Après une année 2019 record, la tendance haussière de l’immobilier lyonnais se poursuit. L’attractivité de la métropole se mue désormais en enjeu, plus qu’en atout. Pénurie de logements pour les primoarrivants, inflation immobilière irrattrapable pour les locaux et étalement urbain constitueront les sources de préoccupations des prochaines années pour une métropole encore en sommeil forcé un mois durant, jusqu’à la désignation de son prochain exécutif, ce 26 mars.
Une fois qu’on a dépassé les bornes, il n’y a plus de limites. Les chiffres de 2019 désormais consolidés confirment une année record pour l’immobilier français. Plus d’un million de transactions sur l’ensemble du territoire national et une progression soutenue des prix dans les grandes métropoles. Lyon reste la troisième ville la plus chère de France, avec un prix moyen s’établissant à 4 230 euros le mètre carré (Fnaim, décembre 2019) et un prix médian légèrement supérieur, à 4 480 euros (notaires de France). L’année 2020 partirait sous les mêmes auspices, d’après les professionnels du secteur. “Le début de l’année est une période traditionnellement assez calme, mais là, une semaine après les fêtes, c’était reparti, raconte Franck Vitali, à la tête de trois agences Century 21 dans des quartiers prisés de la Presqu’île et du Vieux-Lyon. Il n’y a pas de baisse sur la demande.” “Les gens ont conscience qu’à la retraite ils ne savent pas comment ils vont être mangés et qu’il y a un intérêt fort à devenir propriétaire de son logement, ce qui fait grimper la demande, analyse Khodor Daher, directeur commercial de Foncia Rhône-Alpes. L’offre étant plus rare, les prix continuent d’augmenter.”Un 13e mois tous les semestres
En moins de six mois, le prix médian est passé de 4 190 euros à 4 480 à Lyon. Une augmentation de 290 euros par mètre carré. Votre appartement de 50 m2 vous a ainsi rapporté l’équivalent d’un mois de salaire (1 450 euros, le salaire médian étant à 1 521). “Avant même la consolidation des chiffres, nous savons déjà que l’augmentation des prix lyonnais est supérieure à 10 % sur l’année écoulée”, explique Me Pierre Bazaille, responsable des chiffres pour les notaires de France. Ou quand la fièvre pousse au délire. “Des clients qui ont acheté en 2018 me disent qu’aujourd’hui ils ne pourraient plus le faire”, illustre Mohandass Aroq. “Il n’y a rien à vendre donc obligatoirement cela fait grimper les prix, pose Khodor Daher. Dans les quartiers les plus chers du 6e ou 2e, on voit de plus en plus de gens qui paient comptant, sur des appartements à 600 000 euros. L’absence de prêt, donc de condition suspensive, rassure les vendeurs, et cela peut faire la différence quand on a des appartements qui se vendent en quelques jours.” Mais contrairement à Bordeaux, qui se place entre Lyon et Paris sur les prix de l’immobilier, l’inflation entre Rhône et Saône, serait l’apanage d’investisseurs locaux. L’image d’une déferlante parisienne sur la Croix-Rousse est donc partiellement exagérée. Les personnes arrivant d’Île-de-France représentent 5 % des acheteurs sur la ville, nous expliquait Michel Le Faou il y a quelques mois sur la base d’une analyse chiffrée de ses services. “80 % des acquéreurs viennent de Lyon ou du Rhône”, confirme Pierre Bazaille. Reste que les taux d’intérêt historiquement bas ne parviennent pas à compenser l’augmentation des prix. Si bien que les Lyonnais perdent en pouvoir d’achat immobilier. Pour la même somme investie, ils acquièrent en moyenne 2,1 mètres carrés de moins aujourd’hui qu’il y a un an, comme l’indiquait la Fnaim. En cœur de ville, la Presqu’île dépasse allègrement les 5 000 euros du mètre carré. Idem sur le plateau de la Croix-Rousse. Contagion oblige, les prix augmentent par cercles concentriques autour de ce centre prisé. Des quartiers encore périphériques il y a quelques années affichent désormais des prix médians flirtant avec les 4 000 euros du mètre carré (Villette, Gerland, Monplaisir). Quant à la belle pierre du 6e (Molière/Edgard-Quinet), son prix médian dépasse désormais les 6 000 euros du mètre carré, avec toujours une croissance à deux chiffres au cours de l’année écoulée. Les quartiers parmi les plus chers sont aussi ceux qui progressent le plus, et attirent donc les investisseurs au portefeuille bien garni. “L’immobilier a une valeur patrimoniale indéniable dans le cœur du 2e arrondissement par exemple, note Franck Vitali. Et les prix grimpent en flèche dans ce secteur-là. L’inflation est très importante avec des montants qui atteignent les 8 à 10 000 euros du mètre carré, et pas uniquement sur de toutes petites surfaces. Un notaire me disait récemment avoir vendu un 45 mètres carrés 450 000 euros.” “Cette valeur patrimoniale sur Brotteaux, Tête-d’Or ou la Presqu’île est aussi une garantie dans l’hypothèse, très improbable, d’un retournement du marché”, approuve Pierre Bazaille. Les appartements fraîchement rénovés franchissent aussi le cap des 10 000 euros, comme les biens de prestige, qui s’envolent au-delà du million.Il vous reste 69 % de l'article à lire.
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