Interpol : fiche d’identité

Au-delà du cliché de cinéma, à quoi sert et comment travaille Interpol ? Et avec quel budget ?

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Qu’est-ce qu’Interpol ?

Créée en 1923, Interpol est une organisation internationale composée de 190 États membres. Depuis 1989, celle que l’on surnomme la Vieille Dame a déplacé son siège à Lyon, au cœur de la Cité internationale.

Fin 2011, 673 personnes, de 98 nationalités différentes, étaient salariées d’Interpol, entre le secrétariat général (à Lyon) et les 7 bureaux régionaux dans le monde.

Immense base de données criminelles internationales, Interpol assure le relais entre les polices du monde entier. L’organisation propose des formations et des soutiens techniques pour lutter contre les crimes transfrontières. Elle met également en place un système de “notices”, des avis de recherche internationaux, comme avec l’évadé français Redoine Faïd en avril 2013.

Contrairement à certaines images véhiculées par Hollywood, notamment dans L’Enquête (2009, Clive Owen, Naomi Watts) ou Lord of War (2006, Nicolas Cage, Ethan Hawke), Interpol agit rarement sur le terrain, et ne reste qu’un appui ou un canal entre les polices nationales. Habilitée à enquêter sur tout type de crime international (drogue, cybercriminalité, terrorisme, corruption, blanchiment d’argent, etc.), Interpol s’interdit, dans une volonté de neutralité, de traiter les crimes politiques, religieux ou raciaux.

La commission de contrôle des fichiers d’Interpol

C’est l’organe de contrôle d’Interpol. Comme le CSA pour l’audiovisuel en France, il est théoriquement indépendant, même s’il fait partie de la juridiction interne de l’organisation.

“Nous avons trois grandes fonctions, explique Jean Frayssinet, l’un des cinq membres de la commission, professeur émérite à l’université d’Aix-Marseille. Nous donnons un avis sur les projets en matière de protection des données, nous jouons un rôle d’inspection technique et nous traitons les demandes individuelles.” Tout citoyen peut donc demander à Interpol l’application des règles en vigueur concernant les données personnelles.

“Interpol ne traite pas des infos relatives aux personnes quand il y a une dominante politique, raciale, religieuse ou militaire. Ça arrive très souvent qu’un individu soit recherché par Interpol dans son pays, puis qu’il nous explique qu’il est un opposant politique et non un criminel. Quand nous demandons l’effacement des données, dans la quasi-totalité des cas, le secrétariat général nous suit. Nous donnons un avis, qui est en fait une décision”, se félicite Jean Frayssinet. Pour autant, la commission ne contrôle que les fichiers d’Interpol. Elle n’est pas compétente en matière de financement ou d’éthique, comme avec Philip Morris. “On est là pour protéger les personnes. Ce n’est pas notre rôle de nous prononcer sur les conflits d’intérêts”, reconnaît Jean Frayssinet.

Une organisation internationale avec un budget limité

En 2011, devant les caméras de CNN – l’un des rares médias qui ait pu franchir les portes d’Interpol à Lyon –, l’Américain Ronald Noble déclare : “Nous voulons au moins 1 milliard de dollars par an, car le monde n’est pas sécurisé comme il devrait l’être.” Depuis son élection comme secrétaire général, en 2000, Ronald Noble a donné un nouveau souffle à l’organisation mondiale de police.

En 1999, Interpol présentait un budget de 21 millions d’euros. En 2012, avec près de 70 millions d’euros, l’organisme a plus que triplé sa capacité financière. Mais Interpol affiche toujours un budget très limité pour une organisation internationale. À titre de comparaison, l’Onu dispose de plus de 5 milliards de dollars en 2012-2013. L’OMS de près de 4 milliards de dollars. Le budget d’Interpol reste même inférieur à l’organisation régionale Europol, la police de l’Union européenne, qui a disposé d’une enveloppe de 84 millions d’euros en 2012 (financée à 99 % par les États membres).

Interpol se rend donc de plus en plus disponible pour des collaborations externes, notamment avec des multinationales américaines : Microsoft pour la cybercriminalité, la fondation Sloan pour le bioterrorisme, Philip Morris pour le trafic illégal de cigarettes. En 2011, les financements externes représentaient 13 % de son budget, les États assurant le reste des contributions. En 2012, la part externe est passée à 20,7 % du budget, en augmentation de 85 % sur un an !

Si les États-Unis, la France ou l’Allemagne se retrouvent parmi les plus grands contributeurs, difficile d’obtenir des chiffres précis. Malgré nos sollicitations, Interpol n’a communiqué ni le détail des contributions par pays ni le détail de ses dons privés.

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Cette “fiche d’identité” est extraite d’une enquête parue initialement dans Lyon Capitale-le mensuel n°723.

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