Près de 130 Roms sont toujours abrités dans le gymnase de Saint-Fons, ce lundi. En cause, l'incendie qui a détruit la moitié des baraquements du camp illicite, dans la nuit de vendredi à samedi. Mais la solution d'hébergement n'est que provisoire, et les personnes sinistrées devraient être déplacées cet après-midi vers le gymnase Bellecombe, dans le 6e arrondissement.
L'incendie s'est déclaré vendredi soir, aux alentours de 21 heures. D'origine accidentelle, il a été provoqué par le dispositif de chauffage artisanal des petites baraques. Les Roms se fabriquent des poêles à bois, des braseros, pour chauffer l'intérieur confiné de l'habitacle. "C'est l'un d'eux qui a pris feu, indique Jacques Dumortier de l'association CLASSES. Faites de bois, de lino et de tissus, les cabanes se sont enflammées les unes après les autres. Elles étaient construites très proches les unes des autres."
Aucun blessé n'est à déplorer, mais toute la partie du camp où vivaient les roms de Roumanie a été réduite en cendres. Celle des Roms d'ex-Yougoslavie a été épargnée. Dans l'urgence, près de 130 personnes ont du être hébergées dans le gymnase de Saint-Fons. "Ils ont tout perdu, certains enfants étaient même pieds nus", indique Jacques Dumortier.
Le Secours Populaire est donc rapidement intervenu, samedi et dimanche, pour apporter des vêtements et des objets de première nécessité. Parallèlement, 5 ou 6 membres de la Croix-Rouge, missionnés par la préfecture, se relaient en permanence depuis l'incendie, auprès des sinistrés. Mobilisé, Médecins du Monde veille également à leurs conditions sanitaires : "On sait qu'il y a trois femmes enceintes au gymnase, affirme Aurélie Neveu. Il faudra surveiller leur santé."
La menace d'une expulsion reste présente
Mais l'hébergement au gymnase de Saint-Fons n'est qu'une solution provisoire, puisque les lieux doivent accueillir les cours de sport des écoles alentours. Selon nos informations, c'est vers le gymnase Bellecombe que les Roms vont être déplacés, dans le 6e arrondissement. Deux cars vont être réquisitionnés ce lundi après-midi, pour les y conduire. "Les enfants ont le cœur gros de quitter leur école, déplore Jacques Dumortier. Nous ferons tout pour les rescolariser."
Seuls 92 Roms, sur les 130 sinistrés, bénéficieront de cet abri. La préfecture aurait donné la priorité aux familles avec enfants de moins de 5 ans. "Les autres dormiront dehors et reconstruiront autour des cendres, déplore Jacques Dumortier. Parmi eux, il y a même un jeune homme d'une vingtaine d'années en fauteuil roulant."
Malgré l'incendie, la menace d'une expulsion reste présente. Ce lundi matin, la police venue contrôler les identités, a ravivé cette crainte. Mais il semble que l'opération n'avait pour but que le recensement. "Le relogement au gymnase Bellecombe ne sera probablement pas durable, prédit Jacques Dumorier. On craint que les Roms soient remis à la rue ou expulsés à la fin de la trêve hivernale." La préfecture, qui s'abstient de communiquer, avait publié un communiqué samedi, disant qu' "un certain nombre de décisions à caractère humanitaire ont été prises. (...) Celles-ci ne font pas obstacle à l'application stricte de la Loi et de la réglementation relatives à la régularité du séjour des personnes en cause."