Intoxications à Megève et à Unieux

Focus. Ces deux municipalités rhônalpines subissent déjà les surcoûts engendrés par les produits toxiques. Les notes sont salées : 500 000 euros pour Megève, 800 000 euros pour Unieux.

Dans la station de ski la plus huppée de Haute-Savoie, un prêt toxique pèse sur les finances locales. Souscrit en juin 2007 et courant jusqu’en 2052, le prêt de 4 millions d’euros qui bénéficiait depuis quatre ans d’un taux d’intérêt de 4,39 % verra celui-ci passer à 16 % en 2012, générant 500 000 euros par an d’intérêts supplémentaires. De quoi affoler Sylviane Grosset-Janin (Divers droite), maire de la station, élue en 2008. “Indexé sur le taux de change entre l’euro et le franc suisse, ce prêt ne semblait pas inquiétant, mais, depuis la crise, les augmentations sont alarmantes, juge Mme Grosset-Janin. On fera tout pour ne pas payer. Il est hors de question de rester les bras croisés. Dexia nous a mal conseillés.” Si les responsables de la station se sont déjà rapprochés de l’association Acteurs publics contre les emprunts toxiques, afin d’analyser les recours en justice possibles, ils essaient également de trouver une solution auprès de la banque. Mais les pénalités pour remboursement anticipé représentent le double de la somme initiale. “Nous avons pu geler les taux d’intérêt à 5,5 % jusqu’à fin 2012, mais ce n’est qu’un sursis”, ajoute l’édile. Du coup, le village alpin a dû faire des choix, et de futurs investissements, notamment de voirie, vont être remis en cause.

Le maire d’Unieux attaque Dexia

Déjà surendettée, Unieux, une commune de 8 500 habitants dans la banlieue de Saint-Étienne, est au bord du gouffre. En avril dernier, elle a assigné en justice la banque franco-belge Dexia pour défaut de conseil. “Nous devrions verser 800 000 euros d’intérêts supplémentaires à Dexia, mais ce n’est pas possible. Nous n’avons pas de quoi payer ! s’emporte le maire, Christophe Faverjon (PCF). Cela représente le coût annuel de fonctionnement des écoles ou celui de 20 salaires du personnel communal.” Les deux emprunts structurés contractés en 2007 auprès de Dexia et de la Caisse d’épargne atteignent 6 millions d’euros, avec des taux d’intérêt qui ont grimpé de 3,68 % à 24,28 %. Selon Christophe Faverjon, la banque n’a pas rempli son rôle de conseil. Quant au maire de l’époque, il n’avait pas la capacité juridique de signer ces emprunts car le conseil municipal ne lui avait pas donné délégation. En pleine négociation avec les banques, le maire souhaiterait fixer un taux d’intérêt à 3,9 %. Mais les tractations sont âpres. Lors de la dernière rencontre, Dexia proposait de renégocier le prêt à la condition que la ville s’acquitte d’une pénalité de 7 millions d’euros pour un taux fixe à 5,5 %.

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