Indécences de Carlos Ghosn (et d'autres)

Le patron de Renault et de Nissan propose, non de renoncer, mais de différer une partie du salaire variable qu’il perçoit de Renault à hauteur de 430.000 euros environ, à condition que l’entreprise et les salariés acceptent certaines mesures.

Le montant en cause est indécent à tous égards, la démarche aussi.

Monsieur Ghosn gagne annuellement près de 13 millions d’euros au titre des fonctions qu’il exerce à la tête de Renault et de Nissan. Rien ne justifie de manière générique une rémunération de ce montant ; le cas de Monsieur Ghosn n’est pas assimilable à celui d’une star de cinéma, d’un grand artiste, d’un footballeur, Monsieur Ghosn (comme tous les grands patrons) n’est pas seul, le succès de l’entreprise qu’il dirige est également la résultante du travail, des efforts, de l’ingéniosité des cadres, des techniciens, des salariés.

Qu’un grand manager perçoive des rémunérations importantes liées aux performances et aux résultats, tout le monde peut être d’accord avec le principe mais il faut, comme pour toute chose, de la décence, de la mesure, notions qui ne sont pas chiffrables.

Si les 13 millions de revenus annuels sont distribués aux 370.000 salariés de Renault et Nissan, ceux-ci percevraient 3 euros par mois, ce n’est donc pas le sujet.

Le sujet, c’est juste qu’il n’est pas admissible qu’un homme seul perçoive 13 millions d’euros à la tête d’une entreprise quelle qu’elle soit, quel que soit son état, quels que soient ses résultats. C’est encore pire évidemment à la tête d’une entreprise qui demande à ses salariés qui eux gagnent peu de faire des efforts.

Mais plus grave encore, proposer dans ce contexte et sous conditions de différer 3% de sa plantureuse rémunération défie l’imagination.

La démarche, conditionnelle, assimilable à une forme de chantage est tout aussi inadmissible.

Mais l’indécence existe aussi en face lorsque les salariés, en particulier des syndicalistes cégétistes, adoptent des comportements violents, menaçants, consciemment illégaux. La grève est un droit et personne ne le discute, mais les non grévistes - les « jaunes » - ont le droit de travailler, les machines, les stocks, les bâtiments n’ont pas à être endommagés ou menacés d’explosion, d’incendie, de déprédations.

Il est tout simplement insupportable de voir chez Renault comme ailleurs, des salariés préparer à visage découvert des bonbonnes de gaz équipées de détonateurs, menacer de procéder à des pollutions volontaires, manifester violemment en dégradant des biens privés ou publics, en agressant les forces de l’ordre et une absence totale de réaction des pouvoirs publics.

L’indécence réside également au niveau de l’argumentation : un responsable syndical de Renault vient d’affirmer que l’entreprise était « riche » d’une trésorerie de 10 milliards d’euros et qu’il n’y avait dès lors aucune raison de solliciter des efforts de la part des salariés ; il omettait cependant de citer le montant de l’endettement, soit 25 milliards d’euros.

Il est de plus en plus difficile d’avoir dans ce pays une concertation sociale ou politique débouchant sur des solutions consensuelles et constructives.

C’est comme si l’invective, l’injure, l’outrance avaient pris le pas sur la réflexion, la discussion, le rapprochement raisonnable des points de vues, l’affrontement semble être désormais la règle commune et obligatoire.

Cela n’a rien à voir, mais aussi tout à voir, en Angleterre le mariage pour tous a été adopté par la Chambre des Communes au terme d’un débat au cours duquel tous les points de vues ont pu s’exprimer librement, de manière mesurée et ce, en une après-midi.

En France…

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