Le Conservatoire national des arts et métiers permet à 10 réfugiés et 10 jeunes de quartiers “prioritaires” de se former pendant six mois au métier de technicien informatique. Ce programme d’insertion professionnelle, qui commençait ce lundi, fait écho à une véritable demande des entreprises de la région.
Comment joindre l’utile à l’agréable ? Le Cnam semble bien avoir trouvé la réponse. Fort de son label de “grande école du numérique”, le Conservatoire national des arts et métiers aurhalpin a décidé de faire d’une pierre deux coups : répondre à la demande croissante des entreprises de la région en matière de cybersécurité en formant rapidement des techniciens compétents, et favoriser l’insertion professionnelle et sociale de vingt personnes en difficulté en leur ouvrant les portes de ladite formation grâce au financement de Michelin Développement.
Une grande variété de profils
Parmi ces stagiaires, dix sont des étrangers (originaires du Soudan, d’Afghanistan, d’Iran, de Syrie et du Niger) ayant trouvé refuge en France. Ils ont été sélectionnés par deux associations, Habitat & Humanisme et Forum Réfugiés. Les dix autres sont français et viennent de quartiers dits prioritaires (Vaulx-en-Velin, Oullins, la Duchère, Vénissieux, Corbas, Meyzieu, Saint-Fons, Francheville). Ils ont eu accès à ce programme via leur mission locale.
Sur l’ensemble des élèves, huit sont déjà formés en informatique, tandis que neuf sont en reconversion professionnelle. Les profils sont variés : un des réfugiés est diplômé d’une licence en relations internationales, tandis qu’un autre est diplômé (bac+4) en traduction anglaise. Parmi les jeunes Français, on dénombre une licence de psychologie et une autre en administration. Des domaines bien éloignés de l’informatique.
La diversité, “moteur” de la formation
Afin de motiver les stagiaires, l’apprentissage est orienté sur un “projet” et des “applications concrètes”. Au total, la formation s’étalera sur six mois, dont trois de formation au Cnam et trois de stage tuteuré en entreprise. Les élèves étrangers suivront également des cours additionnels de maîtrise de la langue française, tandis que les vingt stagiaires pourront se former aux techniques de recherche d’emploi.
Le point d’orgue de cet apprentissage, c’est la variété des profils. Devise latine du Cnam (Omnes docet ubique, “Il enseigne à tous et partout”) à l’appui, Olivier Marion, son directeur, souligne que cette “réelle diversité est un moteur d’implication et d’apprentissage”. Avec seulement deux femmes parmi les stagiaires, cette déclaration mériterait peut-être d’être nuancée.
Des compétences très recherchées
À l’issue de la formation, les élèves seront officiellement “technicien[s] de maintenance informatique et réseaux, spécialisation en cybersécurité des PME”. Leurs compétences : savoir “installer, entretenir et dépanner un parc d’équipements informatiques en réseau et concevoir un site Web”. Principalement axé sur la maintenance informatique, leur apprentissage sera également concentré sur la cybersécurité, les rendant capables d’assurer la “protection de systèmes d’information et la sécurisation des données”. Et ce pour répondre à la demande en hausse des entreprises.
Olivier Marion, le directeur du Cnam, est clair. Selon lui, il y a une “vraie demande de la part des entreprises”. Il fait état de nombreux "cas alarmants de vulnérabilité de certaines entreprises de la région”. Face à ces inquiétudes, le Cnam a décidé non seulement de mettre en place cette formation, mais également d’ouvrir aux entreprises des modules d’apprentissage de la cybersécurité.
“Tôt ou tard on aura besoin de nous”
Eddy est camerounais. Bac scientifique en poche, il est parti poursuivre ses études en Tunisie. Malheureusement, au terme de sa première année de BTS informatique, il a été contraint de quitter le pays, devenu trop instable. Grâce au programme de regroupement familial, il est alors arrivé en France. Au début, Eddy a galéré. Il a fini par décrocher son premier job, dans l’informatique, puis ses recherches l’ont mis sur le chemin du Cnam. Sa motivation, c’est de "protéger des structures et des particuliers contre des attaques extérieures”. La cybersécurité est “un métier d’avenir”, il en est convaincu. “Tôt ou tard, on aura besoin de nous”, affirme-t-il.