ici http://lyon-7.fr/2011/05/mazagran-reunion-calendrier/
Aujourd'hui, dans ce quartier, on a le sentiment que l'autogestion a remplacé la puissance publique. Je n'ai rien contre les initiatives qui fleurissent dans ce quartier de la part d'alternatifs de tous poils mais c'est tout de même à la ville d'incarner l'intérêt général et de proposer une vision globale pour l'avenir de ce quartier. Il serait formidable dans ce quartier d'avoir de vrais espaces verts tout en éliminant certains immeubles lépreux.
Aigle Malin: Je suis ravi que vous vous félicitiez de ce projet qui va justement dans ce sens. A bientôt dans les ateliers de concertation si vous vivez dans le quartier.