Leur initiative date d'il y a dix jours, le 8 juin.
Ils réclament la création d'une commission d'enquête parlementaire pour, d'ici novembre, " définir des propositions afin de lutter contre ces méthodes qui constituent une atteinte aux libertés individuelles sur le territoire national ".
En ligne de mire : la prohibition de ce que Gérin décrit comme une " tenue vestimentaire dégradante ". Extrait de la proposition de résolution rédigée par le député PCF :
" Nous sommes aujourd'hui confrontés, dans les quartiers de nos villes, au port par certaines femmes musulmanes de la burqa, voilant et enfermant intégralement le corps et la tête dans de véritables prisons ambulantes ou du niqab qui ne laisse apparaître que les yeux. "
Parmi la soixantaine de signataires, on compte trois communistes qui se sont rangés vers l'initiateur du texte, le député-maire de Vénissieux (Rhône), André Guérin. Mais aussi sept socialistes... et quarante-trois élus UMP.
Obama : " ne pas dire aux citoyens ce qu'ils peuvent porter "
Ce qui ressemble bien à une relance de " la guerre du voile " intervient quelques jours à peine après un revirement spectaculaire de Nicolas Sarkozy sur le dossier.
Durant la visite d'Obama en France, début juin, Nicolas Sarkozy a en effet salué le discours du président américain sur le libre port du voile, y compris en Occident. Lors de leur conférence de presse près des plages du débarquement, Obama glisse un tacle :
" J'estime que la liberté d'expression religieuse revêt une importance critique qui fait partie de notre traditionlibérale, en France aussi bien qu'aux Etats-Unis. (...) Nous, aux Etats-Unis, notre attitude est de ne pas dire aux citoyens ce qu'ils peuvent porter (...)
La façon la plus efficace d'intégrer toutes les personnes, toutes confessions confondues, ce n'est pas de les empêcher de porterleurs vêtements traditionnels ou autres. "
Dans la foulée, Sarkozy s'empresse de répliquer :
" En France, toute jeune fille qui veut porter le voile peut le faire. "
Avant de citer deux " exceptions " : " le guichet des administrations " et le cas de jeunes filles forcées de porter le voile par leur famille ou leur entourage. Pas un mot sur l'école.
Autre son de cloche chez Sarkozy en 2004
Une tiédeur qui a de quoi surprendre. En France, Sarkozy est justement l'une des personnalités politiques à être montées au front contre le voile. En avril 2003, lui qui était alors ministre de l'Intérieur et donc ministre des cultes s'était invité au congrès de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France, réputée fondamentaliste).
Quinze ans après les premières premières revendications en milieu scolaire, Nicolas Sarkozy avait concocté pour l'occasion un discours musclé qui avait eu pour effet de relancer le débat sur le voile. Lequel avait débouché, onze mois de polémique plus tard, sur le vote de la loi du 15 mars 2004 prohibant les signes religieux à l'école.
Dans ce discours volontiers provocateur prononcé devant l'UOIF, le locataire de la place Beauvau avait déclaré sous les sifflets qu'il n'était pas question que les femmes musulmanes revendiquent une loi différente afin de se faire photographier voilée sur une pièce d'identité.
Quinze ans et une élection présidentielle plus tard, le changement de ton de Nicolas Sarkozy au passage de Barack Obama est donc flagrant. Voilà qui contribue d'ailleurs à stimuler les parlementaires qui réclament une réponse vigoureuse à la burqa. Même si aucune statistique n'est là pour indiquer que le nombre de burqa a factuellement augmenté en France.
Rue89 a proposé à André Gérin d'expliciter ce qu'il présente comme un phénomène en inflation. Cet article sera mis à jour après la réponse du député.
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